Être en voyage inspire bon nombre de réactions autour de soi. La plus fréquente, la plus flatteuse à priori est ce célèbre : « tu as de la chance ». Que répondre à cela. Un court  « oui je sais » est loin de la représentation que j’ai de moi-même en situation de voyage. Et puis sur quel ton le dire : je m’en vante ou je m’en excuse.  Le « oui beh surtout je l’ai choisi » revendique mais n’explique pas. Cette phrase m’a poussée à penser et réfléchir à la question de cette chance du voyageur.

La chance, on la retrouve dès la cour d’école : « oh waouh tu as un crayon bleu ciel, tu as trop de la chance », « oh waouh tu as les baskets qui font de la lumière quand tu marches, tu as trop de la chance ». Elle traduit directement l’envie d’une personne de posséder ce qu’une autre personne a. Mais la chance est hors du contrôle de la personne enviée. On ne choisit pas l’objet de la chance. C’est le hasard, l’extérieur qui crée la chance. Je n’y suis pour rien. C’est différent de ce que l’autre personne a, vit, espère, mais je n’y suis pour rien. Je n’ai pas décidé. Je suis en santé, je suis née dans un pays libre, je vis dans des conditions socio-économiques favorables. J’ai de la chance pour cela. Je suis privilégiée en ce sens. Ce voyage je ne l’ai pas gagné dans un concours Facebook. Il ne m’a pas été offert par un généreux ami. Alors, si ce n’est pas exactement de la chance, qu’est-ce que c’est?

C’est une addition savante de conditions favorables. Tout nait d’une envie. Tout s’appuie sur cela. Le moteur c’est le désir. Sans cela, aucune action favorable n’est mise en place pour atteindre un but. Pourquoi perdre du temps et de l’énergie pour aller dans le sens inverse de nos rêves? L’envie est indissociable de la capacité à s’écouter. Pour cela, il faut prendre du temps, créer du temps pour soi-même. Se chercher, se trouver, se retrouver. Dans un bon livre, dans une balade, dans une sieste les pieds nus dans l’herbe. Peu importe le moyen, créez du temps pour laisser de la place à vos envies. Enfin, la disponibilité au partage, à la recherche d’information, à la stimulation de vos rêves reste un pas essentiel.

L’envie + l’écoute de soi + la curiosité sont les conditions favorables pour le passage à l’action. Tous ces préalables sont issus de vos choix, de votre propre mobilisation. Quand tu dis que l’autre a de la chance, c’est qu’une partie de toi affirme que cela vient chatouiller une envie, un rêve, un désir. Il n’est pas nécessairement accessible aujourd’hui, ni demain. Pour des tas de raisons valables. Il est important de savoir déterminer si les raisons sont vraiment valables ou naissent de murs que l’on se construit soi-même. Par peur, par crainte de ne pas être capable, de ne pas savoir faire.

Pourtant n’oublie jamais de t’écouter. De faire vivre en toi, peu importe le moyen, cette voix qui fait parler tes rêves. Ca vaut la peine, car on a hâte de voir tes photos de voyage et lire le plaisir que tu auras eu.

Article rédigé par Audrey Dugas.

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