Byblos et Tripoli sont les deux villes phares du nord du Liban. Pourtant, cette région a bien d’autres trésors à offrir, loin des destinations touristiques. Focus sur le Akkar et la Qadisha.
Des montagnes, de la verdure, des paysages époustouflants et… des routes en mauvais état, ponctuées de vertigineux ralentisseurs. C’est à cela que l’on reconnaît le Akkar, une région rurale du Liban située au nord du pays, plus au nord encore que Tripoli.
Le Akkar, sauvage mais accessible
Pour vous rendre dans cette région, l’idéal est de louer un véhicule pour la journée ou alors de demander à un taxi s’il peut vous accompagner durant votre périple. Si vous êtes nombreux, autour de 4 ou 5 personnes, louer une voiture vous coûtera dans les 20 dollars environ, avec le plein. Les prix d’un taxi sont plus aléatoires, car il faut parfois négocier.
Vous avez choisi votre moyen de transport?
Prenez maintenant la direction de Tripoli et dépassez la ville. Équipez-vous aussi d’un GPS, mais soyez vigilant car, au Liban, la topographie n’est parfois pas très précise.
Il est maintenant temps de vous dire pourquoi il faut se rendre dans le Akkar. Le Liban, comme j’aime le dire, c’est un peu tout et son contraire réunis dans un pays de 300 km de long. Une fois, j’ai entendu un local dire que “La dualité de ce pays est un fléau”. Je dirais plutôt que la dualité du Liban est déroutante, enivrante.
Mettez le cap sur la citadelle Aakar el Atika, aussi appelée la forteresse de Gibelacar. En voici les coordonnées : GPS 34° 31’ 15’ nord, 36° 14’ 16’ est. Une fois que vous aurez aperçu la forteresse, garez votre véhicule et débutez votre périple!
Elle se dresse entre deux gorges, visible de loin. Pour y accéder, tout d’abord, munissez-vous de bonnes chaussures. Si vous craignez les chardons ou autres plantes piquantes, mettez également un pantalon. Pour atteindre la citadelle, il faut descendre le premier versant de la gorge avant de remonter le second. Mais pas d’inquiétude, pas besoin d’être un athlète, il faut entre 25 et 40 minutes pour s’y rendre selon l’endroit d’où vous débutez cette mini-randonnée. Il n’y a pas vraiment de sentier dédié à l’accès de la citadelle, la solution est donc de descendre en faisant attention où vous mettez les pieds.
Si vous êtes chanceux, vous croiserez peut-être quelques enfants ou un berger qui pourront vous aider à trouver le chemin le plus facile.
Soyez vigilant lorsque vous débutez l’ascension du deuxième versant. Il est toujours plus facile de monter que de redescendre, donc si vous vous sentez en difficulté, il faudra envisager un autre itinéraire pour repartir. C’est lorsque vos cuisses commenceront à chauffer un peu et votre respiration à s’accélérer que vous atteindrez la citadelle, telle une récompense à l’effort fourni. Un bloc de pierre au milieu de la nature, symbole d’un temps passé, révolu. Ouvrez grand les yeux et admirez le camaïeu de verts qui s’offre à vous, c’est un instant d’éternité.
Elle est là, au milieu des montagnes, à 700 mètres d’altitude depuis plus d’un millénaire. Si aujourd’hui elle défie le temps, au moment de sa construction elle était un lieu stratégique du Liban. En effet, elle permettait de contrôler les passages entre Tripoli et Homs (Syrie), mais aussi dans la Beeka, une région à l’est du Liban. Au fil des siècles, elle a changé plusieurs fois de propriétaire, jusqu’à appartenir aux Baybars, une famille turque qui y a sculpté des lions. Si vous vous placez face à la citadelle, vous pouvez en apercevoir un, en haut à droite. Il est d’ailleurs facile d’escalader le petit monticule rocheux face à la citadelle pour avoir une vue différente.
S’il est possible de faire le tour de la forteresse, soyez prudent car il n’y a pas de chemin et une glissade est vite arrivée. Selon l’heure de la journée à laquelle vous vous y rendez, vous croiserez peut-être un berger, venu chercher ses chèvres. Un petit moment d’authenticité dans un monde où tout va trop vite.
La vallée de la Qadisha
Il y a mille et une choses à faire et à voir dans la vallée de la Qadisha.
Aujourd’hui, j’ai décidé de vous parler du monastère troglodyte de Qozahya. Au cœur des montagnes, caché, se trouve ce monastère construit dans la roche même.
Situé au sud de Tripoli, à 2h30 de Beyrouth, ce lieu est rattaché à l’ordre maronite. Il existe depuis plusieurs siècles. Il est plus aisé de s’y rendre en voiture plutôt qu’en taxi.
Au Liban, les chrétiens ont été persécutés notamment au IX° siècle. Ils se seraient alors dissimulés dans les grottes pour se protéger. Au fil des ans, le monastère a été construit jusqu’à accueillir près de 300 moines au XIX° siècle.
Aujourd’hui, le lieu a perdu de son influence auprès de la communauté religieuse, mais durant votre visite, vous pourrez peut-être croiser quelques moines qui sont toujours sur le site.
Le lieu est déroutant, construit à flanc et dans la montagne. Le contraste est saisissant entre le paysage vertigineux qui s’offre à vous à l’extérieur et l’ambiance calme et ténue qu’on découvre lorsqu’on pénètre dans les églises construites dans les grottes.
Plusieurs lieux de culte, plus ou moins grands, sont construits dans la roche. Des bancs y ont été amenés pour permettre aux fidèles de se recueillir et des bougies sont allumées. Les églises ont un air de grottes spéléologiques. Le plus déroutant : les photos ou lettres qui sont parfois disposées dans un coin de l’église. Ce sont des hommages à des personnes décédées.
En descendant, on trouve un musée qui possède la plus vieille imprimante du Moyen-Orient, datant du XVII° siècle. Inspirée de la technique de Gutenberg, elle est impressionnante. Il y a aussi des tableaux d’anciennes figures religieuses.
Enfin, si vous voulez faire un peu de shopping, ce musée, dont l’entrée est gratuite, propose aussi de la nourriture libanaise.
En sortant, prenez le temps de regarder sur votre droite et, si vous n’avez pas le vertige, penchez-vous un peu pour admirer les plantations qui s’étendent en contrebas du monastère. Le Liban est un pays fertile.
Ici, contrairement au reste du pays, peu de déchets défigurent le sol. L’Homme semble cohabiter avec la nature et non pas l’écraser. Si le lieu est mentionné dans quelques guides touristiques, il n’est pas pour autant assailli de visiteurs. On peut s’y déplacer aisément.
Si vous avez le temps, il est possible de réserver une chambre dans la région et même d’y séjourner pour faire des randonnées et profiter des paysages.
Article rédigé par Sarah Humbert.
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