On peut voyager en se déplaçant d’un point A à un point B, admirant les paysages qui défilent. On peut voyager par les papilles, en goûtant les innombrables saveurs des cuisines d’ailleurs. On peut aussi voyager avec la rencontre de l’autre, en échangeant sur nos différences culturelles. L’idéal est d’avoir un amalgame des trois: de beaux paysages, de la bonne bouffe et du monde sympa avec qui jaser.

Mais parfois la vie ne nous permet pas de quitter le nid. Parfois, cette raison est financière et d’autres fois familiale. J’ai vécu cette impossibilité de partir pendant quelques années. Mes enfants sont arrivés dans ma vie un à la suite de l’autre. Je remplissais celle-ci de tâches quotidiennes tout en creusant un énorme vide dans mon cœur. Viscéralement, j’avais besoin du contact de l’autre, de l’étranger. Une légère obsession du « C’est comment chez vous? ». Si je ne pouvais aller voir l’autre dans son pays, cet autre viendrait à moi dans le mien, dans ma maison.

J’ai donc créé ce moment à plusieurs reprises, celui de voyager sans partir de chez moi. De rencontrer l’autre dans ma maison, dans ma cuisine, dans mon salon. De lui prêter un lit l’espace d’une nuit. Je suis heureuse que mes enfants soient entrés en contact avec d’autres langues et d’autres accents. Nous avons échangé sur nos modes de vie, la famille, le travail, les amis.

Famille d’accueil pour étudiant étranger

Mon premier voyage maison fut incroyablement intense et magnifique. Nous avons accueilli une jeune Colombienne venue apprendre le français et l’anglais pendant 10 mois, le temps d’une année scolaire. Cette jeune fille est devenue un membre de notre famille. Plusieurs organismes tel EF ou AFS sont là pour encadrer ce genre d’accueil d’étudiant étranger. Ce fut une expérience enrichissante qui m’a permise d’en apprendre beaucoup sur moi, sur mes limites et sur l’attachement. Je dois vous avouer que son départ fut difficile.

Couchsurfing

N’étant pas prête à ouvrir mon coeur à nouveau, nous avons mis de côté cette forme d’accueil pour quelques années. Mais la découverte de Couchsurfing nous a permis de renouer contact avec le voyage-maison sans trop d’engagement. Nous sommes donc devenus des hôtes couchsurfing occasionnels. Pas de peur ni malaise si on prend le temps de choisir qui on accueille. Mais, afin d’avoir un moment agréable et d’en profiter mutuellement, il est important de clarifier le plus tôt possible vos attentes et vos limites et c’est là que réside la clé du succès.

En ce qui nous concerne, nous adorons recevoir les gens lorsque que nous n’avons pas besoin de nous occuper d’eux. En gros, je n’ai pas envie de vérifier à toutes les 5 minutes s’il leur manque quelque chose. Et je n’ai pas envie non plus d’être mal à l’aise en les voyant ouvrir mon frigo.

Exemples de situations à clarifier:

  • Nourriture: vous achetez votre nourriture que vous pouvez conserver dans mon réfrigérateur. Au besoin, il me fera plaisir de vous fournir certains aliments de base comme le sel, les épices, l’huile…
  • Notre cuisine est la vôtre, vous pouvez l’utiliser tant que vous faites votre vaisselle.
  • Voici votre lit, votre serviette… la douche est là.
  • Pour le moment je ne suis pas disponible, mais j’aimerais beaucoup échanger avec vous ce soir et en profiter pour vous expliquer ce qu’il y a à faire dans notre coin de pays.
  • Avec les enfants nous nous couchons tôt alors je vous demanderais de ne plus faire de bruit à partir de 22h.

Des règles et attentes claires sont souvent les prémisses d’un bel échange.

Les dernière années, nous avons accueilli des Belges, des Français, des Canadiens et même un couple Allemand-Costaricien. Certains contacts ont été tellement agréables que nous nous sommes mis à jouer les guides touristiques et à passer du temps avec eux. Certains sont même devenus des amis.

Accueil étudiants d’échanges interprovinciaux

Autre façon de voyager chez soi: l’accueil d’échanges étudiants. Certains étudiants désirant faire des échanges interprovinciaux se retrouvent parfois bloqués par leur famille qui ne désire pas accueillir l’autre étudiant. C’est pourquoi certaines familles se proposent donc comme bénévole pour l’été. Ainsi, nous avons accueilli une jeune fille en échange d’été avec le YMCA pendant 6 semaines.

Vous voyez comme il est possible de voyager sans sortir de chez soi. Bon, d’accord, le paysage reste le même. Mais le contact avec l’autre nous ouvre les yeux et nous dépayse, nous faisant par le fait-même voyager par le contact avec l’étranger.

Dans les prochaines années, il me reste à découvrir le woofing. Je me trouverai bien quelques tâches domestiques à leur faire faire en échange d’un lit pour quelques nuits. Et ainsi mon besoin de l’autre se comble et, lorsque le sillon dans mon coeur se creuse encore, il me suffit d’ouvrir ma maison, mon coeur et mon esprit pour accueillir l’aventure.

Voyager sans partir, c’est possible!

Article rédigé par Karyne Gagné.

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