J’y ai cru. Oui, je te le jure, j’y ai cru. Je pensais vraiment avoir trouvé ma douce moitié. Celle qui ferait les double check dans la chambre d’hôtel ou dans les auberges de jeunesse pendant que moi je foncerais dans les corridors vers la sortie en essayant de ne pas débouler les marches. Celle qui me tiendrait la main pour que je ne me sente pas toute seule en regardant l’un des plus beaux couchers de soleil de ma vie sur le sommet d’une montagne à l’autre bout du monde. Celle qui prendrait soin de fermer toutes les fermetures éclair de mon sac à dos parce que que je suis partie trop vite vers l’aventure ou encore celle qui prendrait soin de moi en essayant de me trouver de la soupe Lipton sur des terres inconnues parce que je suis malade et que je ne veux rien avaler d’autre.
J’y ai cru. Oui, je te le jure, j’y ai cru. Je pensais vraiment avoir trouvé cette personne fantastique qui me permettrait de piger dans son assiette pour que je puisse goûter à plusieurs mets en un seul repas. Celle qui me laisserait dormir sur son épaule pendant les nombreuses heures passées dans les autobus. Celle qui ferait du pouce avec moi sur le bord de la rue simplement pour me protéger parce que c’est dangereux, mais qu’avec ma tête dure je veux en faire quand même. Celle qui me laisserait le côté hublot dans l’avion pour que je puisse continuer d’avoir ma face de petite fille émerveillée dont les yeux se remplissent d’étoiles aussitôt qu’il y a le mot voyage dans la conversation.
J’y ai cru. Oui, je te le jure, j’y ai cru. Je pensais vraiment avoir trouvé la personne qui me permettrait d’être moi-même en toute simplicité. Celle avec qui je resterais éveillée jusqu’à tard la nuit, parce que de rêver éveillé c’est encore mieux que tout le reste, surtout quand on rêve de voyage en sachant que bientôt ce sera dans les plans. Celle avec qui je ferais des projets de vie qui comprendraient des escapades ici et là avant l’achat d’une maison et la conception d’enfants.
J’y ai cru. Oui, je te le jure, j’y ai cru. J’ai vraiment pensé que je pourrais faire abstraction de tout ça, de son manque de passion pour la vie de nomade. En réalité, pas juste pour la vie de nomade, mais pour le mode avion en général. J’ai vraiment essayé de me convaincre que ce n’était pas si grave que ça, qu’on voyagerait plus tard, que ce n’était que partie remise. Sauf que le voyage fait partie de moi et que de le renier ou encore de dévaloriser l’importance que je lui accorde, ce serait de me mentir à moi-même.
J’y ai cru. Oui, je te le jure, j’y ai cru. J’ai vraiment été persuadée que de m’oublier moi-même pour faire avancer une relation c’était une bonne idée. Pas besoin de dire que je me suis mise le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Alors maintenant que c’est fini, je vais juste voyager et me concentrer sur moi, parce que dans certaines situations, c’est correct d’être égoïste.
J’y crois. Oui, je te le jure, j’y crois : miser sur sa personne est la meilleure des décisions. Pour ce qui est du reste, je dois y aller, les douanes m’attendent.
Article rédigé par Élodie Beauvais
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