Avec les nombreux attentats qu’il y a eu sur toute la surface du globe ces dernières années ou encore avec toutes les déclarations de guerres qui ont été lancées au cours de ce même laps de temps, il me semble que nous avons beaucoup entendu parler de la misère du monde, de comment celui-ci a souffert. Les nouvelles ont su nous montrer qu’elles maitrisaient les mathématiques en nous déballant une tonne de statistiques, toutes plus tristes et accablantes les unes que les autres. Sauf que je ne suis pas là pour vous parler de malheur même si le sujet de cet article y est intimement lié, je suis là pour vous parler d’un individu qui a su transformer ce malheur pour en tirer quelque chose de bien. Et cet individu, c’est Guillaume Vermette.

Pour ceux et celles qui ne le connaissent pas, il ne s’agit pas d’un nomade comme les autres : c’est un nomade humain, un nomade clown, un clown humanitaire!

La naissance d’un personnage

Guillaume a beaucoup voyagé et sur plusieurs continents, mais, à la base, c’est un petit gars de Trois-Rivières. La première fois qu’il a été confronté aux injustices de la vie, il était âgé de 17 ans, comme quoi on n’est jamais trop jeune pour faire une différence et vouloir changer le monde. C’était dans le nord du Québec ; il travaillait là-bas comme animateur, mais finalement son but a été d’apporter un peu d’aide et de réconfort aux Inuits.

«La situation là-bas, très complexe à plein de niveaux, me touchait beaucoup. Je n’avais jamais vu d’enfants aussi tristes et démotivés. Spontanément, je me suis improvisé clown. J’allais à la rencontre des gens, juste comme ça. J’essayais de leur faire passer un bon moment et… ça marchait! C’était magique et vraiment l’fun. Je réussissais à mettre des étoiles dans des yeux qui n’en avaient jamais. Je me suis rendu compte que le clown pouvait avoir un impact positif et significatif sur les autres. Le clown qui fait du bien, le clown qui redonne espoir. Pis sans espoir, y’a rien. C’est là que j’ai commencé à être clown et à rêver d’un clown humanitaire.» 

Une idée naît rarement toute seule, mais, chose certaine, il y a une réaction à toute action : c’est à partir ce moment-là qu’est né le personnage de Yahou.

Des conditions de travail particulières

Guillaume n’a pas de bureau comme la majeure partie des travailleurs au Québec : il travaille au coeur des camps de réfugiés, dans les zones de guerre, dans les orphelinats, dans les hôpitaux. Il n’oeuvre pas dans le but d’avoir un bonus à la fin de l’année, mais il travaille à temps plein en investissant corps et âme afin de pouvoir fournir à des enfants quelques heures, voire même quelques minutes de répit dans leur enfance chaotique.

«Les enfants eux n’ont pas peur. Ils sont en sécurité. Ils sont dans cette place magique où on les transporte à chaque spectacle. Cet endroit où tout devient possible. Cet endroit qui préserve leur enfance. Alors on se donne comme jamais.»

Guillaume a pour paye seulement les sourires qu’il peut tirer aux enfants. Il ne gagne pas de sous pour ce qu’il fait. Il est clown à temps plein.

Il fait des partenariats avec des compagnies pour se nourrir et fait également des campagnes de financement afin d’amasser de l’argent pour pouvoir continuer de distribuer de l’espoir. Parce qu’on a beau dire le contraire, on le sait tous au fond de nous-mêmes que c’est l’espoir qui nous maintient en vie et les personnes qui se trouvent dans les camps de réfugiés ont parfois oublié ce qu’est la joie. Pour les mauvaises langues qui diront que Guillaume demande de l’argent pour voyager, j’aimerais simplement vous dire qu’il a déjà investi de sa poche entre 10 000 et 15 000$ par année dans l’humanitaire. Le tout provenant de son salaire de clown.

L’importance de poursuivre ses rêves

Après son temps passé dans le nord du Québec, Guillaume savait précisément ce qu’il voulait faire : il voulait être un clown humanitaire! Il est donc parti à la conquête de ses rêves en débutant des études en psychologie. Par la suite sont venues les études en théâtre clownesque et les formations de cirque.

Guillaume avait même sa propre compagnie d’animation et il faisait déjà quelques voyages humanitaires par année.

«En janvier dernier, j’ai pris un risque : j’ai vendu ma compagnie et j’ai décidé d’essayer de réaliser mon plus grand rêve, soit de ne faire que de l’humanitaire à temps plein! Suivre ses rêves et ses passions, ça fait souvent peur… mais il n’y a rien au monde qui fait plus de sens et qui rend plus heureux. La vie est trop belle et trop courte pour ne pas au moins essayer.»

Jusqu’à maintenant, il a déjà visité plusieurs pays, soit le Grand Nord québécois, les États-Unis, la France, le Pérou, Cuba, Haïti, la République dominicaine, le Royaume-Uni, l’Italie et Sardaigne, l’Espagne, la Bulgarie, la Birmanie, le Burkina Faso, la Russie et l’Ossétie du Nord, la Grèce, la Jordanie, la Thaïlande, le Japon, l’Autriche ainsi que les Pays-Bas. Il s’agit tout de même d’une liste plus que respectable.

Sur les traces de Guillaume

Il s’agit d’un individu qui est extrêmement généreux à travers les médias et sur les réseaux sociaux, principalement au travers de sa page Facebook et de son site web. Il écrit bon nombre d’articles sur ses expériences et sur ses états d’âme. Il anime également des conférences sur l’aide humanitaire, mais aussi sur l’anxiété, puisque c’est un problème auquel il doit faire face tous les jours.

Avant de publier cet article, je l’ai relu souvent. Je l’ai relu souvent parce que je voulais qu’il soit parfait, je voulais qu’il soit en mesure de rendre honneur à cet individu qu’est Guillaume Vermette. Parce que ce qu’il accompli chaque jour est, à mon humble avis, digne de mention. C’est un homme, tout ce qu’il y a de plus simple, mais il s’agit d’un homme qui consacre son temps et son énergie à accomplir des choses exceptionnelles. Parce que quand on a le pouvoir de faire sourire les autres, alors oui, on devient quelqu’un d’exceptionnel.

À force de voyager, on apprend beaucoup de choses et l’une d’entre elles c’est que de donner de soi-même est quelque chose qui coûte peu. Quelqu’un a dit un jour que les clowns étaient les médecins de l’âme. Nous ne pouvons pas tous être clown, mais tout comme Guillaume, nous pouvons faire une différence. Et si l’on ne sait pas comment en faire une soi-même, nous pouvons au moins encourager ceux qui le savent et qui agissent.

Article rédigé par Élodie Beauvais

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