C’est connu, avec les plus hauts sommets du monde, le Népal est un vrai paradis pour le trekking. On a tendance à penser que c’est une destination exclusivement pour les chevronnés, mais on confirme que c’est un mythe. On est en bonne forme physique, mais on n’est loin d’être des trekkeuses expérimentées. On a que tout récemment développé un amour pour la vie en montagnes, un amour qui est né suite à notre expédition au camp de base de l’Everest. Avec maintenant 3 treks à notre actif dans l’Himalaya, on a appris à connaître les hauts et les bas du quotidien en trek. Voici quelques réalités de ces expériences qui nous ont tant charmées.
Dame nature a toujours le dernier mot
La période de septembre à novembre est la plus achalandée car c’est là où la température y est le plus favorable et, ce, même si on peut ressentir les 4 saisons en une seule journée. Le système vestimentaire multicouche est donc à favoriser. Il n’est pas impossible de marcher en t-shirt sous un soleil tapant pour ensuite dormir à -12 degrés Celsius. Sans aucun doute, il faut être bien équipé, mais que ce soit sous la neige, sous la pluie, sous les nuages ou sous le soleil, l’Himalaya offre des paysages à couper le souffle.
L’altitude, le pire ennemi
Le mal aigu des montages est l’un des pires dangers et il peut se manifester chez n’importe quelle personne qui se trouve à une altitude supérieure à 2500 mètres. On a, pour notre part, essayé de s’acclimater naturellement en prenant les précautions qui nous avaient été recommandées : boire entre 3 et 4 litres d’eau par jour et y intégrer des électrolytes, marcher extrêmement lentement lors des ascensions, ne pas consommer d’alcool ni de café, prévoir des journées d’acclimatation et se garder au chaud. Malgré tous ces efforts, on a été incapables d’empêcher certains symptômes : maux de tête, perte d’appétit, étourdissements, nausées… Bref, lorsque le mal des montagnes nous a frappées, on a compris à quel point ça peut être un vrai problème. Lors de notre première nuit en haut de 5000 mètres, on a dû prendre une pilule de Diamox (médicament sous prescription qui agit en quelques heures seulement). Le Diamox peut aussi être pris en prévention, mais il y a quelques effets secondaires qui font que l’acclimatation naturelle est préférable.
Altitude est aussi synonyme de dispendieux. Plus on monte dans les montagnes de l’Himalaya, plus ça coûte cher, que ce soit la nourriture, l’hébergement, les douches chaudes, les barres de chocolat ou une heure de recharge de batterie de cellulaire. On a même payé jusqu’à 5$ pour un rouleau de papier de toilette. Lorsque c’est possible, il vaut donc mieux faire des provisions dans les villages plus bas.
Vive les Aquatabs et les glucides!
L’eau filtrée est accessible presque partout, mais lorsqu’on atteint 4000 mètres d’altitude, les bouteilles d’eau peuvent se vendre jusqu’à 5$. C’est ici que les Aquatabs (comprimés de purification d’eau) deviennent utiles. Une boîte de 50 tablettes se vend 2$ à Katmandou. S’équiper d’une gourde filtrante ou d’une lampe à rayons ultraviolets est également une bonne solution. Les teahouse ne chargent rien pour remplir les bouteilles d’eau ou, sinon, il y a les rivières…
Il est aussi recommandé d’adopter un régime végétarien, car la viande n’est pas de confiance, considérant qu’elle doit faire le même trajet que nous. L’un des seuls repas végétariens avec protéines est le Dal Bhat, car il contient des lentilles. Délicieux, mais on se tanne vite. Étant donné que l’effort physique quotidien est immense, on a compensé par une alimentation riche en glucides. Vive les pâtes, la pizza et les barres de Snikers!
Monte, descend, monte, descend…
La règle générale d’un trek dans l’himalaya, c’est de monter, descendre… et puis de répéter! On peut monter plus de 1000 mètres pour ensuite redescendre traverser une rivière… et remonter. Le cardio et les genoux ne sont donc pas épargnés. Mais le plus important, c’est d’y aller à son rythme et d’écouter son corps. Ce n’est pas une course, ni une compétition.
Sur le passage, on doit aussi passer plusieurs ponts suspendus dont certains sont plus chambranlants que d’autres. Ils sont inévitables, tout le monde doit les traverser, même les yaks. Le pont le plus élevé qu’on a franchi était suspendu à 180m. Alors pour ceux et celles qui ont le vertige, bonne chance!
Le bouddhisme et l’aspect spirituel
La religion bouddhiste est prédominante au pays et une certaine spiritualité se fait sentir dans les montagnes, comme si nous faisions un pèlerinage. Sur le chemin, on a appris à « parler » à la montagne par les rituels bouddhistes : toujours passer à gauche des roches de prières ou des stupas, respecter le code éthique, tourner les moulins de prières autour des monastères en allant dans le sens des aiguilles d’une montre et en murmurant le mantra Om mani padme hum. Même en n’adhérant pas au bouddhisme, ça prend tout son sens sur la montagne.
Dormir en teahouse
Les teahouse du Népal, c’est un peu le même principe que de rester chez l’habitant et on en retrouve partout le long des treks. C’est là qu’on passe la majorité de notre temps à se reposer, se réchauffer, se nourrir, dormir, avant d’attaquer la journée suivante, énergisées. Malgré que les salles communes soient chauffées, c’est connu, en teahouse, on gèle! Et dans l’optique de sauver le peu de bois se trouvant en altitude, ce dernier est donc remplacé par des crottes de yaks écrasées et séchées. L’odeur est donc assez désagréable, parfois incommodante. Et même si des couvertes sont généralement offertes, avoir un bon sac de couchage est préférable, car la nuit, les chances sont qu’il fera en bas de zéro. Le bruit et le froid ne font pas des nuits très récupératrices. Mais ton voisin de chambre qui ronfle peut par la suite devenir ton meilleur ami et, au lever du jour, les premiers rayons de soleil te font oublier le froid qui gèle les os. Tranquillement, on finit par aimer la vie de teahouse! Et étant tous dans le même bateau, des liens se créent rapidement et on fait de belles rencontres!
Avoir une certaine flexibilité
Dans la plupart des cas, on doit atteindre le point de départ d’un trek dans l’Himalaya soit par autobus ou par avion. Et au Népal, les moyens de transport n’ont pas la réputation d’être fiables. Au contraire, lorsqu’ils sont à l’heure et sans pépin, on voudrait les féliciter. Que ce soit un problème mécanique, le trafic ou dame nature qui refuse de laisser les avions décoller, il faut vivre avec ces facteurs sur lesquels nous n’avons aucun contrôle et qui peuvent facilement prolonger le trek initial de quelques jours. Alors il est préférable de se garder quelques jours de jeu, spécialement à la fin du trek.
Faire appel à un guide et un porteur
Utiliser les services d’un guide (25$/jour) va bien au-delà du simple fait de nous orienter en montagne. Oui c’est pratique, mais en général, les treks sont très bien indiqués et, en haute saison, ils sont tellement achalandés qu’on peut facilement se référer aux gens autour. Un guide ne sert donc pas à montrer le chemin, c’est plutôt une valeur ajoutée. Il se charge de réserver l’hébergement qui peut être un vrai casse-tête (surtout en haute saison), il s’informe de ton état de santé, il s’assure que tu ne manques de rien, il prend le temps de répondre à tes tonnes de questions, il t’émerveille en parlant de son pays… C’est un accès direct à la culture népalaise.
Un porteur (15$/jour) peut transporter jusqu’à 20kg. Personnellement, nous avons pris les services d’un porteur pour notre trek de 13 jours au camp de base de l’Everest, car nous allions en haute altitude et voulions mettre toutes les chances de notre côté. Pour le trek de 10 jours dans la région de l’Annapurna, nous avons chacune transporté notre sac de 10kg, question de budget et de défi. On a sauvé plusieurs dollars, mais on voyait une différence au niveau de notre fatigue quotidienne. C’est donc un choix personnel, selon les priorités.
La redéfinition du confort
Trekker au Népal est l’une des expériences qui nous a le plus sorties de notre zone de confort. À tous les niveaux, il n’y a rien de confortable et, pour se rendre jusqu’au bout, il faut accepter cette réalité. Il faut être prêt à sortir pour aller aux toilettes lors d’une nuit glaciale, à se laver avec des lingettes pendant plusieurs jours, à dormir dans un sac de couchage rempli de tout ce qu’on veut garder au chaud (vêtements, batteries, téléphone), à laver notre linge à la main en espérant que le soleil le sèchera pour le lendemain, à vivre des écarts de température extrêmes, à toujours analyser notre réaction à l’altitude, à marcher plusieurs heures par jour malgré la fatigue… Mais généralement, cet inconfort s’apprivoise très rapidement. Pour notre part, en aucun cas on aurait voulu être ailleurs. C’est dur physiquement et mentalement, mais trekker dans l’Himalaya, c’est vraiment énergisant. Grâce aux paysages qui sont à couper le souffle, aux gens rencontrés avec qui des liens se créent et à l’accomplissement personnel qu’on ressent, ça reste l’une des plus belles expériences qu’on a vécues.
Himalaya, mon amour!
On est vraiment tombées en amour avec ce pays et tout ce qu’il a à offrir. On a encore tant à découvrir et voyager au Népal deviendra sans aucun doute un rendez-vous. On a été inspirées par plusieurs rencontres qui ont plus d’une dizaine de visites à leur actif, nous prouvant que l’amour de l’Himalaya, c’est inconditionnel.
Article rédigé par La Fois Que…
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