Si tu lis ces quelques mots, c’est parce que tu es un mordu de voyage. T’es peut-être de ceux qui possèdent tous les Lonely Planet et qui sont seulement allés pas plus loin que le coin de la rue ; tu viens peut-être de revenir et t’es encore sur ton petit nuage ; tu fais peut-être partie de ceux qui sont expatriés ou à l’autre bout du monde en ce moment même. Sinon, t’es celui qui veut repartir et qui attend, soit un bon coup de pied, soit quelque chose qui va lui faire prendre conscience à quel point la vie de nomade le rend heureux et qu’il ne pourra pas faire autrement que de repartir.

Parlons-en d’être heureux. Est-ce que tu t’es déjà senti plus vivant que lorsque t’es en voyage? Est-ce que l’idée de partir sur un coup de tête t’a déjà effleuré l’esprit? Est-ce que tu te dis que ça va passer? Par-dessus tout, est-ce que tu te crois quand tu te dis que ça va passer? Michelle Guérin a dit un jour : «Se mentir à soi-même, le meilleur moyen de ne pas se trouver». Et de l’autre côté, les voyageurs disent le faire pour se retrouver. Pas se mentir, mais voyager. Alors si tu te brainwash en te disant que ça ne compte pas tant que cela pour toi, ça en revient à dire que tu refuses d’en apprendre davantage sur toi-même.

T’as raison de penser que cet article ne t’apportera pas la raison ultime, ce n’est pas les dieux du voyage, Hermès ou Mercure, qui l’ont écrit : c’est juste une pauvre fille qui rêve de voyage un peu trop et qui a écouté beaucoup trop de fois «2 Frogs dans l’Ouest» en se disant qu’elle n’était probablement pas la seule. Sauf que les maux, surtout celui dont tu souffres, ne naissent pas seuls tu sais et les légendes, celles dont tu as entendu parler en traversant des terres inconnues ou en regardant des films, ne s’entretiennent pas toutes seules non plus. Ça prend quelqu’un pour se rendre compte que c’est une maladie, une drogue, de voyager. Ça prend quelqu’un pour les vivre ces histoires-là pour qu’elles aient la chance de devenir des légendes.

Et si on te demandait si tu as déjà mis fin à une relation ou empêché qu’elle débute en utilisant le mot voyage dans ton excuse, qu’est-ce que tu répondrais? Et si on te demandait si tu regardes les billets d’avion au moins une fois par semaine tout en sachant très bien que tu n’as pas de vacances, qu’est-ce que tu répondrais? Est-ce que tu as déjà fait une demande de congé en ayant une lettre de démission juste aux côtés de tes rêves dans le fond de tes poches? Tu sais, il y a les choses qui changent et les choses qui ne changent pas. Si t’es rendu là, ça ne changera probablement pas de sitôt…

Juste par curiosité, combien de fois as-tu vécu quelque chose en disant : «on pourrait faire un film là-dessus», ou encore «ça, faudrait le couper au montage»? S’il te plaît, c’est entre toi et toi-même. Tu pourrais être honnête pour une fois.

Fais abstraction des autres. Donne-toi donc la permission d’être égoïste pour une fois. Parce que la personne la plus importante sur Terre, c’est toi. Et si jamais, par le plus pur des hasards, tu as peur, dis-toi que c’est dans les moments où l’on combat ce dont on a le plus peur qu’on a le plus de raisons d’être fier de soi. Alors, s’il te plaît, arrête de te mentir et achète-le ce billet dont tu rêves depuis que tu as lu cette phrase-là. Oui, je le sais que tu y pensais parce que j’y pense aussi.

Article rédigé par Élodie Beauvais

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