Une des merveilles du voyage est le fait de se se sentir hors de sa zone de confort, de découvrir l’inconnu, de sentir des nouvelles odeurs, de voir de nouvelles scènes de vie, d’entendre de nouvelles langues, de se laisser surprendre par une nouvelle culture… C’est la beauté du dépaysement! Parce que le monde est rempli de réalités différentes qui surprennent, confrontent, impressionnent et inspirent. C’est pour ça qu’on voyage, et c’est pour cela que le dépaysement nous attire. On est avides d’apprendre et d’évoluer grâce à cette ouverture sur le monde. Mais à force de voyager, est-ce que le dépaysement s’apaise? À force de se promener autour du monde, est-ce qu’on devient immunisé à l’émerveillement?
Ça nous a fait peur, parce qu’on s’est surprises à être blasées de certaines réalités. Les temples d’Ayutthaya ne sont pas aussi impressionnants après avoir vu les temples d’Angkor. Les plages indiennes ne font pas le poids face aux Maldives. L’Annapurna ne génère pas le même émerveillement que l’Everest. Un orphelinat d’éléphants n’est pas aussi intéressant après avoir fait un safari en Tanzanie. Prendre un tuk-tuk ne nous fait plus rire, ça fait mal aux fesses. La vie dans les aéroports devient une routine au lieu d’un excitement démesuré. On est embêtées par les gens qui nous demandent de prendre des photos avec eux comme si on était l’une des 7 merveilles du monde.
Ces émotions négatives ont grandi petit à petit au fil des voyages. Elles se sont infiltrées tranquillement, subtilement, et ont fini par prendre plus de place qu’on l’aurait souhaité. On a réalisé que tout n’est pas extraordinaire en voyage, et qu’il y a des coups de coeur, mais aussi des déceptions. Et qu’à force de vivre tant de choses exceptionnelles, des déceptions, il y en aurait de plus en plus. Alors oui on a eu la frousse de perdre cette joie immense que les découvertes provoquent! Était-ce le déclin de notre amour du voyage?
Mais on a fini par comprendre. Que non, ce n’est pas la fin, au contraire. Le dépaysement et l’émerveillement sont toujours là, ils sont juste différents. Et en un sens, plus fort. Ils résident maintenant dans les souvenirs et les émotions. Ils ne sont plus autant liés aux choses que l’on visite, mais à tout ce que ces choses représentent. Et on est loin d’avoir tout vu, alors l’inconnu nous surprendra toujours, mais le connu génère maintenant d’autres émotions aussi fortes. La mer nous ramène à ce voyage marquant en Indonésie durant lequel on a pris de grosses décisions de vie. La mélodie de Om mani padme hum nous replonge dans le rues de Thamel qu’on connait par coeur. On réagit différemment à plusieurs situations à cause de tout ce qu’on a vu ailleurs. Une sirène de camion de pompiers ravive le cauchemar de roquettes à Tel Aviv et nous fait réaliser qu’on est bien au Québec. La vue d’une montagne de l’Himalaya provoque un sentiment de paix au lieu d’une montée d’adrénaline. On est davantage déboussolées par une douche chaude que par une douche glaciale. Les odeurs, tellement d’odeurs qui nous font voyager aux 4 coins du monde. Ce nouveau dépaysement, il nous suit partout, même chez nous. On le vit juste d’une autre façon, et ce, à tous les jours. Il faut simplement l’apprivoiser.
Article rédigé par La Fois Que…
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