La France, ce n’est pas que Paris ou le Mont-Saint-Michel. C’est aussi une multitude de lieux qui sortent des sentiers battus et qui vous feront découvrir une France authentique et haute en couleurs. La Trans-Ardennes fait partie de ces lieux.

Itinéraire de 80 kilomètres reliant Charleville-Mézières à Givet, dans le nord-est de la France, la Trans-Ardennes est un itinéraire « voie verte », c’est-à-dire une piste cyclable, ouverte aussi aux piétons, qui longe le fleuve de la Meuse. L’environnement est calme, reposant, extrêmement vert et très à l’écart de circuits touristiques traditionnels.

Personnellement, j’ai fait cette route à pied sur quatre jours et me propose ici de vous la présenter.

Sur le chemin

Un peu d’histoire

Tout d’abord un peu d’histoire.

La Trans-Ardennes, comme son nom l’indique, se situe dans les Ardennes. Les Ardennes françaises plus précisément. Car oui, il existe aussi des Ardennes belges et les deux territoires séparés par les aléas de l’histoire gardent des liens culturels très forts.

Le lieu est connu depuis l’Antiquité et était déjà réputé pour ses forêts et ses vallées encaissées le long de la Meuse.

Tour à tour espagnole, rattachée aux Pays-Bas, puis française, elle fut le théâtre de nombreuses occupations lors des multiples guerres entre la France et l’Allemagne.

Il faut dire que les Ardennes sont intéressantes à plus d’un titre. Tout d’abord, sa topographie particulière, faite de forêts épaisses, idéales dans les contextes militaires. Ensuite, les Ardennes étaient une région riche. Très riche même. La métallurgie, industrie présente depuis le Moyen-Âge, assura des heures de gloire aux Ardennes, auxquelles la Meuse participa amplement en assurant le transport des marchandises vers les grands ports du nord de l’Europe. Mais la chute de la demande en acier, associée au déclin du transport fluvial et à une conjoncture de crise, précipita les Ardennes dans une vive récession économique. Aujourd’hui, cette splendeur passée est visible tout au long du parcours : maisons cossues, témoignant de la richesse des entrepreneurs et industriels, vestiges industriels divers, etc… Ce patrimoine est maintenant exploité à des fins touristiques et culturelles assurant ainsi un sursaut et le renouveau de cette zone sinistrée.

Concrètement, sur la Trans-Ardennes, de nombreux panneaux explicatifs vous informent régulièrement sur cette histoire en mettant en lien les éléments les plus importants avec les lieux traversés.

Le début du parcours : Charleville

Le parcours de la Trans-Ardennes débute à Charleville-Mézières, ville connue pour être la ville natale du célèbre poète Arthur Rimbaud auquel un musée est consacré et pour son festival international de marionnettes qui a lieu tous les deux ans en septembre.

Ces deux raisons motivent très largement qu’on passe un peu de temps dans cette ville, mais d’autres attraits la rendent intéressante. La Place Ducale, le mont Olympe, la ville de Mézières ne sont que des exemples. Si vous aimez la bière, vous trouverez plusieurs lieux destinés à vous faire déguster les breuvages locaux, et ils sont nombreux. Charleville-Mézières est accessible en TGV (Train Grande Vitesse) depuis Paris en moins de deux heures.

Dormir au camping du mont Olympe peut s’avérer extrêmement judicieux. Tout d’abord pour sa situation idéale en bord de Meuse, un peu à l’écart du centre tout en en demeurant très proche. C’est un endroit calme et tout à fait charmant. Et ensuite parce qu’il se trouve sur la route de Montcy-Notre Dame où débute véritablement la Trans-Ardennes.

La Meuse, depuis la passerelle qui sépare le camping du centre-ville de Charleville-Mézières

La route en elle-même

Le dépaysement est très rapide. Très vite, une impression de calme s’installe, les nuances de vert et la tranquillité du chemin en plein parc naturel national des Ardennes contribuent très fortement à un sentiment de plénitude et de bien-être.

La route se déroule, ponctuée par les écluses et le passage des bateaux, dont les occupants ne manquent jamais de saluer le voyageur à terre, dans une espèce de rituel de cordialité tacite.

Seule la rencontre épisodique avec le train nous rappelle la modernité, ce qui en soi est un inconvénient mais aussi un avantage pour les personnes qui choisiraient de ne faire qu’un tronçon de chemin, la plupart des villages traversés étant desservies par une ligne régionale qu’il est possible d’emprunter avec son vélo.

En ce qui me concerne, j’aime marcher, mais j’aime surtout flâner. Du coup, j’avais organisé mon voyage en quatre étapes.

  • Charleville-Monthermé, 20 kilomètres
  • Monthermé-Revin, 20 kilomètres
  • Revin-Haybes, 15 kilomètres
  • Haybes-Givet, 25 kilomètres

Bien sûr, les cyclistes peuvent envisager de faire la route en une ou deux étapes.

Je voyageais avec ma tente light sur le dos et j’ai dormi au camping dans chaque ville étape. Monthermé compte plusieurs campings. Quant à Givet, la proximité de la centrale nucléaire de Chooz, que vous verrez en chemin, explique que les campings et hôtels de la ville soient pris d’assaut par des travailleurs temporaires. En cas de difficulté pour se loger, il est possible soit de revenir en train dans l’un des villages traversés ou bien, à Charleville-Mézières, de passer en bus en Belgique à Dinant par exemple, qui est une très belle ville et où il est possible de poursuivre la route le long de la Meuse, en suivant le réseau RAVel, l’équivalent belge des Voies Vertes.

Le camping de Devant-Bouvignes est très bien, très accueillant (il faut juste prévoir des bouchons d’oreille) et, bien sûr, côté belge, c’est bière-moules-frites au menu !

Petit matin brumeux sur la Meuse

Les conditions de voyage

En principe, je préfère marcher sur des chemins de terre que sur du goudron, mais la route se fait très bien. C’est plat dans un environnement quand même très vallonné, la Meuse se trouvant dans une vallée encaissée. À Chooz, juste avant Givet, cela monte un peu et la Voie Verte emprunte exceptionnellement la route départementale à partager avec les voitures. Sinon, le trajet est entièrement cyclable et piéton.

Chaque ville ou village présente quelque chose à voir ou visiter.

Nouzonville compte pas mal de restaurants.

Bogny-sur-Meuse et Monthermé offrent un patrimoine industriel digne d’intérêt et des promenades sur les collines avoisinantes. De là, on peut avoir des panoramas souvent époustouflants sur les boucles de la Meuse. Le Rocher des 4 Fils Aymon est, par exemple, un site qui combine randonnée, histoire et jolis panoramas.

Fumay est une ville associée à l’industrie de l’ardoise, cela se voit dans le paysage. Si vous aimez les sensations fortes, l’expérience TerrAltitude vous permet de voler au-dessus de la Meuse accroché.e à un câble ou de pratiquer le saut à l’élastique.

À Revin se trouvent plusieurs monuments, entre autres la Maison Espagnole qui est aussi le musée de la ville. George Sand, la célèbre écrivaine, a voyagé à Revin et s’est inspirée de ses paysages pour son roman Malgré Tout. Plusieurs randonnées vous mèneront vers des lieux mémoriels associés à la Deuxième Guerre mondiale ou des panoramas.

Haybes est une petite ville tout à fait charmante qui a hélas beaucoup souffert lors de la Première Guerre mondiale.

Givet est une ville où les monuments témoignent de l’histoire mouvementée de la zone.

Bon voyage !

Oui, c’est très vert

Article rédigé par Rosa Carmon

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