Qu’est-ce qu’une auberge de jeunesse? Cela fait 15 ans que je voyage dans des auberges de jeunesse et, aujourd’hui, j’ai l’impression qu’on a oublié l’essence même de ce type d’hébergement… Voici donc un court article pour rafraîchir la mémoire des uns et éduquer les autres.

Les premières auberges de jeunesse auraient été créées au début du siècle, en Allemagne, autour d’une idée généreuse et novatrice : « permettre aux jeunes de découvrir le monde en apprenant à se connaître ». Elles seraient ensuite apparues en France, sous l’impulsion d’un humaniste : Marc Sangnier. Les principes fondateurs des auberges de jeunesse auraient été les suivants : neutralité politique et accueil de toute la jeunesse sans distinction afin de favoriser l’amitié et la paix, éloge du voyage et de la nature. Quelle belle et noble mission non?!

Pour ce qui est de la Fédération Unie des Auberges de Jeunesse, elle définit les auberges de jeunesse comme étant des hébergements s’articulant autour d’espaces partagés et offrant des lieux de vie authentiques. Elle les définit également comme des hébergements accessibles où la rencontre et l’échange interculturel devraient pouvoir permettre à ceux qui y séjournent de s’enrichir des différences de l’autre. La Fédération Unie des Auberges de Jeunesse croit que c’est à travers la rencontre et le dialogue interculturel entre les jeunes voyageurs que naîtra la paix.

Alors voilà, ça c’était la partie factuelle de l’article, j’espère que tu comprends maintenant mieux ce qu’est une auberge. Voici maintenant la partie plus personnelle, la partie dans laquelle je vous parle dans le blanc des yeux et où je mets les points sur les « i ».

Si tu choisis de venir t’héberger dans une auberge de jeunesse, s’il te plaît, ne me parle pas d’intimité. Si tu choisis de louer une chambre à 24$ la nuit, s’il te plaît, ne me parle pas de confort. Si tu choisis de venir passer une nuit dans la capitale d’un pays, s’il te plaît, ne me parle pas du bruit des voitures ou de la lueur du lampadaire. Si tu choisis un hébergement composé de salles de bain partagées, s’il te plaît, ne t’attends pas à ce que la douche soit nettoyée après que chaque personne y soit passée. Si tu choisis l’hébergement le moins cher, s’il te plaît, ne me parle pas du déjeuner qui n’est pas assez copieux.

Dis-moi, au fait, pourquoi as-tu choisi une auberge de jeunesse? Si le fait de venir rencontrer des gens de partout dans le monde ne fait pas partie de ta réponse, peut-être as-tu mal choisi ton hébergement?! Si c’est pour le prix, et bien désolée de t’apprendre qu’à 24$ la nuit, ton intimité sera probablement violée, ta tranquillité certainement dérangée, ton déjeuner sûrement léger, ta douche oui un peu écourtée, ton confort légèrement diminué… mais si tu prends le temps de lever les yeux un peu et de regarder autour de toi, peut-être découvriras-tu un monde merveilleux qui a beaucoup à t’offrir. Si tu viens chez moi pour ne pas t’appauvrir, peut-être pourrais-tu en profiter pour t’enrichir culturellement parlant? Peut-être pourrais-tu oublier la couleur de tes draps et apprendre la couleur du drapeau chinois, oublier ta douche froide et en apprendre plus sur le réchauffement des océans, oublier le bruit de la rue et écouter toutes ces nouvelles langues autour de toi, profiter de la trop lente connexion pour te reconnecter à la réalité, celle qui t’entoure.

Bref, ce que je cherche à te dire, c’est que si tu viens chez moi, je t’offrirai mon sourire, mes conseils, le plaisir de partager et peut-être même la compagnie d’un lézard ou l’amitié d’une coquerelle. Et oui… c’est ça la réalité. La Terre est immense et les différences sont infinies… Il y a tant à voir, tant à apprendre et toujours plus à découvrir. Le confort de ton lit, ta douche chaude et hyper propre, ton déjeuner préféré, la tranquillité de ta petite banlieue… tout ça tu le retrouveras bien assez vite. La beauté des auberges de jeunesse, c’est leur imperfection, leur singularité, leur unicité, leur multiculturalité. Chaque auberge te surprendra, en bien et parfois en mal, et c’est ça la beauté de la chose… c’est ça voyager.

Article rédigé par Josée Roy

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