Il y a plusieurs années, j’ai pris la voie du voyage. Et depuis un certain temps, j’ai décidé de devenir nomade à temps plein. S’il y a bien une question qui revient souvent, c’est celle-là : « Mais qu’est-ce qui t’a poussée à partir voyager ? »

Tout a commencé parce que j’avais la trouille. La grande peur d’une adolescente pas prête encore à devenir jeune adulte. Faire comme tout le monde et entrer dans le cadre d’une vie trop conformiste me terrifiait. Et ayant toujours eu le goût de tout remettre en question, me laisser emporter par le train de la routine dans une société ou tout n’est que consommation et hyper-vitesse ne m’inspirait guère confiance. Partir loin en laissant tout derrière moi me paraissait bien moins effrayant qu’affronter la vie pleine de responsabilités de l’âge adulte.

Ayant ainsi fuit mes angoisses, j’ai découvert petit à petit différentes façons de voyager, et aussi d’envisager la vie. Je me suis rendue compte que je n’étais pas seule : quand on commence à voyager, quand on rentre dans ce milieu de baroudeurs, on prend conscience qu’on est loin d’être le seul à ne pas vouloir la vie conventionnelle que nous dicte la société.

On réalise aussi que vivre autrement ce n’est pas un rêve, que c’est tout à fait réalisable, mais qu’il faut l’assumer. Je me suis très longtemps sentie comme le vilain petit canard de ma famille, parce que j’étais la seule à n’avoir ni maison ni travail ni compagnon fixe. Au début, ça a été assez dur d’accepter ces choix et de prendre les responsabilités qu’une vie comme celle-là implique. Parce qu’on a trop tendance à penser que la vie bohème, c’est une vie libre, sans aucune responsabilité. J’ai d’ailleurs longtemps joué sur les deux tableaux, en revenant à chaque fois travailler en France, logeant chez ma mère. Mais à un moment, il a bien fallu choisir. J’ai été face au mur et j’ai finalement pris la décision de me lancer à cœur ouvert dans cette vie différente.

J’ai souvent réfléchi à rentrer de nouveau dans le cadre avant qu’il ne soit « trop tard » et que j’en sois totalement sortie. J’y ai bien pensé à trouver un emploi, un milieu qui me plaise et à faire carrière, tout en gardant les voyages à côté, comme un loisir. Car souvent, très souvent même, j’ai rencontré des gens qui ont remis mon mode de vie en doute. Qui ont peur pour moi et pour mon futur, alors que le leur n’est franchement pas plus sûr que le mien.

Mais après mûre réflexion, je me rends bien compte que je suis en train de faire ce qui me plaît vraiment. Je vis le bonheur. Pour quelles raisons devrais-je abandonner tout cela ? Pourquoi est-ce que je me contraindrais ?

Et puis le voyage offre tellement d’opportunités et de ressources. Le jour où je voudrai me « poser », je ne m’en fais pas pour moi. Les patrons auront toujours besoin de main d’œuvre. Je ne vais pas m’en faire maintenant pour un futur dont je n’ai aucune idée. Tout change tellement vite, tout, à commencer par moi-même et mes désirs, mes aspirations, mes horizons.

La clé, c’est d’accepter de ne pas savoir où l’on va, mais y aller avec détermination. Ne pas se faire d’idées sur son futur, c’est ouvrir sa porte aux possibilités. Ne jamais se contraindre, ni se contenter, pour vivre sa passion du voyage sans aucun regret.

Je sais que la vie vaut la peine d’être vécue, que le bonheur est accessible, qu’il suffit simplement de trouver sa vocation profonde, et de se donner à ce qu’on aime dans un abandon total de soi. La promesse de l’Aube, Romain Gary

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