À toi, mon amour de voyage,

Si j’écris cette lettre en français, c’est probablement pour ne pas que tu la comprennes. C’est aussi parce que ça me permet de rêver encore un peu à toi avant de tourner définitivement la page. Dans deux jours, le retour à la réalité sera complet. L’année scolaire recommence, je vais retrouver ces ados qui me font tant aimer mon travail, de septembre à juillet. Passionnée ? Oui. Passionnée de mon travail, mais autant passionnée de découvertes et de voyages. Je suis encore novice, je vis mes premières expériences. J’ai donc vécu mon premier amour de voyage. C’est toi. Toi que j’ai rencontré en Amérique latine. Non seulement je suis tombée en amour avec ta culture, avec ton architecture, avec ta langue, mais avec tout de toi.

“C’est les conditions de voyage, ce n’est pas la vrai vie.” Ouais, je sais ! Ça change rien à ce que j’ai ressenti, à ce que je ressens encore. Je ne pensais pas ce genre de connexion possible entre toi et moi, en si peu de temps. Je ne dis pas que dans un contexte différent, les deux pieds bien ancrés dans la réalité, cette connexion serait la même. J’ose croire que oui, j’ai bien le droit de rêver.

Le voyageur est celui qui se donne le temps de la rencontre et de l’échange. Frédéric Lecloux

Tu sais, je t’ai averti que j’allais couper les ponts. Je te l’ai dit, tu es mon amour de voyage. Tu le sais et tu sais que c’est éphémère. Tu sais que c’est le temps d’un rêve. Tu t’es même demandé si c’en était un. Tu m’as quand même demandé de rester. Même tes étoiles m’ont demandé de rester. Ton ciel, tes montagnes, tes couleurs. Mais tu savais que je partais. Tous les deux, on savait que mes pas dans tes rues traçaient un chemin dans nos coeurs. On a profité de chaque moment, de chaque regard. On savait que j’allais tourner la page. C’est ce que j’ai fait. C’est ce que j’essaie de faire. C’est ce que je dois faire.

Antigua, je t’ai aimée, je t’aime encore. On m’a dit que c’était normal de tomber en amour avec la première rencontre, avec le premier voyage. On m’a aussi dit que je retomberais en amour chaque fois, chaque nouvelle expérience, chaque nouvelle ville. Je ne dis pas que ça n’arrivera pas, ce feeling de bonheur, d’exaltation, comme si tout était enfin à la bonne place au bon moment. Mais je te fais une promesse, Antigua, tu seras toujours mon premier amour de voyage.

Je retourne à mes amis. À mes ados. À mon travail. À l’homme de ma vie.

Adios.

Article rédigé par Shanny Pothier.

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