Si vous prévoyez un premier voyage en Indonésie, probablement que Bali, l’est de Java et peut-être les îles Gilis feront partie de votre itinéraire. Ces endroits sont magnifiques et méritent certainement une visite, mais si vous êtes du genre à aimer sortir des sentiers battus et découvrir des endroits presque vierges de touristes et emprunts d’authenticité, Sumba est définitivement une île à considérer, tout comme Flores dont je vous avais parlé il y a quelques mois.

À Sumba, vous ne retrouverez pas les impressionnants dénivelés que l’on retrouve à Flores, ni la luxuriance de cette dernière. Il n’est pas possible d’y suivre des cours de yoga quotidiennement ou d’y boire son café troisième vague comme à Bali ou aux Gilis. Puis, on n’y retrouve pas l’énergie ni la dépaysante densité de Java. Sumba a toutefois l’avantage d’être des plus accueillantes puis débordante de villages traditionnels et de marchés colorés qui peuvent être atteints via de belles routes où le trafic n’existe pas. En cinq jours à peine, on peut couvrir une bonne partie des principales attractions, sans être à bout de souffle. Pour les gens qui aiment la plage ou la randonnée, Sumba peut vous divertir pendant des semaines. En effet, les plages désertes ne manquent pas, il y a des endroits propices au surf et vous pourrez marcher entre les splendides villages sumbanais. Pour vous aider à mieux planifier votre circuit, voici quelques pistes.

Commencer par l’est

Sumba compte deux points d’entrée principaux, soient les aéroports de Waingapu et Tambolaka. Il est judicieux d’arriver à un endroit et repartir de l’autre. Comme la région de Tambolaka (Waitabula) est la plus spectaculaire, il est bien de la réserver pour la fin et ainsi vivre un crescendo de découvertes tout au long de votre séjour. Il y a plusieurs vols par semaine depuis/vers Bali avec Wings Air (à acheter via le site Ticketindonesia puisqu’il n’est pas possible de payer avec une carte de crédit internationale sur le site de Wings Air). En débarquant à Waingapu, il n’est pas difficile de trouver un taxi qui vous emmènera au centre de cette charmante petite ville. Personnellement, j’ai logé au Tanto hôtel qui est très propre et bien situé, à quelques minutes à pied du marché et pas très loin du village traditionnel de Prailiu, célèbre pour ses tissages (ikat) et un bon endroit où s’initier à la culture unique de Sumba. Quant au port, il se trouve à une bonne trentaine de minutes de marche de l’hôtel, ce qui vous ouvrira l’appétit afin de mieux apprécier les brochettes cuisinées à l’arrière des motos ou les fruits de mer servis dans les warungs (cantine) avec vue sur la mer. Cet endroit est particulièrement agréable au coucher du soleil, lorsque les familles s’y retrouvent pour jouer au soccer ou tout simplement pour profiter de l’air ambiant qui se rafraîchit.

Port de Waingapu

Port de Waingapu

Dans la même région, accessible de Waingapu en transports en commun, à moto ou en louant voiture et chauffeur, les villages de Umabarra et Pau méritent une visite. Ce dernier est un peu moins intéressant, mais on peut marcher d’un village à l’autre, ce qui prend environ une heure et constitue une agréable balade. Si vous êtes en transport privé, il vous sera possible de visiter Rende dans la même journée. Ce village, qui se démarque par sa longue tradition de rois et d’esclaves (traditions qui s’apparentent au système de castes indiennes) et ses gigantesques pierres tombales, est l’un des incontournables de l’est de Sumba. Toutefois, si vous en avez déjà assez des villages, rendez-vous plutôt à la plage de Walakiri, endroit parfait où déguster une Bintang (bière locale) dans un petit boui-boui rempli de locaux tout en admirant le coucher de soleil. Finalement, ne quittez pas l’est sans vous être arrêté au point de vue de Mauliru, d’où il y a une vue imprenable sur les rizières et les collines environnantes.

Le centre

Sumba étant une île relativement plate et munie de bonnes routes, on circule rapidement d’une région à l’autre. Il ne vous prendra que 3 heures pour passer de l’est à la région centrale de Waikabubak. Comme un peu partout à Sumba, il y a de multiples villages traditionnels qui peuvent être visités en chemin, mais s’il y en a un qui se démarque, c’est définitivement celui de Prai Ijing. Toutes les maisons y sont en paille et construites sur une petite colline du haut de laquelle on a une très belle vue sur l’ensemble du village. Comme dans tous les villages, il vous faudra faire un petit don au chef dès votre arrivée. Cela sert à améliorer les infrastructures du village et freine la sollicitation des habitants, ce qui est très agréable. Si vous voulez comprendre plus en profondeur les nombreux rites et traditions des villageois, je vous suggère d’embaucher un guide, ne serait-ce qu’une journée. J’ai eu la chance de voyager avec Yuliana Ledatara, une guide exceptionnelle qui m’en a beaucoup appris sur la région et je ne regrette pas du tout l’investissement.

Après la visite du village et afin de diversifier les activités, je vous recommande un arrêt à la grotte de Waikelo Sawah. En fait, c’est un barrage qui émane d’une grotte et qui permet, en plus de fournir un peu d’électricité, d’irriguer les rizières de la région. Il avait été construit par les Néérlandais et aujourd’hui de nombreux habitants s’y retrouvent pour s’y baigner, laver leurs vêtements ou tout simplement pique-niquer. Ce n’est pas un incontournable, mais j’y ai beaucoup apprécié le contact avec les locaux et la possibilité de me promener dans les rizières environnantes. En fin de journée, la lumière y est magnifique et l’endroit s’avère assez photogénique, ou si vous préférez, instagrammable! Puis, lorsque vous reviendrez à Waikabubak, ne manquez pas d’aller manger au restaurant D’Sumba Ate. On y sert de l’excellente nourriture indonésienne dans un décor exotique, tout en bambou. La beauté de Sumba réside aussi dans le fait que, non seulement on y trouve des hôtels qui offrent un bon rapport qualité-prix (comparativement à d’autres îles peu développées), mais on y trouve aussi de très agréables restaurants où vous risquez d’être le seul occidental!

Le meilleur pour la fin

La petite ville de Waitabula, où se trouve l’aéroport de Tambolaka, se trouve à peine à une heure de route de Waikabubak. Elle n’est pas spécialement jolie, mais les habitants y sont particulièrement chaleureux et les attraits ne manquent pas dans la région. Tellement que certaines personnes décident de limiter leur séjour à cette ville, ce qui est envisageable si vous avez très peu de temps. Les plages spectaculaires sont nombreuses dans cette partie de l’île, mais s’il y en a une qui vaut le détour c’est bien la plage de Bawana, sur laquelle on retrouve une énorme formation rocheuse de type Rocher Percé. Toutefois, assurez-vous d’y venir à marée basse, puisque sinon la plage risque d’être entièrement submergée. Même si l’endroit est assez fréquenté par les Indonésiens, on y ressent définitivement une petite impression de Robinson Crusoé.

Finalement, je vous conseille de garder le plus beau village pour la fin, soit celui de Ratenggaro. Certes, c’est aussi le plus touristique et les habitants s’attendent à ce que vous leur offriez cigarettes ou argent, mais il compte néanmoins les plus hautes maisons de Sumba et sa localisation en bord de mer en fait un endroit époustouflant. J’ai eu la chance de visiter ce lieu au moment où il y avait une cérémonie et où l’on dépeçait les buffles récemment sacrifiés, ce qui fut une expérience mémorable. Les cérémonies de toutes sortes étant nombreuses à Sumba, les probabilités d’en voir une sont assez grandes. Vous pourrez vous informer localement sur la tenue de celles-ci.

Cérémonie à Rattengaro

Avant de quitter, n’omettez pas de passer par la Sumba Hospitality Fondation qui est une école de tourisme qui mérite grandement d’être visitée, tant pour son architecture unique que pour en apprendre plus sur la louable mission de l’endroit. On y forme des jeunes issus de milieux défavorisés afin qu’ils puissent éventuellement travailler dans des hôtels haut de gamme. La formation offerte dépasse toutefois le curriculum ordinaire puisqu’on y enseigne également des notions d’environnement, de permaculture, de droit des femmes, etc. On y trouve un restaurant et quelques chambres d’une grande beauté. Personnellement, c’est un projet qui m’a bouleversée et qui, je l’espère, perdurera.

Si vous voulez en connaître davantage sur l’île de Sumba, je vous invite à regarder l’émission Guide et Bourlingueur du mercredi 16 mai à 20 heures au canal Évasion. Celle-ci portera entièrement sur cette île et, si les photos ne vous ont pas convaincu d’inclure Sumba à votre itinéraire, l’émission le fera!

Article rédigé par Julie Bergeron

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