Le 4 juillet 2017, c’était il y a un an. J’ai écrit sur mon carnet de voyage, assise sur un siège du même aéroport que j’avais traversé quelques mois plus tôt en quittant mon pays d’origine pour m’envoler seule à l’autre bout du monde : nous sommes le 4 juillet 2017 et je rentre en France car je l’ai décidé. Tous les mois qui viennent de s’écouler m’ont enseigné une chose : celle de choisir MA vie. Nous sommes le 4 juillet 2018 et les mois qui viennent de s’écouler m’ont appris que cette affirmation est en fait bien plus difficile à appliquer au quotidien…
En retrouvant mes repères, ici en France, entourée de mes proches et de l’environnement qui m’a vue évolué, grandir, me frayer un chemin, cette affirmation a bien failli repartir aux oubliettes. Submergée par l’émotion d’un retour brutal au commun, au déjà-vu, à la familiarité et celle du détachement de l’année la plus riche de mon existence et du continent devenu ma deuxième résidence sur Terre, je devais faire face à l’incompréhension. Je ne comprenais pas ce qui se passait en moi. Je n’avais aucun mot, aucune phrase assez puissante pour exprimer mes ressentis. Rien pour décrire ce sentiment étrange d’avoir à abandonner tout son être et ce que j’avais cru être ma vérité. J’avais tellement changé. Ma perception avait changé. Tellement de choses ont changé…
Je n’explique pas cette peur irrationnelle de l’être humain à mourrir psychologiquement pour pouvoir renaître. À secouer la poussière, une bonne fois pour toute. À lâcher. Lâcher, lâcher… Je me le suis répété des centaines de fois, en boucle : lâche… Lâche tout et n’aie plus peur de ne pas savoir, de ne pas comprendre. Ce qui s’ouvre à toi n’est pas compréhensible avec ton mental. Ce n’est pas analysable, encore moins explicable. Ce qui s’ouvre à toi te dépasse à présent et tu en as peur. Rester identifiée à un scénario que l’on se raconte sans cesse est bien plus rassurant… Qu’en sera-t-il au fil des années ? Lorsque tu te regarderas évoluer dans tout ce décor dont tu n’as pas choisi les couleurs ? Elles auront pris les nuances de tes peurs, pour les apaiser un instant.
Cesse. Cesse de te raconter des histoires où tu contrôles tout. Tu ne contrôles rien. Éloigne-toi de ce qui ne t’appartient pas et reviens à ton instinct. Quelque chose de presque primaire. Ton intuition… Lorsque tu te mets à danser et à rire comme une enfant. Tu te souviens d’elle ? Cette petite fille lumineuse et pleine d’humour ? Elle a le droit d’exister. Elle a le droit ne pas savoir. De ne pas vouloir. Prévoir l’avenir, le planifier, faire ce qu’il faut pour « s’assurer ». Mais s’assurer quoi ? Laisse la libre, laisse la pleurer, laisse la jouer, pleurer, dire, aimer… Laisse la vivre aujourd’hui sans jamais connaître demain. Personne ne connaît demain. Mais chacun a la possibilité de connaître ses rêves. Les tiens sont bien plus grands. Et tant pis si ils ne collent pas avec les conventions, les idées reçues, les pensées toutes faites, les carcans familiaux, les chemins bien dégagés.
Que ressens-tu depuis un an ? Un an en apnée… Une année à faire taire le vacarme intérieur et renvoyer aux oubliettes l’affirmation la plus importante de ton existence : choisis TA vie. Mais choisir est bien plus subtil que ce à quoi tu t’attendais. Choisir suppose d’abandonner la peur. La tienne et celle du monde. Choisir suppose de reconnecter avec cette si minuscule chose mais si puissante à l’intérieur de toi qui te murmure en hurlant ce que tu sais déjà… Laisse la exister, elle est réelle. Elle a sa place. Tu as ta place.
Article rédigé par Charlotte Digiovanni
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