Lorsqu’on se retrouve entre voyageurs de l’Ouest canadien, il y a toujours un sujet qui revient d’une fois à l’autre : le « cherry picking ». Avant tout, sachez que le « cherry picking » est un anglicisme signifiant en français cueillette de cerises. Après 5 fois en Colombie-Britannique, j’ai eu cette même discussion à plusieurs reprises et j’ai remarqué que les cueilleurs en herbe ont toujours les mêmes interrogations : « Quand est-ce que cela commence? », « Comment trouver un verger? », « Comment se préparer? », « À quoi s’attendre comme expérience? », « Combien pouvons-nous faire (en argent)? » et « Où allons-nous dans l’Ouest pour trouver ce genre de travail? ».

Tenons aussi pour acquis que nous allons cueillir des cerises pour la simple raison que c’est le fruit le plus abondant dans la région. De plus, sachez que l’endroit de prédilection pour les voyageurs « backpacker » (ou sac à dos) est la vallée de l’Okanagan, connue pour ses paysages magnifiques et pour sa quantité incroyable de vergers de toutes sortes.

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Comment se préparer

Dans 99,9999% des cas, les agriculteurs vous hébergeront dans leur verger. Amenez de l’équipement pour camper et des vêtements de travail que vous pouvez salir sans problème. De plus, amenez-vous une protection solaire – vous en aurez besoin. Il fait très chaud durant la journée et il y aura aussi beaucoup de soleil. Nonobstant le fait que cela peut arriver une fois ou deux en un mois, munissez-vous d’une protection contre la pluie. Lorsqu’il pleut dans l’Okanagan, il pleut fort… pour environ 30 minutes. On m’a toujours recommandé d’amener mon propre « bucket » (panier de récolte), ainsi que mon propre harnais. Par contre, sachez que les fermiers ont, la plupart du temps, l’équipement nécessaire pour la cueillette de leurs fruits. Ne stressez donc pas si vous ne pouvez investir dans ce matériel.

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À quoi s’attendre comme expérience

Les journées dans les vergers commencent très tôt le matin. Les « pickers » (cueilleurs) d’expérience sont debout dès 4h du matin afin d’être prêts à commencer autour de 4h30. Étant donné la température, il se peut très bien que la cueillette cesse autour de midi. Lorsqu’il fait trop chaud, il est impossible de continuer à cueillir parce que les cerises deviennent molles et de mauvaise qualité en raison de la chaleur. Préparez-vous à faire de longues journées de travail.

La cueillette de cerises va être payante… le tout dépendant de votre motivation et de vos efforts.

Je vous recommande de ne pas boire d’alcool et de vous coucher tôt à tous les soirs. Croyez-moi. Comme cela, vous vous sentirez motivés le lendemain. De plus, sachez que la cueillette se fait 7 jours/semaine jusqu’à la fin de la saison ou jusqu’à épuisement des cueilleurs… pardon, des cerises dans le verger. Si vous avez un congé, c’est parce qu’il va pleuvoir. Les cerises ne sont plus bonnes lorsqu’elles sont mouillées. Vous aurez donc à attendre qu’il fasse beau et que le verger ait séché. Lorsque la saison est terminée pour un verger, il est temps de monter plus au nord afin de trouver un nouveau verger si vous désirez continuer à travailler!

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Quand est-ce que cela commence?

Le début de la saison va toujours dépendre des cerises, bien entendu, mais, généralement, la saison commence autour du 1er juillet – Quoique, lors de l’été 2015, Maya et moi étions dans la vallée dès le 20 juin et les cerises étaient déjà prêtes -.

L’année 2015 aura donc été une année assez précoce pour les cerises en raison d’une météo plutôt favorable; si on compare à 2011, alors que je me dirigeais en direction de la vallée vers la fin juin et que les cerises étaient en retard d’une semaine. Tout va dépendre de la saison et si le climat est favorable ou pas. En clair : vous ne le savez pas d’une année à l’autre! Ce sont les aléas du voyage… L’Internet est une source inestimable de renseignements pour vous permettre de voir venir. Visitez le groupe Facebook des « BC’s » – c’est sous ce nom que l’on désigne les voyageurs qui vont dans l’Ouest pour travailler – pour savoir quand la saison va débuter.

Pour vous trouver un endroit où travailler, il y a deux manières de procéder : la façon « vagabonde » et la manière productive.

La façon vagabonde : j’ai rencontré des « pickers » qui se présentaient à n’importe quel verger autour de la Saint-Jean-Baptiste. Ah oui… sachez qu’à Oliver, dans le sud de la vallée, il y un rassemblement de Québécois à chaque année pour fêter la Fête nationale du Québec, au légendaire « Shit Lake », lequel se situe à quelques kilomètres de la petite ville agricole.

La manière productive : Un « picker » productif va habituellement être déjà entré en contact avec un fermier du coin afin de connaître les dates exactes du commencement de la saison. J’ai aussi rencontré d’autres travailleurs qui attendaient dans le coin en travaillant dans un verger ayant d’autres types de fruits. Je sais que les vignobles ont du travail pour tout l’été. Je vous recommande d’entrer en contact avec les agriculteurs dès janvier afin de vous réserver une place dans leur équipe.

Où aller dans l’Ouest et comment trouver un verger?

Lors du début de la saison à la fin juin / début juillet, commencez par vous présenter dans le sud de la vallée de l’Okanagan. 5 villes/villages sont à considérer et à surveiller : Okanagan Falls, Oliver, Osoyoos, Creston et Keremeos. C’est là que les fruits seront prêts en premier pour la saison. Au fur et à mesure que la saison avance, les vergers plus au nord vont être prêts pour la cueillette. Vous aurez donc à vous déplacer vers le nord durant votre saison de cerises. Par exemple, vous pourriez aller à Vernon, Kelowna, Peachland et Naramata.

La façon vagabonde:  Il est possible de trouver du travail simplement en se présentant sur place. C’est comme ça que font une bonne partie des voyageurs, d’ailleurs. Parlez au propriétaire du verger et offrez-lui vos services. Généralement, vous trouverez un travail – littéralement – sur le champ.

La manière productive: Ayant déjà essayé la façon vagabonde, j’ai préféré y aller d’une façon plus productive cette année. Nous avons fait des recherches en ligne et sommes tombés sur un site du nom de BC Tree Fruits. Il y a en ligne une liste complète des fermiers recherchant des travailleurs et ce qu’ils offrent comme conditions de travail. Personnellement, c’est ce que j’ai préféré comme approche. Nous avons eu accès à une cuisine, des douches, des vraies toilettes, etc. Car oui, malheureusement, la majorité des agriculteurs n’ont qu’une toilette chimique à vous offrir. Si vous allez rester dans un verger durant plusieurs semaines, assurez-vous d’avoir tout ce qu’il vous faut pour vivre sans soucis.

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Combien d’argent pouvons-nous faire?

Le panier de 20 livres se vend autour de 5$. Celui-ci contient l’équivalent d’approximativement 2,5 “buckets”. Un cueilleur peut en moyenne ramasser de 2 à 5 seaux/heure. Malheureusement, il n’y a pas un taux fixe auquel s’attendre. Tout dépend de votre expérience et de votre détermination. Durant notre saison 2015, nous avons rencontré un cueilleur en particulier avec plus de 5 ans d’expérience. Il était très doué et ne parlait à personne durant les heures de travail. Concentré à cueillir, nous l’avons vu ramasser en moyenne 50 « buckets » par jour. Par contre, un cueilleur débutant ou moyen en récolte une douzaine quotidiennement. Votre vitesse va également être affectée par la qualité des arbres, la qualité des cerises et votre capacité à positionner votre échelle stratégiquement.

Si vous souhaitez réaliser un profit, je vous recommande fortement de ne pas aller dans l’Okanagan à la façon vagabonde. Vous allez perdre du temps et pas nécessairement faire de l’argent si c’est votre première année. Personnellement, je vous encourage fortement à trouver un verger qui fait du triage et de l’emballage aussi. Comme cela, lorsque la cueillette est terminée pour la journée; vous entrez à l’usine pour le reste de l’après-midi. En allant cueillir et emballer tous les jours, vous pourrez faire jusqu’à 1000$ en 7 jours (maximum) en salaire brut (sans les taxes et le coût de la vie dans l’Okanagan). Par contre, sachez que c’est difficile, voire éreintant, d’avoir des journées commençant à 4h et terminant à 17h.

Si c’est votre première année, ne vous attendez pas à faire une fortune. Vous pouvez être chanceux et tomber sur un verger qui a les fameuses cerises appelées les « lapins ». Ce sont d’énormes cerises qui remplissent plus rapidement votre seau. Il est aussi possible de rencontrer des agriculteurs qui vont vous offrir un bonus si vous restez jusqu’à la fin de la saison.

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En conclusion

Si vous comptez faire de l’argent rapidement, ne comptez pas sur les cerises pour faire une fortune. Votre première saison en sera une d’apprentissage. De plus, notez que pour faire jusqu’à 1000$/semaine, il vous faudra travailler très fort et faire des quarts de travail ridiculement longs et exigeants pour arriver à votre objectif. De plus, vous ne pourrez pas nécessairement profiter du temps que vous avez dans la vallée pour visiter. Cueillir des cerises est, en revanche, une occasion idéale pour rencontrer d’autres voyageurs venant de partout dans le monde. Passez des soirées avec eux et faites-vous des nouveaux amis! Par la suite, rendez-vous à Tofino, sur l’île de Vancouver, pour y faire du surf et prendre des vacances du travail.

Voilà un petit aperçu de ce qui vous attend!

Article rédigé par Gab & Maya

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