« L’expérience de chacun est le trésor de tous. » [Gérard de Nerval]

C’est pour préserver les pépites culturelles de l’Équateur que j’ai choisi de vivre un voyage responsable en accord avec la culture locale et les enjeux de développement durable.

Cette forme de tourisme, inscrite sur le plan des Nations Unies en 2017 est basée sur trois dimensions -équitable, responsable, solidaire- rappelées par Cécilia Foissard dans son Plaidoyer pour un tourisme durable.
Elles sont aussi le credo de plus en plus d’agences qui proposent des voyages alternatifs, au contact privilégié des autochtones. Une relation de confiance, basée sur le long terme, se crée et le touriste est un peu moins cet étranger fraîchement débarqué avec son appareil photos. En participant aux tâches quotidiennes ou en s’investissant dans des projets extraordinaires (du fait de sa présence), il partage des moments authentiques et privilégiés avec ses hôtes.

La présence d’une structure intermédiaire aura été un véritable atout pour aborder les Équatoriens qui, à la différence des populations voisines, sont plutôt réservés et observateurs.

Pendant une semaine, en petit groupe de voyageurs, nous partageons le quotidien de 27 femmes de la communauté Kichwa de Bacpancel située dans la Cordillère des Andes. Regroupées en association locale, elles sont à la fois chef.f.e.s de famille, agricultrices et artisanes. Des Wonder Women discrètes qui s’interrogent : « En quoi notre quotidien est-il intéressant à vos yeux (d’) étrangers ? ». Mesdames, il rappelle à l’individualisme européen croissant, à cette tendance au chacun pour/chez soi, une solidarité qui fait du bien !

Quelle activité de plus symbolique pour tisser un lien entre des individus que le tressage de la fibre végétale et la confection d’objets artisanaux. Une matinée n’est pas de trop pour réaliser ce chapeau miniature en porte-clé quand mes homologues féminines en fabriquent une douzaine dans le même temps ! Les produits sont vendus directement dans leur petite boutique, sur la place du village, ou sur les marchés de Cuenca, ville qui fournit le gros de la production des panamas.

Le partenariat établi entre l’agence et cette communauté a permis l’achat d’une machine industrielle qui donne sa forme caractéristique au célèbre chapeau. Le rendement a ainsi augmenté et le coût diminué en évitant aux femmes de se rendre en ville et payer pour cette étape du processus.

À flanc de montagne, on profite du savoir ancestral en botanique de notre guide locale avant de contribuer à la « minga » : travail collaboratif autour duquel se réunissent les membres désignés d’une communauté pour un résultat qui profite à tous. Refuser d’y prendre part, c’est risquer de ternir sa réputation, voire même risquer une amende ! C’est donc sous la menace d’un coup de pelle (rire) que nous œuvrons au projet de construction d’un hostal qui accueillera les futurs touristes. On bêche le terrain vague pour former un monticule de terre auquel des femmes ajoutent la fibre végétale pendant que d’autres l’inondent d’eau et pataugent joyeusement dans ce bain de boue qui n’est autre que la brique en devenir !

Ici, pas de diplôme en génie civil pour faire sortir de terre une habitation, mais un bel effort collectif, récompensé par une pause déjeuner, façon « pampa mesa » i.e. « à la bonne franquette » où chacun ramène de quoi manger. La nappe est étendue à même le sol et les aliments y sont directement entassés -riz, pommes de terre, légumineuses, œufs, fromage frais, cochon d’inde cuit à la broche (met très prisé des Équatoriens).
Rangez l’argenterie, on déguste avec les doigts ! Là où, d’ordinaire, les repas se prennent dans un silence religieux, les langues se délient pour raconter les ragots de la veille !

Les après-midis sont consacrées aux activités socio-éducatives auprès des jeunes du village qui participent bien souvent aux travaux agricoles, ménagers ou de prise en charge de leur fratrie. La venue des touristes réveille alors leurs âmes d’enfants, leur créativité et leur énergie inépuisable à courir, jouer au ballon, etc. Cette innocence retrouvée et exprimée pendant les pauses récréatives est, là encore, le fruit de cette relation durable instaurée avec l’agence.

Après cette semaine en immersion, le voyage se poursuit à travers le relief montagneux ou tropical, à dormir dans des auberges tenues par des locaux (aux normes de construction et d’isolation…différentes de chez nous !), à cuisiner des plats typiques, à la rencontre des autres communautés Shuars et Incas.

Autant de découvertes qui pourraient faire l’objet d’un second article ou piquer votre curiosité et vous inviter à rêver à vos prochaines vacances !

Article rédigé par Elodie Bartier

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