Comme j’entends encore parler de grossistes et de complexes hôteliers au soleil qui proposent de « nager » avec les dauphins en bassin, je me suis dit qu’il semblait aussi pertinent d’en jaser.
Ce rêve tant chéri se retrouve sur de nombreuses « bucket lists »! C’est le genre d’excursion qui est proposé depuis très longtemps via les hébergements en formule tout compris dans les Caraïbes ou ailleurs.
Mais est-ce que cette expérience est en fait réalisée la plupart du temps de façon responsable ou non? Est-ce que les voyageurs se vouant à cette activité sont vraiment conscients des impacts négatifs sur ces mammifères?
La réponse semble plutôt être négative!
La ligne est toujours très fine entre découvrir et mieux comprendre la faune (tout en finançant la recherche et la conservation) et la perturber. Avec l’information que nous avons en mains aujourd’hui – et encore plus quand il faut absolument repenser à sa façon de voyager post-pandémie à tous points de vue – nous devrions éviter cette expérience pour le bien des dauphins. C’est ce qui doit primer!
Voici un rappel sur quelques raisons de ne pas choisir de « nager » avec les dauphins en bassin :
Lors de la visite d’un parc marin ou d’un aquarium :
Nager avec les dauphins en captivité peut sembler amusant. Mais leur dure réalité est souvent cachée. Les statistiques ont démontré que l’espérance de vie de tous ces mammifères marins en captivité dans les parcs marins est considérablement raccourcie. Ces animaux si intelligents et sociables sont contraints de vivre dans des conditions de confinement artificiel, loin de leur famille. Certains y laissent même leur vie lors de la capture ou du transport dans les réservoirs ou bassins.
La capture
Les dauphins continuent d’être capturés dans leur environnement naturel, non pas car ils étaient en danger, mais plutôt dans le but de répondre à la demande croissante de voyageurs souhaitant vivre l’expérience de nager avec eux. Et on ne parle même pas des méthodes utilisées pour les capturer et les transporter souvent assez cruelles. Les dauphins capturés font déjà partie de populations menacées par d’autres activités humaines.
La vie en captivité
En captivité, les dauphins sont incapables de communiquer proprement, de chasser, d’errer et ils ont du mal à se reproduire. Le stress de leur confinement entraîne souvent des troubles de comportement et réduit leur résistance à la maladie et la mort. Ils ne peuvent pas échapper aux nageurs qui souhaitent à tout prix interagir avec eux souvent à longueur de journée. Certains démontrent des signes de détresse quand ils sont à proximité d’êtres humains. À noter que les bijoux peuvent aussi endommager leur peau délicate.
L’exposition et la pollution
De nombreuses installations gardent les dauphins dans des enclos sur la côte. Lors d’ouragans, les conséquences peuvent être bien sûr très graves pour ces mammifères dans ces enclos marins. La qualité de l’eau peut également être un problème, surtout lorsqu’elle est un peu plus stagnante dans les bassins. Ces derniers sont souvent trop peu profonds, exposant donc les dauphins au grand soleil. Souvent situés près des complexes hôteliers et des villes, les eaux peuvent également contenir des niveaux élevés de pollution.
Aussi mauvais pour les nageurs et plongeurs
Les dauphins sont des animaux sauvages et imprévisibles, même si bien formés. Une étude WDC a révélé de nombreux incidents de comportements agressifs de la part des dauphins envers les nageurs : morsures, égratignures, abrasions et même des os brisés. Les dauphins sont aussi porteurs de maladies qui peuvent être transmises à l’Homme. Étant bien puissants, ces derniers pourraient même entraîner les nageurs avec eux sous l’eau.
Malgré que cette expérience demeure sur la « liste de rêves à accomplir » de nombreux voyageurs, elle peut être décevante et loin d’être naturelle et authentique dans ces circonstances. À réfléchir !
Nager avec les baleines ou les dauphins sauvages – l’alternative?
Il n’y a aucune preuve scientifique que la « thérapie par les dauphins » est efficace. Il demeure qu’il est encore difficile d’assurer qu’elle ne représente pas une expérience intrusive ou stressante pour les dauphins.
Dans certains endroits, les dauphins sont régulièrement perturbés par des bateaux qui « abandonnent » les nageurs dans l’eau à côté d’eux. Plusieurs ont quitté leur domicile habituel en faveur des zones plus calmes. La perturbation de leur source d’alimentation et de repos a définitivement un impact à long terme sur leur santé et leur bien-être.
On dénote des exemples de blessures aux dauphins causées par les hélices des bateaux. Et sans parler du risque de devenir dépendants des humains pour la nourriture, comme certains exploitants de bateaux les attirent vers les nageurs en utilisant de la nourriture.
Comment admirer les dauphins… autrement?
Cependant, l’observation des dauphins en kayak par exemple peut être une alternative intéressante, offrant d’excellentes occasions de voir ces merveilleux mammifères dans leur environnement naturel.
Prioriser des entreprises étant membres d’associations sans but lucratif luttant pour la protection de la faune. Vos dons permettront aussi de poursuivre la recherche et fourniront une source de revenus pour les communautés côtières.
Pour en savoir plus sur les menaces qui pèsent sur ces dauphins solitaires et les risques liés à l’interaction avec eux, consulter le site web de l’organisme WDC.
La nage en cage avec les grands requins blancs, les raies manta et les requins-baleines dans tout ça ?
La nage en cage avec les grands requins blancs – comme en Afrique du Sud – est encore bien controversée. Mais le WWF et le Manta Trust ont mis sur pied un guide du tourisme responsable des requins et des raies à l’effet d’aider à trouver les meilleurs opérateurs qui mettent entre autres l’accent sur l’éducation, qui suivent des protocoles de sécurité clairs, qui n’attirent pas les requins avec des appâts et ne les manipulent jamais.
Même scénario avec la nage avec les requins-baleines (qui ne sont ni requin, ni baleine, mais plutôt le plus gros poisson au monde).
À surveiller de près!
Et qu’en est-il de la nage avec les baleines à bosse et les baleines minke?
Il est possible de nager avec les baleines à bosses entre autres à Tonga depuis plusieurs années déjà. Cependant, les avis sont encore très partagés et les témoignages des visiteurs démontrent que certains opérateurs ne respecteraient pas les règles. Par exemple de ne pas approcher une mère et son petit. Il faut donc vraiment bien s’informer avant de peut-être tenter cette expérience, certes inoubliable.
En Australie, la réglementation entourant la nage avec les baleines à bosse et les baleines minke est des plus stricte. Il faut laisser les baleines venir au bateau et aux nageurs… ou non. Le choix leur appartient. Est-ce qu’elles comprennent l’impact que ça peut impliquer? Peut-être pas complètement! Mais pour l’instant, les règles m’ont semblé être bien respectées. À suivre de très près!
La collaboration entre l’équipe de recherche du Minke Whale Project, dirigé par l’université James Cook et les opérateurs agréés Swim With Whale a permis d’élaborer des lignes directrices et un code de pratiques durables et responsables ainsi que des mesures de protection permettant une interaction sûre entre les plongeurs et les baleines en Australie. Le Minke Whale Project continue de rassembler des données et de poursuivre les recherches sur cette espèce de baleine non encore officiellement identifiée.
Je vous invite à devenir membre du groupe Facebook : Friends of the Minke Whale Project
Restez à l’affût car d’autres articles sur la thématique de l’observation de la faune de façon responsable sont à venir afin de pousser la réflexion!
Article rédigé par Ariane Arpin-Delorme
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