Article partagé en rappel

On parle souvent de la route de la soie en Chine, mais on entend peu parler de l’art du tissage dans les pays voisins de celle-ci. J’ai parcouru l’Asie du Sud-Est et cet art m’a subjuguée. L’envie d’en faire un article plus approfondi à mon retour s’est fait ressentir ! Je partage donc avec vous le talent de ces artisans.

le fil est préparé pour ensuite être installé sur un métier a tisser.

Le fil est préparé pour ensuite être installé sur un métier à tisser.

Le Myanmar, pays sorti récemment d’une dictature militaire est ravi, aujourd’hui, de faire découvrir aux voyageurs les beautés que cache leur pays. Ils ont beaucoup de richesses telles que la jade, le rubis, le pétrole (enfin « richesse », tout dépend de quel point de vue on se place!), mais ils ont aussi une terre fertile où tout pousse ! Ainsi, j’ai découvert qu’ils avaient du coton et du lotus, pour enfin entendre parler du tissage des artisans de la région du lac Inle.

extraction du fil à partir des tiges du lotus.

Extraction du fil à partir des tiges du lotus.

Ici cette femme extrait le fil du lotus. Elle casse les branches pour en récupérer des filaments. Elle va ensuite rouler ensemble les filaments récupérés dans une tige. S’en suit un long processus de travail pour finir d’assembler les filaments et créer le fil qui va servir à tisser. C’est un fil de très haute qualité très résistant, très chaud et très cher (plus encore que la soie). Pour extraire une « pelote » complète (on l’aperçoit au premier plan de la photo), il faut un mois de travail et la fabrication d’un habit de moine prend un an !

Au Myanmar, dans cette fabrique du lac Inle par exemple, les produits sont uniques et vendus seulement dans cet endroit.

Après le lotus, allons du côté de la soie. Pour en savoir plus, je vous emmène à Phnom Penh au Cambodge, plus précisément à Silk Island :

Culture du vers à soie (bombyx de son vrai nom).

Dans ces panières, on y cultive le vers à soie. Une association s’est créée pour promouvoir cette soie rare et unique au Cambodge. Les vers grandissent dans ces panières, nourris avec des feuilles, puis, avant leur transformation, ils créent une fibre qui leur sert en fait de cocon.

Cocon du vers. Cette fibre que vous pouvez voir sur la photo peut mesurer plusieurs mètres et est d’excellente qualité.

Vous devez, j’imagine, vous poser la question… Mais le vers.. il meurt avant de sortir du cocon? Malheureusement oui, il faut laisser les petites bébêtes au soleil, ils étouffent avec la chaleur et meurent. Si le vers éclot, le fil produit est inutilisable, le cocon est détruit. Le bombyx du mûrier n’existe plus à l’état naturel, uniquement en élevage.

Voilà ce que ça donne une fois les cocons « dé-filés ». C’est de la soie brute. Elle va, ensuite, être séparée à l’aide de moulins et de travailleuses pour ensuite être teinte puis tissée.

Phnom penh 20

Au Cambodge, comme au Myanmar, les femmes sont les seules à pouvoir tisser, ce métier se transmet de mère en fille et demande une grande précision. Les métiers à tisser fonctionnent avec des sortes de codes des pieds et des mains. Les tisseuses doivent compter, savoir exactement ou elles en sont dans leurs motifs pour ne pas se tromper !

Certains métiers à tisser sont utilisés uniquement pour créer un textile avec une couleur unie, d’autres sont prévus pour des motifs bien particuliers. Les motifs dessinés sont propres à chaque pays. Les femmes ont appris certains motifs spécifiques grâce à leur mère qui le leur a enseigné, personne d’autre ne saurait les reproduire.

Phnom penh 35

Cette association permet à des familles entières de pouvoir vivre dans des conditions décentes. Ces femmes travaillent tous les jours, du matin au soir, pour 150 dollars par mois. Les teintures utilisées sont entièrement naturelles et, tout comme au lac Inle au Myanmar, vous ne pourrez pas trouver leurs productions ailleurs. Une écharpe en soie pure n’est portée, au Cambodge, que pour des occasions telles qu’un mariage. Parfois, les familles commandent des tissus avec un mélange de soie et de coton car cela coûte moins cher.

cette femme travaille a son compte et teint elle même sa soie. Elle porte un masque parce la teinture peut être dangereuse pour sa santé.

Cette femme travaille à son compte et teint elle-même sa soie. Elle porte un masque parce la teinture peut être dangereuse pour sa santé.

À Silk Island, tous le monde tisse. Il faut être vigilant lorsqu’on achète un tissu à une famille. En effet, les teintures utilisées ne sont pas toujours de meilleure qualité et peuvent être dangereuses pour la peau.

Enfin, pour aller vers un tissage un peu différent, partons en Indonésie, sur l’ile de Flores.

Là-bas, le tissage aussi n’est fait que par des femmes et est appelé ikat (signifie « tissé » en bahasa). Le tissage des ikat est une des grandes fiertés de cette île et, là aussi, les authentiques ikat n’existent qu’à Flores. Contrairement aux pays cités précédemment, les meilleurs ikat que vous trouverez seront chez l’habitant.

Ils ont la particularité d’être tissés de fibres de noix de coco. Vendre un ikat assure à une famille de la nourriture pour plus d’un mois, un ikat de grande taille vaut environ 1 million de roupies, soit environ 100$ CAD.

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Cette grand-mère tisse depuis son adolescence. Elle vit avec ses enfants et petits-enfants. Les pièces que ces tisseuses fabriquent sont d’excellente qualité et sont très résistantes. Lorsqu’on offre un ikat à quelqu’un, il peut le garder toute sa vie. Le tissu va se détendre, devenir doux et plus flexible. Lorsqu’ils sont neufs, en fonction de la quantité de fibres de coco utilisées, ils peuvent être un peu rêches et il faut les laver une fois ou deux pour assouplir le tissu. Une fois cela fait, je vous garantie que votre ikat vous suivra partout où vous irez !

Cet ikat est pour un homme (motif bleu en long).

Celui-ci vient d’un village au pied du Kelimutu (volcan sacré de Flores). Les motifs jaunes sont en fibres de coco. C’est un petit, la tisseuse a mis 3 mois pour l’achever.

Pour les femmes, il y a plus de choix, mais chaque village a son propre style et les villageois reconnaissent ceux qui ne sont pas de chez eux ! Ainsi, un ikat de la province de Bajawa est différent de celui de Moni et les Indonésiens savent au premier coup d’œil d’où vient celui que vous portez !

Ils sont faits en forme de tube comme un sarong. D’ailleurs, lorsqu’on cherche dans un village ou au marché, on demande un « sarong ikat ». Un tube est plus ou moins large en fonction de plusieurs choses :  certains sont faits pour tenir au chaud, avec des mailles très resserrées, suffisamment grand pour vous enrouler dedans, d’autres sont plus petits (enfants), d’autres encore peuvent vous rafraîchir ! C’est véridique !

J’espère que cet article vous aura donné plus d’informations sur l’art du tissage et qu’il vous aura donné envie d’aller visiter ces endroits magnifiques !

Article rédigé par Clem Latique

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