« On ne saurait aller chercher trop loin le plaisir de rentrer chez soi ».

Paul Morand

Pendant les belles années de la vingtaine, insouciants et avides de découvrir le monde, nous avons souvent tendance à penser que cela durera toujours. Cette fureur de vivre est, dans ces moments-là, plus forte que tout. Pourtant, avec le temps, les voyages nous font aussi mûrir et penser à ce que nous aimerions accomplir dans nos vies. Dans cette optique, partir s’avère même nécessaire. Cela nous aide à grandir et à y voir plus clair. Pour autant, il ne faut pas penser que l’on ne voyagera plus jamais. On voyagera juste avec peut-être moins de régularité, mais toujours autant de passion.

Je ne pensais pas un jour devoir dire « au revoir » au voyage. Cette passion qui nous anime avec tant d’entrain et qui nous fait vivre. Mais en toute honnêteté, on se rend compte qu’on est lassés d’être en vadrouille. Après des années à sillonner les quatre coins du monde, je me suis aperçue que j’avais envie de rentrer à la maison pour une durée indéterminée. Dans mon cas, je souhaite construire quelque chose, travailler un peu pour poursuivre le voyage plus tard, même si je dois m’arrêter pour un certain temps. L’idée est de ne pas dire « adieu » au voyage mais plutôt, « à bientôt ».

Rentrer chez soi ne signifie pas que l’on ne reste pas nomade dans l’âme. Peut-être a-t-on juste envie de relever des défis et accomplir des projets personnels. Dans mon cas, depuis plusieurs années, et ce, même lorsque je voyageais, je rêvais de créer mon école de yoga. Ce rêve n’a jamais tari. Alors après mon ultime voyage de quatre mois, je semble bien décidée à me lancer. Je suis consciente que pendant quelque temps, je ne serai pas en mesure de voyager. Cette « pause » est bénéfique. En voyageant, on apprend à se connaître et à savoir ce que l’on veut vraiment. D’où la nécessité de rentrer, même si parfois on n’en a pas vraiment envie…

Avec le temps, il se peut que l’on devienne quelque peu fatigué et lassé de voyager. Le fait de cesser nos échappées belles pour une durée indéterminée peut avoir l’avantage de nous faire apprécier de nouveau le voyage après un temps de « pause ». Pendant le laps de temps où l’on est à la maison, on en profite pour faire des choses pour soi et rester en famille. Si, avec le temps, l’appel de la route se fait plus fort que tout, c’est qu’il faut repartir. Mais laissez-vous le temps d’y penser après avoir accompli des choses chez vous. C’est d’autant plus gratifiant de voyager en sachant que quelque chose nous anime autant que le voyage en rentrant à la maison…

Voyager est souvent pour échapper à quelque chose, une réalité qui ne nous convient pas nécessairement. Pendant longtemps, j’étais pour ma part persuadée que le bonheur était ailleurs, le plus loin possible. Mais la réalité c’est que le bonheur n’est nulle part. Le bonheur c’est ce qui est au fond de nous. Que l’on soit à Paris, à Montréal, à Hawaii ou à Java, le bonheur est partout. C’est un état d’esprit, certainement pas des circonstances extérieures inhérentes au voyage. Si on continue de penser de la sorte, rentrer chez nous sera bien plus aisé. On peut revenir à la maison avec le cœur léger sans prétendue « réalité à affronter ». À bon entendeur… 🙂

Petits conseils pour les nomades qui doivent rester à la maison pour un temps :

  • En profiter pour découvrir son propre pays. On s’aperçoit que parfois on va à l’autre bout du monde alors qu’il existe de petites merveilles pas loin de chez nous.
  •  Regarder ses photos de voyage de temps en temps et trouver satisfaction par rapport à tout ce que l’on a déjà accompli. Mieux : en imprimer pour les mettre aux quatre coins de la maison et se remémorer les beaux souvenirs.
  • Garder le contact avec ses amis de voyage, les inviter…
  • Regarder des reportages et lire sur le voyage pour garder cette passion qui nous anime tant. Cela peut paraître frustrant, certes mais continue de nous faire rêver.

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