Il y a ce tiraillement parfois entre l’excitation d’une nouvelle découverte et la satisfaction de retourner à un endroit que l’on porte dans son cœur. Il est aussi question de temporalité et quoi d’autre que la ville de Venise pour en parler ? Car après tout ne dit-on pas voir Venise et mourir ?

Alors à titre d’exemple, c’est de mes rencontres avec l’Éternelle dont je vais vous parler. De cette familiarité que l’on ressent à chaque fois. Et de cette recherche de quelque chose de spécial, d’indicible, dans un lieu que l’on a déjà visité.

La première fois à Venise

Je m’y rends en hiver, moins de gens, un temps assez agréable pour la saison. J’évite ainsi cette histoire d’odeur due aux chaleurs de l’été dont je n’ai jamais eu à humer la véracité.

À chaque fois que je débarque, j’opte pour le train depuis l’aéroport. J’adore arriver « sur » l’eau en flottant au milieu de tout ce bleu. Et enfin retrouver le chemin au travers des petites rues le long des canaux. Ou celles étroites coincées entre deux hautes maisons aux couleurs imprégnantes. Ces ruelles succédant à des places où puits et tours se disputent l’apanage pour finalement se cogner aux églises aussi nombreuses que les arbres d’une forêt.

 Venise-train

Il existe une foule de logements divers avec des situations plus ou moins avantageuses. Je vous conseille les sestieri (quartiers) suivants : Cannaregio et Santa Croce.

Et le plus important, peu importe la durée de votre séjour, c’est une bonne paire de baskets, car vous allez marcher plus que vous ne le croyez.

Venise-place

Lors du premier séjour, nous étions restés 9 jours sur place. Le temps de visiter un quartier par jour, quelques îles proche et bien sûr d’en consacrer plusieurs au secteur de San Marco.

Nous avions à l’époque pu profiter de différents Pass : le Rolling Venice card, le Museum et le Chorus. Ici et ici, vous trouverez des explications claires sur les différentes possibilités qui peuvent coller à votre âge et vos goûts. Cela permet une sacrée économie et de visiter facilement les lieux les plus importants et les incontournables.

Venise-eglise

J’aime cette idée de goûter à l’atmosphère de chaque coin de Venise, de ne pas se précipiter. Cela évite l’overdose et permet un séjour plus détendu voire même «pratique».

Venise-rue

De plus, la fin d’année et son cortège de célébrations vous permettent d’admirer les décorations lumineuses, les multiples crèches au son des concerts d’orgue gratuits et déguster quelques spécialités qui ne font leur apparition qu’en cette période.

Venise-Eglise-creche

On retente la visite de Venise avec un angle différent

La seconde fois, décembre, seule et sans le sésame de la réduction, connaissant déjà les classiques et le reste, je décide d’y passer 11 jours.

J’en profite pour refaire certains petits plaisirs peu coûteux. Comme par exemple les vaporettos de nuit longeant les palais et demeures plus modestes. Ces bateaux avec pour seule distinction la quantité de lumière se reflétant sur leurs pieds aquatiques cachés dans l’eau froide.

Venise-canaux-illumination

Je fais un tour sur le Mercato di Rialto composé de 3 « marchés » : l’Erbaria, la Beccaria (halle aux viandes) et le Campo della Pescaria. Au milieu des étals remplis d’une couleur et d’une fraîcheur aussi pimpante et retentissante que l’agitation du lieu et les cris des marchands.

Venise-marché

Je m’amuse à refaire certaines photos prises lors du premier séjour pour voir l’évolution. Ou encore de retourner à la place (campo) San Barnaba devant l’église du même nom. Celle-ci a servi de lieu de tournage extérieur en tant que bibliothèque dans Indiana Jones et la Dernière Croisade.

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Que faire pour changer?

Pour me stimuler, je n’hésite pas à me mettre à la recherche du meilleur comptoir pour un bon chocolat chaud vénitien épais et onctueux. Je finirai par le trouver à l’extrémité du Castello.

Venise-chocolat

Je prendrais le temps de m’ennuyer, de faire les courses comme tout un chacun. Parce qu’aller chez le boucher avec la nonna du coin, ça a aussi de l’importance.

Ou encore de tomber dans une église dont le sacristain passe des heures durant des opéras avec une acoustique prenante. Ou de m’inscrire à la Biblioteca nazionale Marciana se trouvant sans surprise sur la place Saint-Marc. Et pourquoi ne pas apprécier l’architecture ainsi que la décoration de(puis) l’intérieur un livre à la main.

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Et marcher, le plus loin possible, frôler les contours de Venise, marcher… Se poser dans un jardin sur le banc d’un ancien cloître, anonymement, et prendre le temps.

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C’est rechercher les actions ou les moments qui nous font plaisir, un bonheur simple, sans pression, car on le temps. C’est juste vivre, tout simplement, mais ailleurs, essayer de disparaître, se fondre.

Également rencontrer, car plus on est là longtemps, plus on a des habitudes qui apparaissent. En retournant dans une pâtisserie-café dont je me souvenais avec émoi et appétit, j’ai eu l’occasion, en plus de déguster une part de Dolce della Casa, un petit gâteau aux pêches, de m’essayer à bien préparer un cappucino, surtout la mousse, avec le barista. C’était bien sûr une faveur exceptionnelle, mais ça reste un souvenir épatant dont je lui suis encore reconnaissante aussi bien pour sa patience que son amitié.

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Sentir le rapport au temps

Dans l’auberge de jeunesse cachée dans une ruelle, j’ai pu constater le rythme des occupants, certains restent le temps d’un long week-end et d’autres arrivent parfois en fin de soirée et repartent le lendemain dans l’après-midi se dépêchant d’aller au cœur de la cité. Je me suis rappelée qu’il y a un temps pour tout. Pour courir en avalant un endroit tout cru et pour juste s’imbriquer un moment dans la réalité d’un quotidien étranger.

Il y a plusieurs villes à travers le monde où j’ai eu la possibilité de vivre cette expérience de retour. J’ai cette impression de me sentir légère, plus intégrée, d’apprécier cette facilité et de vouloir me faire plaisir autrement qu’en me sentant le devoir du tourisme habituel.

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Si vous désirez en savoir plus sur Venise et ses alentours, n’hésitez pas à consulter ces articles.

Et vous quels sont vos coups de cœur, vos villes phares où vous aimez vous reperdre encore et encore?

Article rédigé par Stephanie Pasteels

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