« Participez à l’amélioration des conditions des populations locales ». « Voyagez utile ». « Aidez votre prochain dans le besoin ». Vous avez sûrement déjà lu ces phrases dans des catalogues de voyages ou lors de salons de vacances.

Il s’agit de ce que certains appellent le tourisme humanitaire, défini comme étant une forme de tourisme alternatif qui consiste à mettre à profit ses compétences auprès d’une population dite défavorisée lors d’un séjour touristique, et ainsi découvrir un pays, une culture autrement (RTBF, Belgique).

Les préoccupations sociales et environnementales sont de plus en plus centrales dans le secteur touristique, certaines agences de voyages et organismes n’hésitent pas à surfer sur cette vague pour proposer ce genre de séjours alternatifs. Lorsque vous ouvrez leur catalogue, il est possible de partir construire une école au Guatemala pendant un mois, donner des cours d’anglais dans un village en Afrique du Sud le temps de deux semaines ou encore apporter des soins dans un orphelinat au Cambodge. Voyager à l’autre bout du monde tout en donnant un petit coup de main, cela fait rêver ! Le tout pour un minimum de 1.300€ la semaine (hors vol), incluant l’hébergement avec d’autres volontaires ou en famille, les assurances nécessaires et les frais de gestion et d’organisation.

Mais ce conte de fée suscite bien des réactions de la part de spécialistes ou de voyageurs. Il faut dans un premier temps clarifier la définition de la notion d’humanitaire, utilisée dans les situations d’urgence (catastrophes naturelles, famines, sécheresses etc.). Il va de soi que dans ce contexte-ci, elle n’est pas appropriée. Dès lors, l’humanitaire est réservé aux professionnels, préparés et formés au préalable, afin qu’ils puissent agir concrètement et rapidement sur place. Or, comme le mentionne Emma partie au Guatemala alors qu’elle n’avait que 18 ans, aucune formation n’est prévue ni qualification requise.

Durant le weekend, nous étions censés avoir des informations sur le volontariat mais on n’a rien eu. Nous avons simplement reçu des documents par mail.

Sur place, les bénévoles internationaux se succèdent toutes les deux ou trois semaines, satisfaits du temps qu’ils ont pu consacrer à un projet social ou environnemental. Finalement, nous pouvons nous permettre de soulever quelques questions. À quoi sert l’argent que vous payez ? Faut-il dépenser de l’argent pour être bénévole ?  Quel est l’impact réel de cette forme de volontariat ? À l’instar d’Emma, certains jeunes rentrent déçus, déçus de ne pas avoir pu apporter l’aide escomptée.

Je pense que comme tout projet de volontariat, quand tu as cet âge-là et que tu n’as aucune compétence spécifique, c’est une petite aide certes, mais ce n’est pas ma présence qui a changé les choses. Tant que c’est du volontariat comme ça sans compétences particulières, ce n’est pas une présence qui fait toute la différence.

Le marketing et la commercialisation des « bons sentiments » sont en marche. Certains parlent même de voyeurisme, tant les agences de voyages et autres organismes transforment la misère en attraction touristique, sans tenir compte des besoins des populations locales.

Mais alors, que faire ? Peut-on associer le tourisme à ces « bons sentiments » ? Bien sûr ! Il existe quelques pistes pour voyager aux quatre coins du monde, dans le respect des populations hôtes et en soutenant des projets locaux. Tout d’abord, au lieu de passer par des institutions internationales qui font du volontariat un véritable business, sachez que des associations proposent également cette forme de séjour, alliant volontariat et tourisme, mais d’un point de vue éthique nettement plus correct. Par ailleurs, ces associations insistent non pas sur l’aide à proprement parler que vous aller apporter mais plutôt sur l’échange culturel, le partage : vous allez donner de votre temps, mais allez recevoir tout autant en retour.

Ensuite, il y a ce que nous appelons le tourisme solidaire. Il s’agit d’une forme de tourisme durable, axée sur la rencontre, le partage, l’échange ; le voyageur vit au cœur-même d’une communauté et participe à la vie quotidienne des habitants. En plus de vivre une expérience unique, il a l’occasion de verser une partie du prix de son voyage à un projet de cette communauté, entièrement porté et géré par la population. Ici aussi, de nombreuses associations proposent cette forme de séjour, n’hésitez pas à vous renseigner !

Vous aimez voyager et vous avez le cœur sur la main ? Surtout gardez cette qualité ! Mais pensez à l’impact qu’aura votre présence, pensez à ce que vous laisserez sur place.

Article rédigé par Cynthia Massin

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