Voilà plus de six mois que nous vivons collés, serrés dans notre van… Nouveaux nomades parcourant depuis des mois les États-Unis du nord au sud et de l’ouest en est.  La belle vie quoi, le rêve de beaucoup, mais, derrière le côté glamour, celui de la liberté et de l’aventure, il y a l’intimité, le quotidien et surtout la vraie vie, celle de devoir partager un espace restreint de 21 pieds, je vous l’ai dit « collés serrés ». Surtout que mon chum n’est pas un format mini, un grand gaillard de 6 pieds, une belle pièce d’homme comme on dit. Moi, je suis un format de poche. Je me faufile facilement partout et m’accommode de peu de place. Un petit bout de femme de 5 pieds 3, ça se gère bien. Le défi à relever pour vivre un road trip heureux est de concilier l’espace et la bulle de chacun. Notre crainte était de se tomber sur les nerfs après quelques miles !

Ok, on est un « vieux » couple… ça fait 29 ans qu’on partage notre vie avec ses hauts et ses bas, ses joies et ses épreuves. On se connait déjà « un peu ». On a nos manies de petits vieux, nos tics et nos tocs. Un avantage :  on a déjà fait un bon bout de chemin ensemble et voyager pas mal sous toutes les formes mais, en van, c’est une première. Des semaines, des mois durant, cette nouvelle vie de nomade, c’est être ensemble 24 heures sur 24, manger ensemble, faire des activités ensemble, gérer la route et le volant ensemble (ça, c’est dur), dormir ensemble (ça, on avait moins de mal), se mettre à nu au sens propre comme au figuré. On partage tout, tout, tout. Le pire :  les odeurs de linge sale, les pieds qui puent, les vents d’après digestion… pas mal moins glamour hein ?!  Comme le meilleur : se créer des souvenirs uniques, partager des moments magiques, découvrir des lieux magnifiques, rencontrer des gens fantastiques. 

Pour vous préparer à vivre cette aventure qui vaut vraiment la peine et pour éviter que ça casse, voici nos cinq recommandations :

1- Gérer l’espace 

Voici selon nous le premier et essentiel critère à respecter. Éviter de se marcher sur les pieds et gérer l’espace. Souvent le salon est aussi la chambre à coucher et même la cuisine. Quand c’est le temps de popoter, impossible de se trouver à deux dans la cuisine. Alors prendre son mal en patience et attendre que l’autre ait fini ses affaires… de toute façon, dans ce rythme de vie, rien ne presse, n’est-ce pas ? Chez nous, c’est un vrai bal parfois, on valse à gauche à droite pour se laisser passer, une danse digne des plus grands chorégraphes. Ouvrir la porte de la douche si mon mec est dans le couloir… impossible. Alors passe mon chéri que je puisse me pomponner un peu.

2 – Communiquer 

Avant d’exploser, respirer et prendre le temps de communiquer nos frustrations. Tant de promiscuité, surtout pour des tourtereaux dans cette première aventure peut mettre à mal le ou la plus amouraché(e).  La goutte peut vite faire déborder le vase si la fatigue s’installe et les petites tensions ne sont pas évacuées. Pour éviter que le rêve tourne au cauchemar, parlez calmement, exprimez sans ton accusateur ce qui vous dérange.

Mais communiquer, ça veut dire aussi pouvoir garder le contact avec la famille, les amis. Vive les FaceTime, WhatsApp, Instagram, Fongo, Skype de ce monde ! 

3 – Avoir du temps pour soi  

Voyager à deux ne signifie pas forcément tout, tout, tout faire à deux. Chacun a son rythme, ses intérêts et ses envies. Besoin de silence, pas envie de bouger, vouloir en voir plus alors que l’autre est vidé, envie de lire, d’une promenade en solo… tout ça est légitime et tout à fait normal. Ne vous sentez pas rejeté si l’autre ne démontre pas toujours le même engouement que vous. On a veillé, durant ce merveilleux road trip, à respecter la bulle de l’autre. Souvent, on se posait la question, veux-tu faire ça seul(e) ? Le soir nous servait de pause, chacun prenant le temps de faire ses petits plaisirs : lecture, médias sociaux, tenue du journal, etc… avant de se recoller pour écouter film ou balado ou finir la soirée devant un beau feu. 

4 – Déterminer les tâches 

Un autre aspect essentiel est de déterminer qui fait quoi. La clé de la réussite d’un bon travail d’équipe. Nôtre répartition des tâches s’est faite spontanément de manière traditionnelle. Mon homme s’occupant des tâches reliées au van (vidange, eau grise, essence, etc.) et moi des tâches reliées à notre petit intérieur (cuisine, lavage, rangement, etc.). L’un et l’autre étant toutefois parfaitement capable d’assister ou de faire les tâches de l’autre. Bonne équipe, bonne communication ! Mais bien évidement, il y a des petits heurts sur la façon de conduire… dur, dur pour l’un et l’autre de ne pas prodiguer nos fabuleux conseils d’experts conducteurs quand l’autre est au volant. On travaille fort, fort là-dessus !

5 – Relativiser

En cas de crise et d’envie d’envoyer balader l’autre… respirer encore plus fort… tourner sept fois sa langue avant de parler et se demander si ce qui nous irrite est vraiment si GRAVE ! Et revenir au conseil numéro 2 : communiquer !

Après donc six mois de route dans notre bien nommée Licorne noire, on a passé le test et on a déjà hâte au prochain road trip. D’ici là, on continue de vadrouiller la planète et on s’envole vers l’Asie centrale pour plusieurs mois… Une autre aventure, un autre apprentissage. Plus riches nous rend le voyage, quelque soit sa forme.

Article rédigé par Deux Québécois autour du monde

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