Comme beaucoup, la Covid a tout changé dans nos plans. Elle nous a fait dérouter, bifurquer, on avait presque abandonné l’idée de pouvoir partir. Certes, la découverte de l’Alaska et du Yukon ne sera pas pour cet été mais, après réflexion, nous en sommes ravis. Car cet été, c’est chez nous que nous prenons la route. C’est un road trip sur la Côte-Nord que nous nous offrons. 

C’est la route des Baleines que nous explorons.

Celle qui mène au bout du boutte de la Basse-Côte-Nord, là où la route se termine : à Kégaska. Celle qui est encore peu connue, peu visitée, mais qui a tant à offrir. Celle des grands espaces, de la mer, de l’air pur, des forêts de conifères, de la taïga et des gens du pays. Celle de la démesure !

Prendre la route 138, c’est s’offrir la liberté, ce sentiment si précieux pour les amateurs de road trip. La route s’étire sur des kilomètres durant, des jours durant… Les paysages variés et les rivières à saumon agrémentent le décor et nous emportent sur un autre tempo, celui du temps qui s’écoule lentement, celui où il fait bon perdre la notion du temps. Une réalité à ne pas oublier pour bien se préparer, c’est que la Côte-Nord, c’est magnifique mais c’est loin ! Avec une superficie de 236 699 km2, elle est la deuxième plus grande région du Québec, raison pour laquelle nous recommandons idéalement un minimum de dix jours pour bien en profiter. 

Envie d’évasion et de majesté ? Suivez-nous sur la route 138 pour un road trip pas comme les autres au parfum d’embruns et d’épinettes, à la découverte de la célèbre route des Baleines, longeant les berges du fleuve Saint-Laurent, entre Tadoussac et Kégaska.  

Voici donc nos gros coups de coeur et nos petits coins secrets…

Nos gros coups de cœur

Essipit

Un arrêt s’impose à Essipit, une des huits communautés innues de la Côte-Nord. Dans leur langue, l’innuaimum, le terme Innu signifie « être humain ». C’est exactement le sentiment que nous avons éprouvé grâce à l’accueil et à l’hospitalité des résidents. La richesse de l’histoire et de la culture des Innus d’Essipit méritent largement une visite de ce coquet village situé au bord du fleuve. On y découvre, entre autres, des habitations traditionnelles, de superbes sculptures, des sentiers de randonnée sur les rochers époustouflants et un artisanat magnifiquement travaillé. Pour les amateurs de pêche et de chasse, Essipit saura répondre à toutes vos envies.

Les Bergeronnes

Incontestablement, si nous avons un endroit à vous référer en matière d’hébergement et d’expérience unique, c’est à Mer et monde – Écotours qu’il vous faut réserver, dans la municipalité des Bergeronnes. Nous avons délaissé pour une nuit notre van pour s’offrir le luxe de dormir sous la tente au-dessus des baleines. Les entendre reprendre leur souffle et les voir émerger à nos pieds. UNIQUE!

Mer et Monde – Écotours offre deux activités permettant l’exploration du fleuve et l’observation de ses habitants, le kayak de mer et la planche à pagaie.

Nous avons eu la chance d’inaugurer le premier jour de la saison de planche à pagaie à Tadoussac. Un pur plaisir que de naviguer en silence, dans la baie de Tadoussac, sur les eaux du fleuve Saint-Laurent. Pouvoir admirer à travers la limpidité des eaux, des étoiles de mer polaires, des oursins, des phoques et des baleines au loin. 

Baie-Comeau

Seconde ville la plus peuplée de la Côte-Nord, Baie-Comeau nous a agréablement surpris. Une fois l’artère principale et très commerciale passée sur la 138, on entre dans le « vieux » Baie-Comeau. On apprécie l’ambiance de villégiature qui y règne et on découvre un charmant centre-ville. La promenade des Pionniers qui longe le fleuve présente des œuvres d’art originales à partir de popsicles géants.  

Il fait bon flâner sur la place de la Salle, sur le boulevard du même nom et s’arrêter siroter une bière à la microbrasserie locale, la St-Pancrace.

Un lieu, parait-il, qu’il faut aussi visiter est le Jardin des Glaciers dont nous n’avons pu malheureusement qu’admirer la façade, Covid-19 oblige !

Rivière-au-Tonnerre

Voilà pour nous la porte d’entrée dans la Côte-Nord plus sauvage où le sentiment de liberté nous envahit, où la nature appartient à tous. Rivière-au-Tonnerre, c’est tout petit, mais c’est si beau. En son centre trône l’église du village bâtie par 300 bénévoles, dont l’intérieur blanc et bleu poudre étonne et épate par sa beauté. 

Le long de la 138, non loin de l’église, faites une petite pause gourmande à la Maison de la Chicoutai afin d’en apprendre davantage sur ce petit fruit orange méconnu, ressemblant à une mûre. On la récolte à la main, avant d’en faire du coulis, de la confiture, du beurre, de la tisane et bien d’autres choses. Délicieux !

Et surtout… les plages de Rivière-au-Tonnerre sont sublimes.

Longue-Pointe-de-Mingan

La Côte-Nord se classe indiscutablement parmi les meilleurs endroits pour observer la faune maritime en général et les baleines, plus particulièrement, à bord d’un bateau de croisière, d’un zodiac ou pour les plus téméraires d’un kayak de mer. Perso, nous avons opté pour la proximité en sécurité et avons fait une croisière à bord d’un des bateaux de la Famille Loiselle, le Macareux, pour aller visiter l’archipel de Mingan et en chemin observer les baleines et les loups marins. L’excursion dure environ trois heures trente et fait un arrêt sur l’île Nue et sur l’île aux Perroquets. 

L’archipel de Mingan est composé d’une trentaine d’îles calcaires témoin d’une flore riche et étonnante, avec d’innombrables oiseaux marins, dont les mignonets macareux, et de jolis phares sur certaines. Préparez vos appareils photo et habillez-vous chaudement.

Baie-Johan-Beetz

Prenez le temps de faire une pause dans ce pittoresque petit village de pêcheurs. Un moment de bonheur assuré.

Natashquan

Le nom en lui-même fait rêver… si intimement lié à un de nos plus grands chanteurs du Québec, monsieur Gilles Vigneault. Mais Natashquan, c’est plus que le petit musée dédié à l’artiste né dans ce village. Ce sont de sublimes et immenses plages de sable blanc ; c’est la chaleur des eaux, le décor de carte postale de cette région, mais également les galets de Natashquan.  

Ces derniers rassemblent de nos jours une dizaine de bâtiments, anciens magasins, qui servaient à entreposer les agrès de pêche, l’huile de loup marin et différents articles liés à cette industrie d’antan.

Manic-5

Et pour finir… sur le chemin du retour, direction la 389 en direction de Manic-5. Que vous soyez néophites comme nous en matière d’hydroélecticité ou ferrus des barrages électriques, la visite du site vaut le détour !

Le moment où on arrive devant Manic-5 est un wow assuré, accompagné d’un petit frisson… Le barrage est impressionnant par son architecture. Il s’agit du plus gros barrage à voûtes multiples et à contreforts au monde. Le centre d’interprétation est aussi riche en informations et en anecdotes.

Nos petits coins secrets

Magpie

Un trésor bien caché à l’abri de la 138… car c’est le secret pour savourer la Côte-Nord, il faut oser quitter la route pour découvrir ses petits villages. Nous sommes tombés en amour avec Magpie. Une carte postale, un joli village niché au creux d’une baie, bercé au son des vagues et vivant au gré des marées. Magpie fut le plus important port de pêche à la morue au début du 20e siècle dans le secteur. Au creux du havre, qui abritait autrefois de nombreux bateaux, se trouve maintenant un belvédère sur le flanc rocheux, un endroit idéal pour observer les baleines.

Le ruisseau rouge – Havre Saint-Pierre

Il faut parler aux gens du coin pour découvrir les trésors non indiqués, ou si peu, qui sauront vous émerveiller, tel le ruisseau rouge du Cap Ferré. Le long de la 138, un peu après Havre Saint-Pierre, surveillez ce panneau entre les bornes 1232 et 1234 et allez jusqu’au bout !

Le parc du Brion – Kégaska

Le parc du Brion est encore un trésor méconnu de la Côte-Nord. Vous pourrez y découvrir l’épave du Brion, ce grand cargo en provenance des îles de la Madeleine frappa un écueil et coula près du village en 1976. Par chance, on ne dénombra aucun disparu. L’épave témoigne encore de l’incident.

Le jardin de Jean-Pier Synnott – Sept-Îles

Excentré, sans nom attitré et situé dans un quartier de maisons mobiles, un des plus grands du Québec dans le secteur Ferland, au bout de la rue des Grands-Ducs, on trouve le parc où Jean-Pier Synnott a laissé libre cours à son imagination, où l’art s’unit avec la forêt. Il faut emprunter un chemin dans le sentier de la Nature et quelques dizaines de mètres plus loin, on tombe sur d’étranges sculptures de métal. Jean-Pier Synnott, artiste soudeur à ses heures, nous invite gratuitement dans un univers d’œuvres artistiques très originales. On entre dans un monde féerique et métallique, presque épeurant, dans un autre monde, celui de l’imaginaire de l’artiste, assurément unique !

La baie St-Pancrace – Baie-Comeau

Le fjard (et il n’y a ici aucune coquille) de la baie St-Pancrace. Un fjard est un grand espace d’eau ouvert entre des groupes d’îles. 

Un belvédère, à quelques kilomètres de Baie-Comeau en direction de Sept-Îles, donne une vue spectaculaire sur le fleuve Saint-Laurent et sur le fjard. On raconte que cette baie était prisée par les contrebandiers à l’époque de la prohibition de l’alcool dans les années 30. D’ailleurs, pour la petite histoire, outre la beauté du lieu, la Microbrasserie St-Pancrace aurait tiré son nom de la légende.

Les Ilets-Jérémie

Tout comme pour Magpie, nous avons quitté la route principale pour dénicher ce petit trésor de village et découvrir un site de pèlerinage de la communauté innue et un ancien cimetière montagnais.

L’église, construite en 1735, témoigne du patrimoine et de l’histoire commune du Québec et des Innus, anciennement nommés les Montagnais. Prenez le temps de vous rendre jusqu’au belvédère, la vue sur le fleuve est magnifique.

Longue-Rive

Sur la Côte-Nord, le meilleur moyen de trouver des merveilles est de parler aux gens. Ce sont eux qui ont fait la richesse de notre road trip et on leur dit encore merci.

C’est donc grâce à notre guide, venant de Longue-Rive, lors de la visite de Manic-5, que nous avons pu profiter de ce petit coin idyllique. Celui-ci nous assurait que nous adorerions son petit village et il avait raison. Le parc de la chute de la rivière du Sault au Mouton est bien connu des locaux et les jeunes s’y pressent pour se rafraichir l’été dans les eaux fraiches et limpides de la rivière.

La Côte-Nord, c’est immense, sauvage et fascinant. C’est la nature, le fleuve tout au long de votre voyage et surtout des gens chaleureux au cœur immense à l’image de cette belle région.

Tourisme Côte-Nord : https://tourismecote-nord.com

Article rédigé par Deux Québécois autour du monde

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