On rêve tous du paradis sur Terre. Certains ont la chance d’y partir en lune de miel, d’autres d’y passer lors d’un grand voyage et d’autres, comme moi, de s’y installer. Provisoirement ou définitivement.
Les paysages de cartes postales en font rêver plus d’un, c’est sûr. Que l’on soit voyageur, jeune marié ou simple citoyen du monde. Mais, on ne voit pas tous ces îles de la même façon.
La Polynésie, Fiji, la Réunion, les Antilles, la Nouvelle-Calédonie et j’en passe. Tous ces pays nous font ou nous ont tous déjà fait rêver pas vrai ? Je vis à Tahiti depuis quelques mois maintenant. J’y étais déjà venue en simple voyageuse d’un jour, d’un mois et, maintenant, j’ai décidé d’y rester. Pour moi, rat de ville et citadine à 1000 %, l’adaptation s’est faite lentement, mais en douceur. Se réveiller et ne pas devoir se demander quel type de fringue on va porter, ne pas se soucier du temps qu’il fait car il fait (très) souvent beau et chaud, c’est le rêve. Surtout pour une Belge comme moi habituée aux 4 saisons, mais surtout aux 4 saisons en un seul jour.
Pouvoir aller faire du paddle dans le lagon le samedi après-midi, manger du poisson frais, boire du lait de coco, partir une journée sur un motu en bateau avec des amis ou simplement se relaxer sous les cocotiers (attention tout de même, c’est une cause de mortalité ici !), c’est ça vivre sur une île ! Le bonheur au quotidien. Les gens sont relax, tranquilles et vivent à leur rythme. Pas de pression.
Le monde du travail n’est pas le même qu’en métropole. Les tâches peuvent être similaires, mais les gens sont moins stressés, prennent leur temps (parfois trop) et l’ambiance est toujours bon enfant. Normal. Tous savent qu’après le travail, ils seront largement récompensés par une vue à couper le souffle depuis leur terrasse en hauteur ou un beau coucher de soleil sur le lagon. Les horaires sont adaptés. On vit très tôt ici. Les cours commencent à 6h45, mais finissent à 15h. Après 21h, la ville est déserte (sauf les week-ends où ça bouge, mais, encore une fois, pas toujours très tard).
Les locaux ne manquent pas d’inspiration à Tahiti. De nombreux jeunes créent leur petite entreprise de maillots de bain, colliers en perles ou en coquillages, casquettes sur mesure, petits plats à livrer et tout marche ! Si les petits indépendants ont du succès, c’est avant tout car tout coûte très cher ici. La majeure partie des produits sont importés de France ou de Nouvelle-Zélande. Les vêtements sont donc rares et chers ou de moins bonne qualité. Voilà pourquoi les locaux et expatriés commandent aussi beaucoup par internet (quand la connexion est assez bonne évidemment, car ici, nous sommes encore un peu arriérés).
La nourriture locale est bien évidemment bon marché et les produits importés hors de prix. Jusqu’à 3 ou 4x plus chers. Il faut donc s’adapter. Le poulet par exemple n’est pas très bon ici alors que, dans la majorité des pays du monde, c’est la viande la moins chère. Ce qui marche ici, c’est le poisson évidemment. De lagon ou d’eau douce, il y en a pour tous les goûts.
Tahiti compte une faible (mais puissante) population chinoise. Il est donc possible de trouver toutes sortes de produits chinois en grande surface. La cuisine est un mix entre préparations locales à base de poisson et plats chinois délicieux. Les fruits sont un pur plaisir également. Mangues, papayes, bananes ou encore caramboles, tout pousse dans les jardins !
Les locaux ne vivent pas avec grand-chose. Ils ont l’habitude de vivre en famille dans une ou plusieurs maisons, généralement situées sur la même rue, ici appelée servitude. Ces servitudes portent le nom des familles qui y vivent. Tout le monde se connaît. On m’a souvent demandé si je connaissais la famille X vivant en Belgique car ici tout le monde connaît tout le monde et les secrets ne sont pas gardés bien longtemps. On va encore chercher l’eau à la source, certains se lavent dans la rivière, n’ont pas d’accès internet. Ici, on vit simplement, mais en famille, notre plus grande richesse au final.
Papeete, la capitale est une ville qui vit surtout en semaine. Les magasins sont nombreux, les restaurants et petits snacks sont ouverts en continu, bref, on pourrait se croire dans une ville continentale. Mais, lorsqu’on veut sortir entre amis ou aller boire un verre, les choix se font alors plus rares. La mode ici est d’aller profiter des Happy Hour dans les hôtels chics de l’île. Les cocktails y sont abordables (uniquement en HH) et le cadre somptueux. La ville comporte évidemment quelques bars et boîtes de nuit. On y va quelques fois, mais on s’en lasse vite. Il est donc coutume de faire des « bringues » directement chez-soi. L’alcool est en vente libre en semaine, le samedi et le dimanche… matin ! Après 12h, plus de vente d’alcool nulle part. C’est une mesure qui a été prise pour tenter de réduire l’alcoolisme insulaire si bien connu. On y trouve bières, alcools forts (chers, encore une fois) et même la spécialité locale : les tabu vodka. Sorte de bière légère pour filles aromatisée à la vodka ! Un vrai délice. Chacun ramène donc ses boissons et que la fête commence !
Les Tahitiens sont de grands musiciens. C’est dans leur sang. À chaque fête, vous pouvez être sûr de voir un des convives sortir sa guitare ou son ukulélé. C’est un peu ça la vie à Tahiti. Un apéro, quelques bières ou rhums arrangés (rhum auquel on a ajouté des fruits du jardin) et des amis. Tout simplement. La vie simple. Des gens simples. Le bonheur quoi!
Les locaux sont aussi très accueillants, souriants, chaleureux. Et ça fait un bien fou croyez-moi. On se sent directement chez soi. Et je ne connais que les habitants de la plus grande île de Polynésie. Dans les plus petites îles telles que Bora Bora, Huahine ou encore les Marquises ou les Tuamotu, l’accueil doit être fantastique. On peut parfois avoir l’impression de tourner en rond sur une île, de ne jamais voir autre chose. Mais, il y a tellement peu de choses qu’on a le temps d’admirer quand on est en voyage qu’au final, même en 4 mois, je n’ai pas encore fait 1/3 de ce que l’île a à proposer. Je pense qu’il faut y vivre pour en profiter à 100 % et avoir ainsi l’occasion de découvrir ses trésors cachés. Des randonnées, du canyoning dans des grottes formées par la lave, de la plongée, Tahiti nous offre tout. Tout ce qu’on peut attendre d’une île, tout ce dont on rêve. Pour avoir des paysages de cartes postales, le sable blanc et le lagon transparent, malgré le fait qu’il y en ait quelques uns à Tahiti, il faudra privilégier les autres îles et archipels.
Mais par pitié, si vous avez l’opportunité de passer par la Polynésie, ne restez pas dans des hôtels luxueux où on vous vendra des packages d’activités tout faits et sans saveur. Aventurez-vous. Logez dans une pension de famille locale, partagez avec la population, allez manger une spécialité au marché de Papeete, demandez aux locaux de vous emmener sur le récif, testez les rhums arrangés, achetez vos perles à la pièce et créez vos propres bijoux une fois rentrés à la maison. Vivez, découvrez, partagez. C’est ça, la richesse polynésienne.
Article rédigé par Lesly Vervondel.
…
À lire également sur Nomade Magazine :
Salut lesly ! J’arrive pour vivre (tentative) à tahiti en janvier. Ça serait cool qu’on se rencontre 🙂