Avertissement
Ce texte ne contient aucune photo de baobab ou de lémurien.

Avant de partir pour Madagascar, mea culpa, je ne m’étais pas vraiment informée sur le pays. Je partais avec deux amies et nous avions comme plan de ne pas vraiment avoir de plan. Nous savions que les déplacements dans le pays seraient difficiles, mais c’était à peu près tout.

J’avais donc en tête King Julian (du film), les forêts et réserves naturelles magnifiques, l’eau couleur émeraude, le kite… Disons que je me suis pris un bon choc culturel.

J’aimerais d’abord vous donner le contexte que je n’avais pas avant d’arriver, au cas où ce serait la seule chose que vous lisiez avant d’y voyager: Madagascar est le 4e pays le plus pauvre au monde. Avec un PIB de 424$ par habitant (Banque Mondiale, 2018) et 71% de la population vivant avec moins de 2$ par jour (Banque Mondiale, 2012), la pauvreté est monnaie courante. De plus, 40% de la population a moins de 14 ans et près de la moitié des jeunes entre 14 et 18 ans ont au moins un enfant.

Enfants malgaches, hauts plateaux ~ Madagascar

En sortant de l’aéroport à Antananarivo (Tana pour les intimes), nous avons donc vite réalisé l’implication d’être des vazahas (étrangers) à Madagascar. On se fait presque enlever nos bagages des mains pas des porteurs et des enfants nous demandent des pièces ou des bonbons. Ce n’était, malheureusement, qu’un avant-goût de ce qui nous attendait pour le reste du voyage.

Full disclosure

Loin de moi l’idée de dépeindre une image complètement négative de ce pays ou son peuple. Sincèrement, la nature y est magnifique, voire paradisiaque. Ma vision est probablement biaisée par mon court séjour et le choix des destinations (plutôt touristiques) que nous avons fait. En résumé, je me suis souvent sentie impuissante face à la pauvreté des malgaches. Comme si la différence était trop importante pour même pouvoir entrer en contact avec les gens. Si vous avez eu une expérience différente, je serais vraiment curieuse de savoir ce que j’ai manqué!

Voici donc un aperçu des régions que nous avons visitées, avec leurs défis, mais aussi leurs incontournables.

Antisiranana et sa mer d’émeraude

C’est où? Province d’Antisiranana, nord-est de Madagascar. Ville principale: Diego Suarez. 

Comment s’y rendre? Vous avez le choix de prendre un vol vers Antisiranana/ Diego Suarez (~ 250$ pour un aller-simple; printemps 2019) ou de louer une voiture. Les 1,200 km entre Tana et Antisiranana peuvent, selon la légende, prendre jusqu’à 3 jours à parcourir. Comme notre temps était un peu limité, nous avons pris la première option.

La baie de Sakalava est une destination de kite prisée en raison des alizés qui offrent un vent constant de mars à novembre. La baie offre toutes sortes de conditions: chop, flat-ish (à marrée basse), vagues (side-onshore). J’ai trouvé une superbe droite (side-offshore) à la mer d’émeraude, et s’y rendre est une aventure en soit: on s’y rend en petit bateau à voile (le genre qui ne viendra pas vous sauver si votre session tourne mal… et qui revient en mode semi-sous-marin lorsque le vent monte). Au menu: plongé en apnée, plage, kite (pas pour les débutants) et poisson grillés. Les couleurs sont époustouflantes et la tranquillité des petites îles digne de Robinson Crusoe. Ce fut définitivement mon coup de coeur dans cette région.

Il y a également de nombreuses randonnées à faire aux alentours de Diego Suarez et la faune et la flore y sont, comme partout à Madagascar, magnifiques. Cette vue de la montagne des Français devrait vous en convaincre… 

Vue du sommet de la Montagne des Français ~ Madagascar

Où séjourner? De nombreuses options d’hébergement sur la plage sont disponibles, mais c’est définitivement un endroit où vous ne croiserez que des touristes, ou presque. L’ambiance de vacances balnéaires est à l’honneur et le rhum arrangé et la plage paradisiaque pourraient y être pour quelque chose. 

Tana, la capitale dans les montagnes

Antananarivo est un point de transit incontournable pendant votre séjour à Mada. Pour passer d’une région à l’autre, il faut souvent prévoir une ou deux journées. En effet, les vols intérieurs sont réputés pour ne pas arriver à l’heure (ou même la journée) prévue. Il est donc recommandé, par exemple, de revenir au moins 24h avant votre vol de retour pour ne pas manquer ce dernier.

Où habiter? Pour votre séjour dans la capitale, je ne peux que recommander Chez Aina. Accueil chaleureux, chambres confortables et souper qui en vaut le détour.

Quoi faire? La capitale est construite sur un terrain plutôt montagneux. Les points de vue sont donc à couper le souffle, qui sera déjà court si vous décidez, comme nous, de faire la découverte de la ville à pied. Outre les incessantes demandes pour de l’argent et des bonbons, nous nous sommes senties plutôt en sécurité pendant nos aventures pédestres. Un seul duo malgache s’est avéré plus harcelant, sans être vraiment menaçant.

Si l’histoire vous intéresse, le musée de la photographie présente de courtes vidéos sur différents aspects du passé et des traditions de Madagascar. Ma tradition étrange préférée: servir à ses invités un mélange de miel, patate douce et cheveux de bébé pour accueillir un enfant dans la société. On n’avait rien vu avec notre cheveux sur la soupe! 

La RN7, apportez votre tuque!

C’est où? La route nationale 7 traverse les hauts plateaux au centre du pays, d’est en ouest (du moins, nous l’avons traversé d’est en ouest): de Tana à Tulear. Et quand je dis hauts plateaux, il faut s’imaginer la pluie et le froid qui viennent avec! En n’ayant pas de plan, nous n’avions pas prévu que la température serait inférieure à 10˚C… Je dois dire que j’ai regretté de ne pas avoir ma tuque et mes bas de laine!

Comment traverser? Il est fréquemment déconseillé aux touristes de louer une voiture sans chauffeur… Et lors de notre séjour, les coûts étaient presque les mêmes. Nous sommes donc parties avec Lala (comme le Teletubies) pour 7 jours de route entrecoupés de randonnées dans la forêt humide, les canyons et les parcs nationaux. Si vous négociez pour une telle aventure, les coûts incluent la voiture et le chauffeur, mais jamais l’essence, que vous devrez payer en cours de route.

Nous avons vite apprécié voyager avec Lala, puisqu’il connaissait bien les routes tortueuses à emprunter. Il avait, en plus, de bonnes recommandations où dormir et manger qui convenaient à notre budget.

Sur cette note, comme nous traversions la RN7 juste après la très touristique baie de Sakalava, nous nous sentions peu en contact avec la culture malgache. Nous avons donc demandé à Lala d’arrêter dans des restaurants où les locaux allaient. Question d’aller à la rencontre des malgaches et de leur culture culinaire. Malchance peut-être, mais nous avons fini toutes les trois avec une intoxication alimentaire explosive. Nous avons récupéré après quelques jours, mais nos plans de randonnées dans la réserve de Ranomafana ont dû être flushés, littéralement. 

Nous avons tout de même réussi à faire les randonnées à Anja, Isalo et Zombitse. Paysages magnifiques et lémuriens à volonté.

Bien que très mignons, les lémuriens sont des animaux sauvages. J’ai été grandement déçue des touristes qui les nourrissaient sans gêne, malgré les pancartes et les avertissements des guides locaux. Sans vouloir être moralisatrice, il y a plusieurs raisons pour ne pas nourrir les animaux sauvages… Soyez des touristes responsables!

Touristes nourrissant un lémurien ~ Madagascar

Anakao, comme seules au monde

Au bout de la RN7 se trouve Tulear. Outre ses marchés bondés (rats inclus), cette ville côtière permet de se rendre à Anakao où nous avons terminé notre périple avec le soleil, l’océan et la tranquillité. Nous y avons loué une maisonette sur la plage où nous pouvions cuisiner les poissons et crustacés achetés aux pêcheurs locaux.

Maison sur la plage, Anakao ~ Madagascar

Encore une fois, nous avons été confrontées à l’impossibilité de “jaser” avec les locaux. Les enfants demandent des bonbons, les adultes de l’argent. Je me suis souvent demandé pourquoi les vazahas aimaient tant donner des bonbons et des cadeaux. J’ai l’impression que ça a établi une relation un peu malsaine entre les habitants d’un endroit et ses touristes. J’aurais aimé avoir une solution, pouvoir contribuer au développement du pays… mais les politiques semblent privilégier les riches et les expats.

Bref, Madagascar a un potentiel incroyable, mais je n’ai vu que ses enfants souffrant de malnutrition, ses injustices, ses inégalités. Je ne peux qu’espérer que ça change et que le tourisme et les ressources naturelles puissent être utilisés comme moteur de développement économique pour sa population.

Êtes-vous déjà revenu amère d’un voyage que vous imaginiez magnifique?

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Article par José Denis-Robichaud

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