Voyager et vivre à l’étranger, ça fait rêver. Tout le monde en parle, tout le monde le fait… c’est presque devenu une tendance. C’est en quelque sorte le rêve américain de la nouvelle génération, un idéal convoité par plusieurs.

Car vivre ailleurs c’est magnifique, c’est fantastique, c’est magique… du moins c’est ce que les médias sociaux nous disent. Tout le monde veut partir loin, vivre de nouvelles aventures, décrocher de la routine, découvrir de nouveaux horizons… car c’est ça la vraie vie, le vrai bonheur, n’est-ce pas? Il n’y a qu’à regarder tous ces blogues ou comptes Instagram et on a soudain l’étrange impression que notre génération en entier est sur la route et qu’ils nous ont laissé derrière.

Et puis on nous submerge de dictons tels que « Rester c’est exister, voyager c’est vivre » ou bien « Le voyage est un retour ver l’essentiel » et on se sent presque coupable de ne pas être en train de donner des cours de surf sur une plage des Philippines ou de ne pas être en train de traverser le continent à vélo. On se demande, et moi? Qu’est-ce que je fais encore ici? La réponse n’est peut-être pas si compliquée. La vie sur la route, la vie ailleurs… ce n’est pas pour tout le monde.

Loin de moi l’idée d’essayer de vous convaincre que voyager n’est pas l’une des plus belles choses qui me soit arrivée. Voyager c’est se sentir libre, c’est vivre l’instant présent, c’est se sentir vivant.

Toutefois, voyager est une chose, vivre à l’étranger en est une autre.

Vivre ailleurs, c’est aussi s’éloigner de ceux qu’on aime, c’est rencontrer des gens merveilleux et devoir leur dire adieu, c’est survivre à des amours passionnels mais pourtant impossibles, c’est voir ses amis avoir des enfants et ne pas pouvoir être présent, c’est se retrouver en tête à tête avec soi-même pour le réveillon… c’est être absent à tant de moments importants.

Vivre ailleurs, c’est se refaire, c’est réapprendre à vivre, c’est tout reconstruire. Difficile de reconstruire ce que nous avons mis 20 ou 30 ans à construire me direz-vous? Effectivement, très difficile. De là la nécessité de bien y réfléchir avant de se lancer dans cette vie d’expatrié. Vivre ailleurs, c’est un choix de vie qui comporte des hauts et des bas… peut-être que la différence avec la vie ici c’est que tout est amplifié.. les hauts sont plus hauts et les bas sont plus bas. Êtes-vous prêt à embarquer dans ce manège?

Moi je l’étais. Je le suis encore en quelque sorte. Mais ma vie d’avant me manque parfois. Les 5 à 7 entre amis, les petit-déjeuners en famille, la féérie du temps des fêtes, les chansons qu’on entend des millions de fois à la radio, la poutine à 3h du matin, les staff party…tout ça me manque. Les montagnes russes c’est bien, mais peut-on vivre toute sa vie de manière aussi intense? Sans doute que oui. Pour ma part, un petit tour de carrousel ne me ferait pas de tord. Peut-on créer des amitiés réelles et durables pendant un tour de montagne russe?! Probable. Mais entre les hauts et les bas et les cris et les pleurs, il peut parfois être difficile de réellement s’accrocher et créer des liens qui perdureront dans le temps. Si ce n’est la faute du temps, ce sera de l’espace. Car oui, il y a trop d’espace et trop peu de temps.

Alors oui… il faut voyager, il faut ouvrir nos cœurs, nos âmes et nos esprits à ce qui nous est étranger. Mais n’hésitons pas non plus à suivre notre cœur s’il nous dit que l’heure de rentrer est arrivée. Parfois, il faut revenir pour mieux repartir!

Article rédigé par Josée Roy

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