« On voyage autour du monde à la recherche de quelque chose, et on rentre chez soi pour le trouver. » -Georges Moore

Dans l’imaginaire collectif, le voyage est souvent assimilé à une échappatoire, à une destination lointaine, à une immersion complète dans un pays qui brille par une culture différente de la nôtre. Tout pour pleinement assouvir sa soif de dépaysement, comme si le voyage rimait avec éloignement. Pourtant, il est possible de se sentir loin à deux pas de sa porte. Alors pourquoi prendre un billet d’avion ? Redéfinir l’essence même de la définition de voyage est possible. Est-il éloignement ou dépaysement ? Est-il évasion ou besoin de distance ? À ces questionnements, voici quelques petites réflexions qui me sont passées par la tête…

Le fait d’aller le plus loin possible de chez soi donne une vraie satisfaction propre à la découverte. Loin de sa culture, et loin de ses repères, on se sent vivre un sentiment de perte et d’évasion, celui pour lequel nous sommes toujours en quête. Mais avec le temps, j’ai réalisé que notre pied-à-terre peut offrir tout ça. Notre chez-soi avec ses attractions, ses paysages et ses gens. Comme si je partais à la découverte…

Oui, s’émerveiller chez soi est possible

J’ai récemment éprouvé ce sentiment alors j’avais envie de vous en faire part. Au détour d’une discussion avec deux amies, nous nous disions combien nous étions chanceuses de vivre chez nous, tout simplement. Regardant la mer bleutée briller sous nos yeux, je me suis dit que l’on peut se sentir en voyage, même chez soi. Surtout chez soi. C’est cette prise de conscience qui fait réaliser que l’attachement à un endroit n’est pas uniquement conditionnel, il devient avec le temps essentiel et vital.

Pour quelle raison me direz-vous. Je vous dirai parce que s’aventurer chez nous est un gage de découverte et de dépaysement. Finalement, voyager chez soi, c’est voyager aussi. L’art de vadrouiller ne se rapporte pas seulement au fait d’aller loin ou mettre des points sur une carte. Ce peut être parcourir quelques kilomètres seulement. Cela peut s’avérer être une journée d’aventure. Un village perdu, une forêt déserte, un lac infréquenté à deux pas de notre logis. Il suffit de peu. Pour exister, le sentiment d’évasion doit nullement s’éprouver lorsqu’on est loin, mais plutôt lorsqu’on est capable d’apprécier une escapade indépendamment de là où l’on se trouve. Ce genre d’attitude est celle du voyageur, celui qui va chercher à développer un nouveau regard, même s’il est chez lui, surtout s’il est chez lui. C’est plus que jamais faire preuve de lucidité.

Trouver satisfaction chez soi, en toutes circonstances

L’idée est de parvenir à un semblant d’évasion chez soi. On y parvient en trouvant satisfaction partout où l’on se trouve. Pour ma part, il n’y a pas un jour qui passe sans que je me dise que je suis chanceuse de vivre où je suis. Il est vrai que dans l’imaginaire collectif, des endroits paraissent plus beaux que d’autres. Néanmoins, la beauté d’un endroit ne fait pas tout. Loin de moi l’idée qu’une place touristique est nécessairement de toute beauté. Le plus important est sans nul doute l’âme qui se dégage d’un endroit et non le palmarès touristique dont il est l’objet ! À bon entendeur…

Pas besoin d’aller à des milliers de kilomètres pour faire une balade ou voir une plage qui soit paradisiaque. J’ai, à cet égard, le souvenir d’une randonnée ou j’ai traversé une arête à pied à la frontière italienne. Les paysages sublimes du Mercantour nous entouraient, les lacs bleus, les fleurs de montagne multicolores par milliers, tout était d’une beauté sans pareille. Nous étions hors du temps une journée durant et, ce, à seulement une heure et demie de la maison.

Il est vrai qu’avec le temps et après avoir arpenté le globe, on ne soupçonne même pas la beauté qu’il y a autour de nous, à deux pas. À force de partir, on a la prétention intérieure de se dire que l’on connaît très bien d’où l’on vient. Peut-être à tort ? Surtout lorsqu’un touriste qui a vadrouillé chez nous vient nous dire quelque chose du genre « Ce petit village à côté de chez toi est superbe » ou encore « Tu connais ce point de vue depuis le haut du port ? Il est incroyable ». Ce genre de remarques est et devrait être une prise de conscience sur la beauté de la place où nous vivons. Ainsi, nous pouvons porter un regard neuf sur les choses qui nous entourent, de manière à les apprécier, réellement. Il en va de l’essence même du voyage qui ne consiste pas à aller loin mais plutôt à s’émerveiller avec un rien.

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