« Tu es tellement chanceuse, tu peux faire ce que tu veux ! » C’est quoi avoir de la chance ?

« Succès ou échec apparemment apporté par hasard plutôt que par ses propres actions. »

Concept difficile à expliquer. Peut-être que cette définition du dictionnaire d’Oxford est l’une parmi tant d’autres. Je ne crois pas qu’elle soit particulièrement vraie. Durant ma dernière année d’université, l’une de mes professeures a demandé ce que signifiait le succès. Je connais la réponse depuis longtemps. En vrai, ce n’est pas d’avoir du succès. Le succès ne vous définit pas. Vous le définissez à travers chaque action, chaque geste que vous entreprenez et accomplissez. J’ai été chanceuse une fois, suffisamment pour être née dans un pays de choix. Un pays qui me donnait le choix. Un endroit où je pouvais être libre. Qui me donnait la possibilité d’acheter un billet d’avion sans avoir à regarder en arrière. Quant au reste, je me demande encore si c’est de la chance ou un dévouement ridicule à l’égard d’une passion.

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Maman et son enfant

Alors, comment la chance peut-elle vous apporter du succès? Est-ce plus probable dans un environnement favorable? Je dirais que oui! Mon point est que la chance est un facteur, parfois un très grand. La plupart du temps c’est plus une question de détermination. Vos succès, vos échecs vous appartiennent.

Mon histoire commence ici.

Cela fait maintenant deux mois que j’habite en Indonésie, principalement à Bali. Je voyage entre les îles. Je sais, l’Indonésie est un pays constitué d’îles, pour être précise, plus de 17 000. Il y en a de toutes petites qui, ma foi, sont magnifiques. Demain, je partirai pour Jakarta, la capitale. Je suis sur le point d’entamer un contrat d’un an en tant qu’enseignante d’anglais avec des enfants dans un quartier défavorisé de Bekasi. Je suis sur le point, encore une fois, de commencer une nouvelle vie ailleurs, mais par choix.

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Gili T, Lombok

Je parlais avec un gars de mon auberge de jeunesse au beau milieu des «Nusa». «Nusa» veut dire îles en indonésien. Il y en a trois tout près de Bali. Bref, il m’a demandé pourquoi j’avais décidé de faire le travail que je fais, de l’humanitaire. Il m’a dit que c’était inutile, que notre monde était trop endommagé, qu’il n’y avait pas de solution possible. Nous avons énuméré tous les problèmes présents et, pour être honnête, je ne crois pas qu’il y ait de solution. Notre monde est réellement abîmé et croyez-moi, ici, c’est un exemple parfait. Quand je vois la quantité de déchets qui flottent sur la mer et sur les rivages. Les coraux devenus blancs et morts sur les îles Gili. Les chevaux maigres et tristes qui transportent les touristes qui vont et viennent. Pour ce que sont ces petits problèmes comparés au reste; notre monde ne va pas bien.

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Les pauvres chevaux, Gili T, Lombok

Permettez-moi par contre de vous dire ceci. Malgré tous ces problèmes, j’ai pu admirer le vrai succès qui réside à l’intérieur de chaque Indonésien. Un manque de chance d’être né ici? Pas du tout! J’ai vu des sourires. Des enfants courir, jouer dans les rues. J’ai vu des fleurs s’épanouir, au parfum qui émergeait lorsque la pluie tombait. Des papillons partout! Les femmes du village travailler un nombre d’heures incroyable simplement pour nourrir leur famille. J’ai été témoin d’un réel bonheur, celui que nous avons tendance à oublier. J’ai vu le succès comme un combat quotidien, comme un moyen de survie pour chaque espèce. Avoir de la chance aide probablement, mais ce n’est qu’une variable au succès autant qu’aux échecs. Ce qui me fâche profondément est d’entendre quelqu’un se plaindre constamment que la vie est injuste et que tout lui arrive. Si vous connaissiez mon histoire, vous diriez probablement que je suis l’une des personnes les plus malchanceuses qu’il soit. Je ne le suis pas. Nous avons tous notre lot de problèmes. Ils viennent par moment. Nous sommes tous un peu malchanceux dans ces différents moments de la vie. Nous devons simplement prendre les meilleurs et laisser passer les pires.

J’ai appris que même si je fais un pas en avant, quelqu’un d’autre fera deux pas en arrière. Vous savez quoi, il n’y a rien de mal à ça. Nous avançons tous sur des chemins différents, à notre façon. Nous construisons notre propre bonheur en fonction des chances que nous avons et que nous tentons. Nous grandissons tous les jours entant qu’être humain, à travers chacune des interactions que nous avons. À travers chacun de nos succès et certainement de nos échecs. Nous découvrons comment nous fonctionnons, comment nous interagissons. Nous avons un magnifique pouvoir, celui d’être un. Un grand monde, avec toutes les solutions individuelles possibles et, ça, c’est la meilleure des chances que nous pouvons demander!

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J’aimerais tant savoir, Uluwatu, Bali

Article rédigé par Gabrielle Sangollo.

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