C’est une question qui revient toujours dans le monde du voyage : combien de pays t’as visités?

Moi, cette question, elle me fait grincer des dents.

Chaque fois, je dois prendre un moment pour les compter, parce que non, je ne sais pas le nombre par cœur. Et j’ai envie de vous faire une confidence… Le nombre, il importe peu. Le nombre, on s’en balance. Parce que s’il y a bien quelque chose que j’ai appris dans les dernières années, c’est que ça sert absolument à rien de partir à la quête du plus grand nombre de pays. Quand même bien que ta liste est longue d’un mètre, si tu n’as pas su profiter du pays et que tu as couru comme un fou pour tout voir et, ce, le plus rapidement possible, juste pour pouvoir dire que tu as mis les pieds dans ledit pays, veux-tu bien m’expliquer à quoi ça sert?!

C’est un peu comme ces gens qui enchaînent les relations amoureuses les unes à la suite des autres ou les jeunes qui à 14 ans ont déjà tout vécu : à quoi ça sert de tout vouloir faire et voir le plus rapidement possible, sans prendre le temps de déguster les joies de la vie?

Ça me fait également penser à cette jeune femme de 27 ans qui a récemment beaucoup fait parler d’elle dans les médias parce qu’elle est la première à avoir visité tous les pays du monde, le plus rapidement possible, soit en 15 mois. Certains on trouvé que c’était abusif, d’autres se sont exclamés qu’elle avait le droit de faire ce qu’elle voulait. Moi je penche du côté : mais qu’est-ce que cette course à vitesse grand v? Qu’est-ce que les gens ont tant à prouver et qu’est-ce que ça peut tant t’apporter que de devoir courir pour voir ne serait-ce que le bout du nez d’un pays? Avoir eu un budget comme le sien, j’en aurais plutôt profité pour l’étaler sur des dizaines d’années et j’aurais pris le temps de vivre chaque pays.

Le voyage ne doit pas devenir un prétexte de consommation rapide. Le voyage, ça se vit lentement pour pouvoir en retirer tous les bénéfices. Notons ici que j’exclus bien évidemment les gens qui n’ont qu’une semaine de vacances et qui l’utilise pour visiter un endroit ou encore se payer une semaine en tout-inclus pour profiter des vagues et du soleil. Je parle plutôt des voyageurs à long cours, qui s’empresse de tout vouloir voir le plus rapidement possible et qui ensuite tombe dans la vantardise…

Personnellement, j’ai fait le test l’an dernier : j’ai enchaîné une semaine et demie au Guatemala avec 5 jours au Belize puis une autre semaine au Mexique. Mon horaire du temps était chargé à bloc, le stress de tout voir ce que j’avais planifié était omniprésent. On s’est alors promis, mon copain et moi, que plus jamais on allait faire une course pour voir le plus de pays possible dans un court laps de temps. On s’est aussi promis, hormis les petites escales par-ci par-là dans un pays choisi, qu’on allait désormais accorder minimum un mois de notre temps pour visiter un pays. Autrement, on n’a pas le temps de prendre le pouls de l’endroit, pas le temps de réellement profiter et encore moins de décrocher. On se retrouve à courir dans tous les sens pour tout voir, en prenant bien soin d’observer notre montre et le calendrier : ça fait pas grand changement du stress de ton quotidien hors-voyage, sauf les décors qui t’entourent qui sont là pour te rappeler que t’es pas à la maison.

Côté planète, c’est pas la meilleure des idées non plus. À enchaîner les avions les uns après les autres, on contribue à la pollution de notre environnement. Mieux vaut prendre son temps, voir moins de pays, mais repartir avec une vraie idée de l’endroit où tu as posé tes valises. Allez à la rencontre des locaux et comprendre comment ils vivent. Comprendre leur culture et leur façon de penser. À quoi ça sert le voyage sinon?

Moi je pense qu’à voyager plus lentement, on a tout à gagner. Laisse faire le nombre de pays que t’as vus, l’important c’est les expériences et les souvenirs que tu en gardes dans ton cœur!

Article rédigé par Claudia Trudeau 

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