La pluie qui tambourine sur le toit du van me réveille, le thermomètre au pied du lit (dans la cuisine) indique 8˚C.

Je cale ma tuque sur mes oreilles et la seule chose à laquelle je peux penser c’est: “On aurait donc dû installer une chaufferette avant de partir pour l’Irlande!”

Ben oui, on est partis à la fin septembre, mon chum, un de nos amis, pis moi, à la recherche du vent et des vagues de l’Irlande, avec 2 vans, 8 surfs (+ 4 “twintip” et 3 “foils”), 14 kites et nos wetsuits 5/3 avec capuchons et bottes en néoprène.

La vie de nomade

Pour la moitié du prix de la traversée de deux heures qui relie l’Angleterre à l’Irlande (on essaie de voyager à petit budget), on a donc pris la traversée de Cherbourg en France. Dix-sept heures d’insomnie cacophonique, malgré une mer d’huile, qui nous ont amarrés à Rosslare, au sud-est de l’Irlande.

Le plan: utiliser les algorithmes météorologiques et les cartes topographiques pour trouver les meilleures vagues et les meilleurs vents sur la côte ouest irlandaise pour kitesurfer. 

La réalité: à chercher “le meilleur”, on a souvent fini par conduire toute la journée. Comme la côte ouest se compose de baies et de fjords profonds exposés aux tempêtes qui viennent de l’Atlantique, chaque “peut-être que la prochaine pointe aura un meilleur angle et que les vagues seront mieux” ajoutait une heure de route, chaque “le vent devrait être meilleur de l’autre coté de cette montagne” en ajoutait deux ou trois.

Toujours à la recherche de la « meilleure vague »

On a quand même réussi à les trouver, les plus beaux points de vue pour kitesurfer, les plus belles vagues, les pires tempêtes ! On a vu le vent et la mer se déchaîner sur des falaises à couper le souffle, des dunes, des rochers, des plages:

La première tempête, Inch Beach

Christian, quelques minutes avant de s’aventurer en mer pendant la tempête Helene

On s’est d’abord rendus à Brandon Bay dans l’espoir de trouver un terrain de jeu pour la tempête atlantique Helene qui se dirigeait vers l’Irlande. Comme mon chum se prépare pour sa prochaine compétition (RedBull KOTA 2019), le vent annoncé de 40 noeuds nous semblait, en théorie, idéal pour l’entraînement. En arrivant dans le comté de Kerry par contre, on a réalisé que, bien que magnifiques, les plus hauts sommets du pays causeraient des vents tourbillonnants dans la baie (qui sont définitivement un problème pour les sauts extrêmes en kite).

On avons donc traversé le col de Conor vers Inch. Où l’on a trouvé Helene.

Croyez-moi, sortir en mer dans des rafales de vent de 50 noeuds (93 km/h) un peu trop “onshore” pour kitesurfer, ça prend du talent et de la témérité.

Pendant que les gars “s’amusaient” sur l’eau, j’ai expérimenté pour la première fois la photographie sous un soleil liquide. Eh oui, la grisaille et la pluie rendent difficile la capture de la beauté de ce pays (et parfois, soyons honnêtes, l’appréciation de la #vanlife).

Megaloop dans 50 noeuds, Inch

À la recherche du vent perdu

Pendant la semaine qui a suivi Helene, le vent s’est dissipé et les vagues aussi.

Avec un espoir un peu naïf, on s’est mis à explorer la côte: de Castlegregory à Belmullet, en passant par Lahinch… 600 km plus tard, on a passé [beaucoup] plus de temps sur la route que sur les vagues. Ce road trip un peu involontaire nous a tout de même permis d’admirer, pendant les éclaircies, les magnifiques paysages que la côte ouest a à offrir et de passer du bon temps entre amis.

Visite touristique, falaises de Moher

“Battle for the Lake”, Achill Island 

Le vent est revenu un peu avant “Battle for the Lake”, évènement annuel pendant lequel sont couronnés le roi et la reine du lac Keel lors d’une compétition amicale de kite.

Toujours sous un soleil liquide, la fin de semaine se déroulait sous le thème du vent et de la musique.

Steven qui vole la vedette pendant une démo

Les sportifs ont offert les représentations de jour et les artistes celles de nuit. Mention spéciale à Aindrias de Staic & the Latchikos qui ont offert une prestation des plus exaltantes, dans une langue locale colorée (sérieusement à voir).

Le dimanche nous a même (enfin) offert des conditions de vague presque parfaites pour kitesurfer. Même le froid et mon wetsuit mouillé n’ont pas pu me décourager pour une [courte] session.   

Enfin une droite, Keel

#vanlife

Je ne sais pas pour vous, mais je trouve que chaque voyage, chaque expérience m’en apprend un peu plus sur moi-même et sur mes limites:

    • J’adore m’endormir avec le bruit des vagues et me réveiller avec une vue sur l’océan
    • Sous 10˚C, c’est trop froid pour dormir
    • J’ai besoin d’une douche aux 3 jours pour être heureuse
    • La pluie quasi-perpétuelle peut affecter mon moral, mais le soleil liquide a aussi une beauté inhérente qui m’émerveille et me rend heureuse. 

Arc-en-ciel au lever du soleil, Easky

Les petites routes sinueuses du pays ont fait partie du charme de ce voyage, mais si jamais vous n’avez pas le temps d’explorer les recoins de la côte ouest, voici mes incontournables:

Les plages de Maharees et Castlegregory (Brandon Bay): pour la beauté de cette petite pointe et des montagnes qui l’entourent, pour apprendre le surf ou la planche à voile (Jamie Knox Watersports), et même kitesurfer (selon la direction du vent, bien sûr).

Doonbeg: pour faire du surf et kitesurfer avec une vue sur le chateau de Trump… avant qu’il ne construise un mur (au frais des surfers?). Je l’avoue, c’est un peu de mauvaise foi de ma part: c’est effectivement son plan, mais c’est pour prévenir l’érosion de la côte… tout de même un peu ironique, non?

Lahinch: destination plus populaire (et bondée) que mes autres choix… mais l’énergie de ce petit village côtier m’a charmée. Bon endroit pour apprendre à surfer, pour aller faire quelques longueurs à la piscine municipale (et prendre une douche) et pour boire un bon café (Dodi Cafe).

Les falaises de Moher: des falaises en Irlande, il y en a partout. On a découvert celles-ci par une journée sans vent et sans vague… mais je ne sais pas si ce sont vraiment les plus belles de la côte. Pour les marcheurs, c’est probablement l’un des plus long sentier (20 km) et la vue est spectaculaire!

Easky/Sligo: plusieurs options pour les surfeurs expérimentés (point breaks) et pour les débutants. Ce n’est pas un secret bien gardé et les lineups sont souvent bien remplis, mais tout le monde est sympathique et civilisé (en octobre du moins).

Article par José Denis-Robichaud

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