Contrairement à la cuisine thaïlandaise ou vietnamienne, la cuisine indonésienne est peu connue et les restaurants de nourriture occidentale foisonnant dans tous les lieux touristiques du pays, rares sont les voyageurs qui la connaissent bien. Je n’ai pas la prétention d’être une experte, mais après plus d’une dizaine de voyages à travers une multitude d’îles indonésiennes à essayer des centaines de plats, je crois en connaitre plus que bien des voyageurs! Toutefois, l’Indonésie étant un archipel de plus de 17 000 îles, il est impossible de résumer la variété de nourriture qu’elle offre en un seul article. Ici, je vous introduirai donc à des classiques que l’on retrouve dans tout l’archipel plutôt qu’à des spécialités régionales. Si vous prévoyez voyager en Indonésie, conservez précieusement ces conseils qui vous permettront de faire de belles découvertes culinaires.

Mie goreng / Nasi goreng : Le classique des classiques, les nouilles (mi) et le riz (nasi) frits (goreng) se retrouvent partout en Indonésie, autant pour le déjeuner et le dîner que le souper. C’est une valeur sûre et souvent ce qu’il y a de plus abordable, mais ce n’est pas une raison pour ne s’en tenir qu’à ces deux mets nationaux, ce qui est malheureusement le cas de bien des voyageurs. Si vous le faites, amusez-vous au moins à ajouter un peu de sambal (sauce aux piments), toujours un peu différent d’un endroit à l’autre.

Nasi campur: Un autre classique moins connu des touristes est le nasi campur, littéralement riz mélangé. En fait, cela pourrait presque être traduit par menu du jour. En effet, ce plat est constitué d’une portion de riz blanc à laquelle on ajoute 4-5 petites portions de légumes, viande ou poisson. En général, vous pouvez choisir ce qui accompagnera votre riz en pointant tout simplement ce qui se trouve dans la vitrine du restaurant, ou plutôt warung (petit restaurant local). Ces restaurants sont surtout fréquentés le midi, mais sont généralement ouverts jusqu’à épuisement des stocks. Tout est cuisiné le matin et disposé dans la vitrine du restaurant, température pièce. Je n’ai jamais été malade dans un tel restaurant, mais si vous pensez que l’endroit n’est pas très fréquenté, vous pouvez vous en tenir à de la nourriture végétarienne, moins risquée. Personnellement, j’ai un faible pour les restaurants masakan Padang où l’on sert de la nourriture de Padang, généralement un peu plus relevée et réputée dans toute l’Indonésie. Les nasi campur étant toujours différents, vous pourriez ne manger que ça et ne jamais manger deux fois le même plat alors ne vous limitez pas à un essai.

Bakso : Il est impossible de passer une journée sans croiser un vendeur de bakso, qui est en fait le nom que l’on donne aux petites boulettes de viande et aussi le nom que porte la soupe la plus populaire d’Indonésie. Le mi bakso vous sera normalement servi sans bouillon, avec des nouilles, alors que le kuah bakso est servi en soupe. Vous pouvez le déguster des marchands de rue ou encore de restaurants dignes de ce nom. Certains restaurants sont même munis d’un bar à bakso où l’on peut choisir les différentes sortes de boulettes qui composeront notre repas, ce qui ajoute au plaisir!

Siomay / Pempek: Proche de la texture des bakso, on retrouve les siomay. Ces boulettes sont le plus souvent à base de poisson et s’apparentent aux dumplings chinois. Elles sont généralement servies bouillies, accompagnées de sauce aux arachides, mais on les retrouve également dans certains restaurants de bakso. Très similaires aux siomay,  il y a aussi les pempek. Par contre, ces derniers sont plutôt servis avec une sauce vinaigrée, sucrée et relevée qui se nomme cuko et qui est bien différente de la sauce aux arachides. Si vous aimez les dumplings, vous aimerez assurément les pempek de Sumatra, populaires dans tout l’archipel.

Gado gado / Nasi pecel: Le gado gado est un plat équilibré et délicieux que l’on retrouve partout. Il s’agit de légumes cuits à la vapeur (verdure, carottes, pommes de terre, fèves germées, etc.) accompagnés d’un œuf, de tofu et/ou tempeh et parfois de lontong, soit du riz compact qui a préalablement été cuit de longues heures dans une feuille de bananier. Le tout est garni de sauce aux arachides, plus ou moins relevée selon l’endroit, et de krupuk, craquelins croustillants disponibles dans tous les restaurants indonésiens et qui accompagnent en fait presque tous les plats. Le nasi pecel est un plat similaire, mais qui est à base de riz plutôt que de légumes et dont la sauce est souvent un peu plus parfumée. S’il n’y a pas de gado gado où vous vous arrêtez, n’hésitez pas à demander un nasi pecel, plus consistant mais tout aussi savoureux.

Nangka (jaquier) / Gudeg : Si vous êtes familier avec les pays tropicaux, vous connaissez peut-être le jaquier, cet énorme fruit qui ressemble au durian, mais sans l’odeur. En Indonésie, on apprécie le jaquier en fruit, mais aussi, voire surtout, en légume, c’est-à-dire non mûr, comme la papaye versus la papaye verte. Celui-ci peut alors se retrouver dans les currys indonésiens, notamment disponibles un peu partout dans les restaurants masakan Padang. Le nangka se retrouve aussi dans un plat emblématique de Yogyakarta, le gudeg, qui est un mijoté de jaquier généralement servi avec du riz, un œuf à la texture dense car cuit très longtemps, du sambal krekek (sauce piquante avec peau de buffle), puis du tempeh, tofu ou poulet selon votre préférence. Le tout est nappé d’une sauce plutôt sucrée à base de coco et de feuilles de teck. C’est un repas délicieux, mais plutôt sucré, sachez-le.

Rendang: Le rendang est un mélange d’épices qui forme une pâte dans laquelle on fait mijoter du bœuf, la plupart du temps. Par contre, cette pâte typiquement indonésienne à base de galanga, gingembre, curcuma, citronnelle, piment etc. peut s’agencer avec de nombreux autres aliments dont le porc ou le poulet, voire même le jaquier où les champignons, comme on les sert au fameux restaurant Jejamuran de Yogyakarta. On trouve également de la pâte rendang dans les épiceries asiatiques montréalaises alors c’est à essayer si vous voulez un aperçu de la cuisine indonésienne à la maison.

Martabak: Ceci est une version indonésienne de crêpes comme on en retrouve dans de nombreux pays d’Asie et du Moyen-Orient. Il est impossible de voyager en Indonésie sans croiser quelques vendeurs de ces crêpes dont il y a une version plutôt épaisse et sucrée, et aussi une version fine et croustillante farcie aux oeufs. En général, les marchands vendent diverses versions et vous aurez à choisir entre telur (œuf), coklat (chocolat), ou toute autre fantaisie populaire dans la région visitée. Pour un petit goût de la maison en Asie et pour un repas sans riz, le martabak est tout indiqué.

Les desserts: Je l’avoue, je suis une fan des desserts asiatiques. Évidemment, les fruits exotiques sont toujours une bonne option, mais les marchés ou parcs centraux regorgent de trésors auxquels vous devez succomber. D’abord, très accessibles et faciles à trouver dans tout l’archipel, il y a les dadar gulung qui sont de petites crêpes vertes parfumées à la feuille de pandan et farcies de noix de coco et de sucre de canne. Un vrai régal. Similaires, il y a également les kelepon, aussi appelés onde onde, qui ressemblent à des minis mochis japonais, mais farcis de sucre de canne et garnis de noix de coco. C’est gluant et ça explose dans la bouche, un vrai plaisir à manger!

Finalement, dans la catégorie des desserts plutôt liquides, il y a les rafraîchissants es campur qui consistent en un mélange de fruits, agar-agar (gélatine) de toutes les formes et couleurs, de lait de coco et de sirop sucré. Le tout est servi sur glace et est un en-cas très populaire en fin de journée et en soirée. La version chaude de ce dessert serait le ronde, surtout populaire à Java et à base de sirop de gingembre.

J’aurais également pu vous parler des sate, du opor ayam, du sayur lodeh, des ikan pepes, du ayam geprek, des sate lilit, du tempeh goreng, du es dawet, du babi guling, du ayam betutu etc. Bref, la cuisine indonésienne est riche et vous ferez assurément d’autres découvertes qui varieront selon les régions visitées. Je vous conseillerais surtout d’oser puisqu’il est rare qu’un plat soit vraiment choquant pour les papilles en plus de rarement coûter plus de deux dollars.                              Selamat makan! Bon appétit!

Article rédigé par Julie Bergeron

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