Article partagé en rappel

Les grands voyageurs savent qu’explorer la planète n’a pas de fin. Souvent, plus on voyage, plus le nombre de pays que l’on veut visiter augmente. La plupart des voyageurs passent par les classiques : l’Ouest canadien, un voyage de quelques mois en Europe, la tournée de l’Asie du Sud-Est puis le Pérou ou l’Inde. Par la suite, ça se diversifie, et c’est à ce moment où la liste ne cesse de s’allonger. Et c’est après avoir parcouru les classiques que j’ai décidé d’aller en Ouzbékistan.

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Dans les standards d’un backpacker, à 39 ans, je suis pas mal plus âgée que la moyenne. Mais, je vous rassure, pas besoin d’avoir une expérience de voyage très extensive pour se diriger vers l’Asie centrale, une région sûre, abordable et où il fait bon voyager. Il y a tout de même quelques informations qui peuvent être utiles à connaître avant le départ.

L’organisation

Mes vacances sont souvent limitées à trois semaines et, pour rentabiliser mon temps et profiter un maximum de mon voyage, il m’arrive d’avoir recourt à des agences de voyage. C’est ce que j’ai choisi de faire pour planifier mon périple en Ouzbékistan avec mon copain. Toutefois, je choisis toujours des agences locales afin d’éviter de payer l’intermédiaire d’une agence canadienne. Le site Evaneos est souvent un bon endroit où trouver des agences, tout comme les guides de voyages comme Lonely Planet ou Bradt. Dans le cas présent, j’ai décidé de faire affaires avec deux agences, une spécialisée dans les voyages d’aventure, Travel Ornament, afin d’aller faire de la randonnée, et une plus classique, Karavan Travel.  Le fait de passer par une agence nous a aidés côté logistique, mais aussi côté formalités. Nous avons notamment pu obtenir le visa facilement à l’aéroport.

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L’itinéraire

Arrivés à Tachkent en plein mois de juillet, la chaleur était intense, mais sèche donc tolérable. Cette ville est arborée et on y sent bien l’influence soviétique entre les magnifiques mosquées bleues. Même si nos transports et hôtels étaient organisés, nous n’avions pas de guide et voyagions en couple, ce qui piquait la curiosité de bien des gens. En effet, la majorité des voyageurs qui visitent ce pays le font en groupe. Pourtant, le pays se visite très bien en solo et le contact avec les gens de la place est alors très facile. Le seul hic étant la barrière de la langue. La langue nationale est l’ouzbek et la deuxième langue est le russe. Très peu de gens parlent anglais et nous avions malheureusement omis de prendre un dictionnaire russe avec nous. Le premier soir, nous avons donc commandé à l’aveugle des plats sur le menu et nous nous sommes retrouvés à partager une petite brochette et un riz insipide, alors que la nourriture ouzbek est en général très goûteuse et les portions généreuses. Ne voulant pas que cela se reproduise, de retour à l’hôtel, nous avons appris quelques noms de plats que nous pourrions réciter lorsque les communications seraient difficiles.

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Les jours qui suivirent se sont déroulés dans les montagnes. Un guide est venu nous chercher à notre hôtel et nous nous sommes dirigés vers Burchmulla, au nord-est de Tachkent. C’est un endroit prisé des citadins qui vont s’y rafraîchir la fin de semaine. Hormis quelques Russes, nous n’y avons rencontré aucun touriste étranger. J’adore ce genre d’endroit! Le jour, notre fantastique guide Rustam nous emmenait en randonnée dans la région et, en fin de journée, nous revenions dans notre datcha, soit une petite chambre chez l’habitant. Nos hôtes nous préparaient d’alléchants repas, toujours accompagnés de pain traditionnel et de juteux melons. Après plusieurs heures à marcher à la chaleur torride, ces melons étaient une bénédiction! On était également constamment éblouis par les paysages de montagnes et de lacs turquoise. Après 4 jours dans cette région authentique, nous sommes retournés à Tachkent pour prendre un vol vers Khiva, à l’ouest du pays.

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Khiva, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, est une petite ville de 40 000 habitants, dont plusieurs routes sont en terre, et qui fut autrefois un haut lieu de commerce sur la route de la soie. Aujourd’hui, son centre est dense et fortifié et, bien que la ville ait perdu de l’importance, du haut de ses remparts, on peut facilement s’imaginer l’animation qui devait y régner il y a 1500 ans. De nos jours, elle compte près d’une centaine de mosquées et des dizaines de madrasas, toutes rassemblées à l’intérieur de quelques kilomètres carrés, ce qui ajoute à son caractère. Son charme étant unique, cette ville est à mon avis un passage obligé en Ouzbékistan, à partir de laquelle on peut facilement organiser des excursions vers les anciennes forteresses de Ayaz Kala et Toprak Kala, vieilles de plus de 2000 ans et situées dans un décor désertique à couper le souffle.

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Vient ensuite la ville de Boukhara, plus imposante que Khiva, elle conserve tout de même une taille humaine. Quand on se balade dans les ruelles étroites de la vieille ville, il est difficile de marcher plus de 200 mètres sans tomber sur une énorme mosquée étincelante ou encore une madrasa ou un mausolée qui transpire l’histoire de centaines de siècles. Au zénith, la chaleur est insupportable et il vaut mieux se reposer, mais une fois le soleil couché, la ville se réveille et les places centrales s’animent. Les hommes fument la shisha et boivent le thé tandis que les femmes courent après les enfants qui semblent bien éveillés même à 23h! Cela m’amène à vous dire que c’est un pays extrêmement sécuritaire, même une fois la nuit venue.

De Boukhara, nous nous rendons à Samarkand par la route. Contrairement à ce à quoi je m’attendais, Samarkand est la ville qui m’a le moins charmée. Ses mosquées sont impressionnantes, certes, mais c’est une ville moderne sans grand charme. Un arrêt d’une journée nous suffit et nous poursuivons vers Derbent, tout près de la frontière avec l’Afghanistan, où nous logerons chez l’habitant et ferons deux jours de randonnée dans des paysages tout à fait différents de ce que nous avons vu jusqu’à présent. Les environs sont arides et nous longeons des rivières qui coulent au milieu d’apiques montagnes de roches. Encore une fois, le touriste occidental est inexistant et nous faisons de superbes rencontres avec des locaux, dont un qui confond naïvement I love et I like et nous répète sans cesse «I love you trekking», «I love you bread», «I love you geography»!IMG_1570

Conseils pratiques

Le voyage est déjà sur le point de se terminer et nous reprenons la route vers Samarkand puis le train vers Tachkent. Le train est étonnement moderne et rapide et un excellent moyen de se déplacer si vous voyagez avec un petit budget. D’ailleurs, parlant budget, pour 19 jours sur place, il nous en a coûté 3500$ américain pour 2 personnes, tout compris, ce que je trouve très abordable pour ne pas avoir à se casser la tête puisque tous nos transports et hébergements étaient organisés. Le fait d’avoir notre transport nous a également permis d’en voir beaucoup plus que nous ne l’aurions pu en transport public. En randonnée, on a logé chez l’habitant, et ailleurs, dans des petits hôtels de charme 2-3 étoiles. Nos chauffeurs étaient toujours d’une gentillesse extrême et étaient flexibles. Nous étions accompagnés de guides seulement en randonnée et, sinon, nous découvrions les villes par nous-mêmes.

En ce qui a trait à la nourriture, on mangeait facilement pour moins de 5$ canadien par personne dans les restaurants et lorsqu’on décidait de s’acheter pain, fromage et légumes dans les marchés, on s’en sortait pour presque rien. Par ailleurs, il est important de savoir qu’il y a un marché noir de devises qui est très prisé des voyageurs. Nos hôtels pouvaient habituellement changer nos dollars américains à un taux deux fois plus avantageux que celui des banques, ce qui fait que nos dépenses sur place ont été beaucoup moins onéreuses que ce qui était décrit dans les guides.IMG_0936

La religion ayant été interdite durant l’ère soviétique, aujourd’hui, très peu de gens se définissent principalement par leur appartenance religieuse. L’Ouzbékistan est officiellement un pays musulman, mais nous n’avons jamais vu un guide ni un chauffeur prier et, hormis dans les mosquées, il n’est pas nécessaire de se couvrir la tête. L’Islam y est donc très ouvert et modéré. Toutefois, davantage parce que les gens sont prudes, il est recommandé de ne porter ni short ni camisole, mais de s’en tenir aux bermudas et aux chandails qui ne sont pas trop ajustés. Vous vous sentirez tout simplement plus à l’aise.

Finalement, je suis désolée si je viens à mon tour d’allonger votre liste de pays à visiter!

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Article rédigé par Julie Bergeron

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