En visite sur la Côte-Nord, vous devez absolument visiter le complexe hydroélectrique de la Manicouagan, la Manic-5 ! Au nord de Baie-Comeau, quittez la 138 pour emprunter la 389. Quelque 214 kilomètres plus loin, on vous assure une destination grandiose ! En effet, rouler en pleine nature pour soudainement faire face au barrage Daniel-Johnson est une expérience en soi et un spectacle mémorable. Nous voilà époustouflés avant même que la visite ne soit commencée.

Que vous soyez à ses pieds, sur sa crête ou dans son antre, cet ouvrage gigantesque qu’est le barrage Daniel-Johnson vous procurera des sensations fortes. La visite gratuite offerte par Hydro-Québec dure environ deux heures. Elle comprend d’abord une session d’information de trente minutes sur l’historique de la construction des différentes installations et le fonctionnement d’un groupe turbine-alternateur. Ensuite, la visite de la centrale elle-même permet d’explorer la salle des vannes dans laquelle se situent les gigantesques conduites forcées qui contrôlent l’alimentation en eau des unités de production. Il s’ensuit une visite des galeries d’inspection du barrage, couronnée par un arrêt sur sa crête qui offre une vue spectaculaire sur le réservoir Manicouagan.

À défaut d’y être déjà, voici une découverte de Manic-5 en 15 points :

  • Le Barrage Daniel-Johnson est le plus grand barrage à voûtes multiples et à contreforts au monde; 
  • 13 voûtes et 14 contreforts font de ce barrage un ouvrage unique au monde;
  • La voûte principale du barrage Daniel-Johnson pourrait contenir l’immeuble du 1, Place Ville-Marie, à Montréal;
  • Le complexe devait être inauguré le 26 septembre 1968 par Daniel Johnson, premier ministre du Québec. Mais, après s’être rendu à Manic-5, M. Johnson est décédé d’une crise cardiaque pendant son sommeil, au cours de la nuit précédant l’inauguration officielle du barrage Manicaougan-5. L’événement fut donc annulé;
  • Un an plus tard, jour pour jour, l’inauguration est assurée par le nouveau premier ministre, Jean-Jacques Bertrand. Le barrage est alors rebaptisé Barrage Daniel-Johnson;
  • D’où vient le nom “Manic” ? Cette appellation vient tout simplement du nom de la rivière Manicouagan. En effet, doté d’une architecture unique, ce véritable témoin du génie québécois est encaissé dans la magnifique vallée de la Manicouagan. Saviez-vous que le nom “Manic” fut aussi donné à une voiture sport conçue et construite au Québec de 1969 à 1971 (“la Manic”) et qu’il fut au tournant des années 80 celui d’une équipe professionnelle de soccer de Montréal ? Bien entendu, la Manic est aussi une chanson fameuse de Georges Dor. La Manic ou l’alliance de la puissance, de la poésie et du génie québécois;
  • La longue promenade sur la crête du barrage est de 1 314 mètres, sa hauteur totale étant de 214 mètres;
  • L’ouvrage culmine à 366 mètres et a nécessité plus de 2 millions de mètres cubes de béton;
  • Avec autant de béton, on aurait pu construire un trottoir reliant le pôle Nord au pôle Sud;
  • Le complexe hydroélectrique de Manic-5 produit une puissance installée de 2 660 MW, ce qui le place en 3e position dans le parc de production d’Hydro-Québec;
  • L’hydroélectricité produite à la Manicouagan se rend dans les grands centres par 4 lignes de transport;
  • Pour construire le barrage, 12 900 travailleurs ont été à pied d’œuvre de 1959 à 1971;
  • C’est la chute d’un astéroïde, il y a 214 millions d’années, qui a creusé l’immense cratère qui est devenu le réservoir Manicouagan. Un cadeau du ciel !
  • Le réservoir Manicouagan contient 140 milliards de mètres cubes d’eau, ce qui en fait l’un des plus grands réservoirs d’eau douce du monde. Sa superficie correspond à deux fois et demie celle du lac Saint-Jean;
  • Fait cocasse : Manic-4 n’a jamais été construite, même si on avait dessiné ses plans. Au cours des travaux, on s’est rendu compte qu’il n’y avait pas d’espace suffisant entre Manic-3 et Manic-5 pour y ériger une autre centrale.

Le complexe hydroélectrique Manic-5 illustre, encore aujourd’hui, un indéniable savoir-faire mis en action par les ingénieurs d’Hydro-Québec et des groupes d’ingénieurs-conseils québécois et incarne une société qui prit définitivement en main le développement de son principal patrimoine : ses ressources hydrauliques, pour le mieux-être de la collectivité. Une fierté à aller admirer de vos propres yeux !

Article rédigé par Deux Québécois autour du monde

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