L’Asie, nous avions le goût de ce continent et nous voulions également le faire découvrir à nos trois adolescents âgés de douze, quatorze et dix-sept ans. Amateurs de jeux vidéo et de nouvelles technologies, le Japon était assurément une destination fort intéressante pour eux, nous avions douze jours à notre disposition et Tokyo s’est présentée comme la parfaite ville pour ce bref voyage d’octobre 2017, celle qui marquerait notre première aventure en sol asiatique.
Tateishi, notre quartier
Nous trouvons un appartement via Airbnb dans le secteur de Tateishi. Ici, les maisons ainsi que les bâtiments sont tous collés les uns aux autres, l’environnement est dénudé d’arbre et même de verdure. L’expérience culturelle se poursuit par la découverte de notre logis, de ses utilités et ses nombreux gadgets électroniques. L’espace est petit mais ultra-pratique, une dizaine de télécommandes traînent sur la table du salon. Au réveil, nous allons chercher des pâtisseries à la boulangerie du coin et le soir, quand nous revenons à l’appartement, nous découvrons cette belle vie de quartier local et authentique.
De nombreux restaurateurs bordent les ruelles sous les lueurs chaudes et tamisées des lampadaires, nous devons user de notre imagination à voir les plats proposés car peu de gens parlent anglais pour nous traduire les menus. Le poisson et les sushis sont évidemment à l’honneur, mais plusieurs plats inconnus se présentent aussi comme des choix des plus appétissants. Quel plaisir que de pouvoir goûter ces plats typiques, cuisine “raw” légère, sans trop d’artifices ni condiments et sauce graisseuse. Leur nourriture, c’est le raffinement dans la simplicité. C’est aussi un peu pour déguster leur gastronomie que nous sommes venus ici, au Japon.
Calme et frénésie
Malgré l’activité des nombreux résidents, passants et véhicules variés, le quartier Tateishi est extrêmement calme et tranquille. Pour nous qui sommes habitués aux fanfares des grandes villes que nous connaissons telles Montréal, New York ou Paris, le choc de culture est grand mais si agréable à vivre. Nous nous ajustons rapidement, impressionnés devant cette ambiance zen qui inspire le respect. Plus tard, nous réaliserons que toute la ville de Tokyo est une grande silencieuse, à l’exception peut-être du secteur électronique de Shinjuku.
Dans ce secteur de Tokyo, des centaines d’arcades et de jeux vidéos s’entassent dans un décor de manga géant multicolore, la musique est pop et l’espace est occupé par des milliers de jeunes gens, tout simplement un petit paradis pour les nôtres qui sont des “gamers” assidus depuis toujours.
Une autre distinction frappante observée à Tokyo est l’absence de culture étrangère, aucun sous-groupe observé durant notre séjour, que des Japonais ou des touristes partageant nos chemins.
Asakusa, temple, restaurant et spectacle
Pour se rendre à Asakusa où pour toute autre visite de la ville, nous utilisons le métro. Respect et calme, tout au long de chaque trajet. Peu à peu, nous devenons comme l’air ambiant, tranquilles et détendus. (Un fait cocasse observé dans certaines stations de métro; à défaut d’entendre les chants des rares oiseaux, des haut-parleurs les remplacent).
Asakusa est connue pour son temple bouddhiste Sensō-ji, construit en l’an 645 et dédié à la déesse Kanon. Les couleurs rouges, noir et or dominent l’espace visuel, l’animation est intense et plusieurs se consacrent à des rituels très codifiés comme se purifier le corps et l’esprit par l’encens entre autres. Plus loin, de jeunes geishas déambulent à travers la foule entre la grande allée commerçante, celle qui fait le pont entre le Kaminarimon (la « Porte de la foudre ») et le Senso-ji. Kimono, confiserie, amulette et porte-bonheur font partie des nombreux souvenirs offerts par les commerçants et moines locaux.
Expérience culinaire au Waenti Kiko
Dans ce même secteur, il y a un restaurant incroyable où le style japonais est honoré à 100%, le Waenti Kiko. Son hôte Kodai est absolument charmant et dévoué pour sa clientèle et son menu est des plus sophistiqués. Les saveurs sont affiliées à la beauté et chaque bouchée est exquise.
Kodai, qui est aussi un musicien de renom, offre un mini-concert de Tsugaru Shamisen durant le repas. Cet instrument traditionnel, que l’on peut comparer physiquement à une guitare, ajoute sérénité et calme à l’ambiance déjà très zen de la place.
En parcourant les ruelles d’Asakusa, des spectacles proposés par la troupe Mokubakan Taishuugekijou s’invitent à notre itinéraire improvisé.
En entrant dans la salle, l’ambiance japonaise Kitsch nous surprend. Le décor, la mise en scène, les costumes, le maquillage et la musique ultra-dramatique nous donnent une étrange impression de replonger dans nos années 80. Les artistes, interprétant geisha et samouraï sont à 95% masculin, mouvements lents, jeux extrêmement amplifiés et naïfs.
Cette forme traditionnelle de danse, pratiquée au Japon depuis plus de 400 ans, se nomme le Nippon Buyo. Pendant les prestations, quelques clients, des femmes d’âge mûr en général, s’approchent des artistes pour accrocher sur leurs costumes quelques billets de yen, étalés en éventail. Surprenant et étrange, mais totalement vrai à Tokyo.
Parc Ueno, musée et temple
Cette zone regroupe plusieurs attraits dont le zoo d’Ueno et le musée national de la nature et des sciences que nous avons pu visiter avec nos trois jeunes. Ces deux visites furent intéressantes mais rien de trop dépaysant à signaler de ce côté. Par contre, les nombreux temples et sanctuaires du parc on su davantage nous séduire.
Le temple Bentendō, qui est recouvert de fabuleux détails animaliers et floraux sculptés et peints de couleurs vives a été celui qui nous a le plus impressionnés. Ses grandes portes dorées frappent le visiteur au premier coup d’oeil. Le parc est également connu pour ses nombreux cerisier sous lesquels les Tokyoïtes se réunissent chaque année durant la floraison du printemps.
Disney Tokyo
Nous marchions toujours sous la grisaille et la pluie, mais un beau matin, le soleil a fait son apparition et, heureusement, cette journée était destinée pour la visite de Disney Tokyo.
Le parc est fidèle à l’original Disney d’Orlando, mais il est harmonieusement adapté à son peuple. Les décors, thèmes et personnages classiques sont asiatisés et c’est fascinant de constater que la culture japonaise s’est assimilée de manière impeccable à cette création purement américaine.
Un autre fait marquant, les manèges! Ils sont si peu effrayants et tellement plus courts en durée, nous étions toujours un peu surpris du peu d’effroi ressenti par ceux-ci.
Partout, la foule ambiante nous interpèle fortement… Par groupes d’environ deux à dix, les jeunes d’ici se distinguent par leurs costumes à thèmes bien définis, nounours, mangas, princesses ultras sophistiquées pour ne nommer que ceux-là. À Disney comme ailleurs à Tokyo, les sensations nouvelles au quotidien sont si dépaysantes que nous avons souvent eu l’agréable impression d’avoir atterri sur une autre planète.
Extrême, Tokyo
Au final, cette grande ville ordonnée nous est apparue comme un beau mélange de contrastes forts et contradictoires. Un lieu où l’introverti côtoie l’extraverti et où le calme cohabite avec la frénésie dans l’abondance ou le minimalisme. Tokyo est comme une personne à caractère fort qui, munie de ses gants blancs, impose le respect à tous ses visiteurs.
Article rédigé par Brigitte Thériault Photographe.
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