Bien que j’aie toujours eu un intérêt pour l’international, je n’ai jamais vraiment envisagé étudier dans quoi que ce soit qui m’aurait donné la possibilité de voyager. J’avais l’impression qu’un emploi qui me ferait voyager serait instable, peu payant et certainement difficile à trouver. D’autant plus que mes parents, n’ayant pas cet intérêt, pouvaient difficilement me diriger vers une telle voie. Je me suis donc rabattue sur l’enseignement de la géographie et de l’histoire et me suis dit que j’aurais au moins des vacances qui me permettraient de découvrir le monde.

Ce n’est qu’en terminant mon baccalauréat que je suis partie pour vrai, loin, pendant plusieurs mois. Et c’est à ce moment que j’ai réalisé que je ne pourrais pas être satisfaite d’un voyage ou deux par année, du moins pas à moyen terme. J’ai alors commencé à sérieusement explorer la planète, toujours entre deux contrats en enseignement. Je dois avouer que la beauté du monde de l’éducation est qu’il est possible de travailler à contrats, toute la vie si on le désire, et ainsi avoir la liberté de prendre des vacances quand bon nous semble. Deux ans après la fin de mes études, en revenant de voyage un peu déprimée à l’idée de devoir me poser à nouveau afin de financer mon prochain périple, je suis tombée sur une annonce dans le magazine Voir qui disait que l’on cherchait des gens pour guider des groupes aux quatre coins du globe. Wow, un travail de rêve! Mais avais-je les qualifications? Je me suis présentée à l’agence en question afin de savoir si des études en tourisme étaient nécessaires. On m’a répondu qu’il n’y avait rien comme une bonne expérience de voyage et, après avoir passé plusieurs entrevues et démontré beaucoup de détermination, on a fini par m’embaucher, même si j’étais plutôt jeune (26 ans) et ne parlait que l’anglais et le français.

Les défis du guide

Il faut savoir que le métier de guide requiert énormément de compétences et il est essentiel de faire preuve d’une grande maturité professionnelle. La plupart du temps, la première partie du travail consiste en un repérage de manière autonome afin d’être en mesure de guider le groupe dans ledit pays. En très peu de temps, le guide doit pouvoir orienter son groupe partout où il passe, en plus de s’approprier la culture, l’histoire, la religion, la gastronomie et les coutumes du pays visité. Il doit aussi planifier des plans B au cas où une activité ne fonctionnerait pas ou un transport tomberait en panne. Il doit rencontrer et développer des contacts sur place qui amèneront une couleur locale au voyage et connaître des tonnes de petites choses comme où il est possible de laver son linge ou de dénicher des pastilles. Il doit aussi être capable de rassurer les voyageurs qui vivent un choc culturel, de ne pas broncher si un voyageur se plaint que la piscine est trop chaude alors qu’on est en Indonésie (histoire vécue!) et de tenter de rallier le groupe afin que le voyage soit des plus agréables pour tous. Bref, c’est un métier qui requiert que l’on soit très organisé, capable de vulgariser de l’information, jongler avec des budgets en devises multiples et faire preuve d’enthousiasme et de tact peu importe son niveau de fatigue. Aussi extraordinaire ce travail puisse paraître, c’en est un qui est très exigeant et qui demeure un travail avant tout.

Les bons côtés

En contrepartie, être guide permet aussi de vivre des expériences uniques, comme tisser des liens avec des gens que l’on n’aurait jamais eu la chance de rencontrer en se rendant à une ou deux reprises dans un pays. Pour ma part, j’ai notamment guidé plus d’une quinzaine de fois au Vietnam. À force de retourner à cet endroit, j’ai fini par y développer de profondes amitiés et, aujourd’hui, bien que je n’y guide plus, il m’arrive de retourner au Vietnam uniquement pour voir mes amis vietnamiens rencontrés durant cette belle époque de ma vie. Je vois aussi ce pays évoluer puisque j’y suis allée une vingtaine de fois depuis 2002, chose que je n’aurais jamais faite en simple voyageuse. Aujourd’hui, je prends énormément de plaisir à retourner plusieurs fois au même endroit et c’est mon expérience de guide qui m’a fait découvrir cette façon de voyager. Oui, il y a toujours de nouveaux pays à découvrir. Toutefois, mieux s’approprier un pays connu permet de s’imprégner d’une culture d’une toute autre façon et tout voyageur devrait à tout le moins tenter cette expérience.

Les contrastes

Les changements sont flagrants à Ho Chi Minh

Être guide m’a aussi amenée à être beaucoup plus intéressée et alerte face à l’actualité internationale. J’ai aussi adoré le fait d’avoir eu l’occasion de rencontrer des voyageurs de tous les horizons et de redécouvrir le pays à travers leurs yeux. En effet, dans les petits groupes que je guidais, il pouvait y avoir une architecte paysagiste, une infirmière, un ingénieur, un planificateur financier et un directeur d’école. L’architecte pouvait alors me faire remarquer que le matériau utilisé pour faire les toits dans le nord du Vietnam était en fait un nouveau matériau que l’on teste actuellement au Québec puisqu’il s’avère intéressant pour ses propriétés isolantes. L’infirmière remarquera un autre élément lié à son champ d’expertise, etc. Bref, chaque fois que je faisais le même voyage, j’apprenais de nouvelles choses à travers les yeux de ceux que je guidais et cela fut extrêmement enrichissant.

Comment devenir guide

Devenir guide n’est pas chose facile puisque c’est un milieu où il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus. Mais si c’est quelque chose qui pourrait vous intéresser, voici quelques pistes. D’abord, pour guider certains types de groupes, il n’est pas nécessaire d’avoir étudié en tourisme. Une expérience en animation peut suffire. C’est le cas lorsque l’on veut guider des groupes d’étudiants au sein d’Omnitour ou Éducatour par exemple. Certes, les destinations ne sont pas toujours exotiques, mais c’est une excellente façon de débuter sa carrière de guide. Puis, viennent ce qu’on appelle dans le jargon du métier les réceptifs. Ce sont des entreprises d’ici, comme Jonview ou Windigo, qui accueillent notamment des groupes d’Européens et leur organisent des voyages au Québec, au Canada ou aux États-Unis. Voici une liste des principales agences réceptives au Québec.

Si vous rêvez d’une carrière de guide qui vous transportera au Pérou, en Indonésie ou en Afrique du Sud, il y a les agences d’ici qui envoient des groupes de Québécois à l’étranger, accompagnés d’un guide. C’est pour ce genre d’agence, soit Explorateur Voyages, que je travaillais. Dans ce créneau, il y a également des agences qui organisent des voyages de plein air comme Terra Ultima ou Karavaniers. Pour guider ce type de voyage, détenir une technique en tourisme d’aventure peut s’avérer un atout important. Si vous envisagez étudier dans ce domaine, vous trouverez ici les différentes options offertes. Ces postes sont très convoités alors il est difficile de mettre le pied dans ces agences sans avoir une expérience considérable. Si vous êtes très confortable en anglais, vous pourriez regarder auprès de grosses agences anglophones comme G Adventures ou Intrepid travels qui recrutent également des tour leaders pour différentes destinations à travers le monde.

Pour un bref aperçu de ce en quoi peut consister le travail de guide, ou tout simplement pour découvrir certains pays autrement, je vous recommande fortement de visionner les épisodes de Guide & Bourlingueur. Des segments de la première saison sont disponibles sur Viago et la deuxième saison sera diffusée sur Évasion à partir du 11 avril. Un must!

Finalement, si une carrière de guide vous paraît trop complexe, il y a aussi la possibilité de devenir accompagnateur. Contrairement au guide, l’accompagnateur n’a pas à connaitre le pays visité. J’ai déjà rencontré une accompagnatrice qui ne savait pas où était la Scandinavie alors qu’elle s’apprêtait à partir avec un groupe pour la Norvège! L’accompagnateur doit simplement représenter la compagnie sur place, payer des trucs ici et là et répondre aux plaintes des clients du mieux qu’il le peut. Ces employés ne sont généralement pas rémunérés, mais ne paient pas pour leur voyage et reçoivent parfois certains pourboires. Traditours et Incursion Voyages sont quelques-unes des agences qui embauchent des accompagnateurs plutôt que des guides.

Si vous ne voulez pas perdre votre liberté lorsque vous voyagez, un travail qui permet de travailler sur une base contractuelle serait peut-être votre solution. À vous de voir si vous préférez travailler pour voyager ou voyager pour travailler?

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Mon contact de becak à Yogyakarta, et ce depuis plus de 10 ans.

Article rédigé par Julie Bergeron

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