À 31 ans, Angely est la première femme a avoir été invitée à participer à la compétition de kitesurf de renommée mondiale Red Bull King of the Air qui se tient à chaque année à Cape Town en Afrique du Sud. La compétition a eu lieu le 6 février dernier, réunissant la plupart des kitesurfeurs les plus extrêmes au monde.

Au cours des dernières années, Angely est devenue une source d’inspiration pour beaucoup de kitesurfeuses en raison de ses performances exceptionnelles. J’ai eu la chance de discuter avec elle, moins de 48 heures avant sa performance. 

Dans des conditions extrêmes tu reçois les éléments en pleine face et c’est intense, c’est de l’adrénaline à l’état pur.

Angely Bouillot, kitesurfeuse professionnelle
Frénésie pré-compétition

Angely, félicitations pour ton invitation au Red Bull King of the Air!

Quelle a été ta préparation pour la compétition?

Merci! Je n’avais pas vraiment de plan, mais au final je suis pas mal allée à l’escalade et à la salle de gym pour faire surtout le haut du corps. J’ai aussi fait de la corde à sauter et je suis aussi allée courir dans les escalier, mais là j’ai arrêté parce que c’est un peu violent.

Angely en mode préparation, King of the Air 2020
La préparation du matériel fait partie de la vie de tous les kitesurfeurs, même les pros

Qu’est-ce qui t’attire dans le Big Air?

J’adore, ça me fait réellement plaisir! C’est juste du bonheur. Ça me met dans un état second. En fait, contrairement à ce qu’on peut penser, je suis quand même cérébrale et j’ai tendance à trop réfléchir. Du coup, ce que j’aime dans ce sport c’est que quand les conditions sont extrêmes, tu es à fond dedans quoi, tu ne peux pas réfléchir. Du coup, c’est un état de liberté. Tu es vraiment dans le moment présent. Dans des conditions extrêmes, tu reçois les éléments en pleine face et c’est intense, c’est de l’adrénaline à l’état pur. Après une session comme ça, je me sens toute légère.

Angely, King of the Air 2020
Angely qui vole au dessus de la foule au King of the Air 2020

Pourquoi crois-tu qu’il y a moins de femmes dans cette discipline?

Je crois que c’est parce qu’il n’y a pas de femmes qui se sont vraiment entrainées encore pour ce genre de compétition. Mes copines par exemple, elles n’aiment juste pas vraiment le vent fort, elles ne se font pas plaisir. Du coup, si tu ne te fais pas plaisir, tu n’as pas envie de pousser dans cette direction.

Est-ce que tu crois que ça pourrait augmenter?

Déjà en ayant une femme dans un évènement avec la visibilité comme King of the Air, c’est comme ça que ça commence. Il faut toujours qu’il y ait un début, une première personne. Après ça peut donner aux autres l’envie de s’entrainer pour ça. Depuis, j’ai déjà eu plein de messages de femmes qui disaient que ça les inspirait à s’y mettre aussi. Ça me fait un peu bizarre quand même. Je ne me vois pas vraiment comme une source d’inspiration. 

Angely Bouillot, King of the Air 2020
« Kite-loop board-off », l’une des figures les plus difficiles à effectuer

Mais s’il y a plus de femmes qui s’y mettent, c’est certain qu’elles y arriveront aussi. Il ne faut juste pas avoir peur de se crasher et de perdre quelques neurones (rires).

Qui sont tes sources d’inspiration alors?

Pas du tout dans le milieu du kitesurf. C’est plutôt les gens dans le milieu artistique. Ça m’a toujours inspirée de voir les gens libres avec eux-mêmes. Ce sont des trucs que je n’arrive pas encore à avoir, mais auxquels j’aspire. Les danseuses gypsy ou les musiciennes par exemple, je les trouve magnifiques.

Après Cape Town, quelle est ta prochaine destination?

Je rentre en France pour terminer mon camion (Mercedes Vario 512; 5 cylindre, 120 chevaux). Il me reste des fenêtres à ajouter, et faire la douche et le salon. Je devrais, en fait j’espère, pouvoir le finir en un mois. J’aime beaucoup la mer, mais je suis une montagnarde à la base donc, dès que c’est terminé, je file à la montagne. J’ai vraiment hâte d’aller en snowkite. L’Irlande cet automne me parle beaucoup aussi!

Comment es-tu devenue nomade?

Je ne viens pas d’une famille de nomades. J’ai eu une enfance comme tout le monde. Avant de commencer le kite par contre, j’étais tout le temps avec des gens avec un style de vie nomade. Même s’il n’étaient pas du tout gitans à la base, ils le sont tous devenus.

Comme quoi tu peux venir d’une famille complètement normale et devenir quelqu’un de complètement spécial.

Et moi aussi. Comme quoi tu peux venir d’une famille complètement normale et devenir quelqu’un de complètement spécial.

Qu’est-ce que tu aimes le plus de ce style de vie?

C’est de pouvoir avoir ma maison où je veux. Comme ça je peux combiner mes deux passions: le kite et la couture. En suivant la côte l’été et la montagne l’hiver, ça me permettra de kiter quand il vente et d’être dans mon atelier quand il ne vente pas. C’est vraiment la vie que je préfère. De pouvoir bosser dans mon petit atelier, faire chauffer le poêle à bois, au milieu de la montagne, avec la vue…

Est-ce qu’il y a des côtés plus difficiles?

Pas vraiment en Europe, mais en voyageant seule, ça arrive de rencontrer des gars un peu étranges quand même. Avant, j’avais ma chienne avec moi et elle me protégeait énormément.

Quelle est la suite pour toi?

Pour le moment, je suis toujours dans le kite pour mes années de jeune chien fou. Je vais me mettre un peu plus à la couture et on verra la suite. C’est sûr que le côté artistique, je pourrai le faire toute ma vie.

Magnifique artiste, nomade et adepte de sports extrêmes
Son style? « Je m’inspire beaucoup des mangas. Pas Sailor Moon (rires), mais plus la princesse Mononoke. J’aime bien les trucs plus amples… donc un peu à la Mad Max, sport, rap aussi. »

Article par José Denis-Robichaud

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