Moi, je m’appelle Lucile et je fais le tour du monde en van, avec mon chéri Pierre-François. On partage toutes nos aventures sur notre blogue. Le problème, c’est que le voyage me crée parfois des crises d’angoisse ! C’est plutôt compliqué pour une grande voyageuse n’est-ce pas ?!
C’est compliqué, mais faisable. Surtout quand cette peur n’est que dans votre tête. Avez-vous déjà entendu parler ou déjà vécu de la spasmophilie (ou crises d’angoisse) ? Si oui, il vous sera facile de comprendre cette sensation inexpliquée : la peur et l’impression de mourir.
Le souvenir de la première crise intact
La première fois que c’est arrivé, je rentrais d’une soirée avec des amis. Je conduisais le van et d’un coup j’ai commencé à voir trouble. Un étau s’est mis à serrer de plus en plus autour de ma poitrine, puis mon ventre. Je ne pouvais plus bouger les bras et les fourmis qui parcouraient mon corps entier faisaient tressauter mes paupières. Je ne voyais plus rien. C’était il y a 5 mois et je m’en souviens encore comme si c’était hier. J’ai cru vivre mes dernières minutes…
Tout le monde peut être touché par ce problème. Et c’est même souvent les plus équilibrés d’entre nous qui y ont droit. Ou ceux qui ont beaucoup souffert plus jeune et touchent enfin au bonheur aujourd’hui. Ils ont donc peur de tout perdre. C’est un peu comme le mal de tête du week-end. Tout va bien la semaine quand nous sommes sous le stress et la pression et, dès que ça retombe le week-end, un gros mal de tête nous cloue au lit. Notre tête peut se mentir en se disant que nous sommes capables de nous dépasser, de repousser toujours nos limites. Mais notre corps, lui, ne ment jamais. Et si une douleur du passé semble être acceptée sans trop de maux, notre corps réagira à des situations qu’il estime dangereuses, car il n’a pas oublié.
Le passé est un abîme sans fond qui engloutit toutes les choses passagères ; et l’avenir un autre abîme qui nous est impénétrable ; l’un s’écoule continuellement dans l’autre ; l’avenir se décharge dans le passé en coulant par le présent ; nous sommes placés entre ces deux abîmes et nous le sentons ; car nous sentons l’écoulement de l’avenir dans le passé ; cette sensation fait le présent au-dessus de l’abîme – Christophe André
Les réactions du corps, qui vont souvent se traduire par des crises d’angoisse et un état anxiogène passager, nous donnent l’impression de tomber dans un trou sans fond. Notre poitrine se resserre, on a du mal à respirer, des fourmis envahissent notre visage et cela peut parfois aller jusqu’à la paralysie des membres. Et c’est là que la sensation de mourir arrive. Et cette peur entretient notre crise. Le cercle vicieux de l’angoisse commence et peut parfois mettre plusieurs heures à s’arrêter.
Comment réussir à allier voyage et peur de mourir ?
Avoir ce problème en voyage peut vite devenir handicapant. Nous en avons fait les frais pendant 1 mois en Croatie, Pierre-François et moi. PF me soutenait et moi j’avais régulièrement ces petits moments hors du temps. Ça pouvait arriver au moment de s’endormir, dans un endroit sans réseau, en randonnée, autour d’un verre, au resto… Bref, on ne savait jamais quand cela allait surgir. Et en discutant avec plusieurs personnes, on a pu constater que cela arrive à beaucoup de voyageurs (surtout des femmes).
Au début, j’ai eu très peur de repartir en voyage. Mais la chose à ne surtout pas faire quand ce genre de chose arrive, c’est de se replier sur soi-même. Vous nourrissez la crise, un peu comme on nourrit un animal pour qu’il reprenne des forces et puisse vivre, si vous la laissez vous envahir. Il faut se battre et se dire qu’on est plus fort que ça. Ça paraît facile à dire au début, mais je pensais ne jamais sortir du cercle infernal. Et finalement, avec de la volonté et en suivant de nombreux conseils, j’ai pu arrêter l’engrenage en quelques mois seulement.
Comment arrêter le cercle vicieux ?
Quel moment plus propice à la détente que le voyage ? Avec ces crises, c’était devenu tout l’inverse. Partir dans le van, savoir que je devrais rester dedans quelques heures le temps de la conduite, me faisait peur. Je me revoyais lors de la première crise et n’arrivais pas à passer outre. Il faut réussir à inverser la vapeur. Si le van, la route, ou tout autre endroit en rapport avec le voyage est devenu anxiogène pour vous, restez-y. Fermez les yeux et claquez la porte au nez de ce mal qui vous a envahit.
Le van était devenu un endroit un peu anxiogène pour moi en Croatie, car je faisais beaucoup de crises le soir, dans le lit. Alors, pour le voyage suivant (la Norvège), j’ai enchaîné les séances de sophrologie : 30 minutes avant de m’endormir, tous les soirs ! La vapeur s’est vite inversée et mon lit est redevenu un endroit confortable, comme il l’avait toujours été. J’ai vu que c’était possible, alors j’ai continué à me battre. Et Pierre-François a été d’un soutien incroyable. J’ai également mis en place d’autres astuces :
- La méditation, programme « lâcher-prise » avec Petit Bambou
- Le Yoga, programme pour apprendre à gérer sa respiration avec le livre du Docteur Coudron « Yoga Thérapie, soigner l’attaque de panique et l’anxiété »
- La lecture, avec « Et n’oublie pas d’être heureux » de Christophe André. Un livre capable de vous envoyer une bouffée de pensées positives énormes en quelques minutes.
- Le sport. Souvent, le sport devient compliqué car la peur du coeur qui bat trop vite et la fatigue qu’entraînent ces crises rendent ça compliqué. Mais il faut réapprivoiser son corps, et le sport est la meilleure façon de faire ça !
- Une bonne hygiène de vie. Sans vous dire d’aller vivre dans les bois, de devenir vegan et de ne plus boire ni fumer, restez raisonnable. Le sommeil, une alimentation équilibrée et une bonne dose d’amour aideront vos pensées positives à prendre le dessus.
- Connectez-vous à votre respiration régulièrement, plusieurs fois par jour. Inspirez par le nez, longtemps, observez ce petit filet d’air froid qui emplit vos poumons et expirez par la bouche. Notez l’air chaud qui sort de vos poumons et imaginez qu’il transporte avec lui toute votre anxiété. Gardez la main sur votre ventre et observez-le se dégonfler et se regonfler comme un ballon. Pendant que votre cage thoracique reste immobile. Faites l’exercice en fermant les yeux. La respiration permet de se reconnecter au moment présent. Et quand l’exercice est maîtrisé, il vous sauvera de plus d’une situations.
- Prenez le temps. D’observer, de ressentir, de respirer les odeurs, de noter les couleurs. Ne vous précipitez pas sur votre appareil pour prendre une photo. Appréciez l’endroit d’abord. Ne vous surmenez pas. Et au pire, si vous avez vraiment beaucoup de boulot, utilisez la méthode Pomodoro. Levez les yeux de votre écran, allez vers les autres, souriez régulièrement, offrez pour offrir et pour faire plaisir, appréciez chaque instant et vivez les choses avec l’intensité qu’elles méritent.
- Débarrassez-vous du superflu. Les gens qui ne vous apportent rien de bon (ou tout simplement rien du tout) ou le surplus de vêtements ou d’objets qui encombrent votre espace et votre esprit.
Tout ça est largement compatible avec une vie en van ! Prenez 1h30 chaque jour ou un jour sur deux pour pratiquer le yoga, la méditation et un peu de sport. Vous pouvez lire avant de dormir le soir ! Et ne vous découragez pas si ça ne fonctionne pas tout de suite. Mes premiers résultats se sont fait voir au bout d’un mois. Aujourd’hui, j’arrive à combiner une bonne hygiène de vie et une absence de crises totale. Et je profite de la vie autant qu’avant !
Si on a pu le faire, tout le monde peut le faire. Ce n’est pas parce qu’on ne s’en sent pas capable sur le moment que ce n’est pas possible. Vous n’allez pas mourir, personne n’est jamais mort d’une crise d’angoisse. Vous allez ressortir de là plus fort, c’est tout.
J’espère que cet article vous a plu et vous a donné des clés pour voyager avec ce problème, pour ceux qui en souffrent. Moi, ces astuces m’ont énormément aidée. Elles m’ont changé la vie et je vois les choses maintenant avec beaucoup plus de recul. Voyager, c’est toujours quelque chose de palpitant et d’inquiétant. Et les angoisses peuvent être nombreuses. Mais il y a aussi toutes les bonnes choses. Et heureusement, elles effacent vite les inquiétudes. On en parle sur notre blogue en vous racontant tous nos plus beaux road trips !
Article rédigé par Le Van Migrateur.
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Bonjour Lucile,
Ton article est inspirant et les conseils donnés peuvent l’être pour de nombreuses situations, ce qui est pratique. On pourrait ajouter de ne pas hésiter à en parler, un peu comme tu le fais au travers de ton blogue.
Pas toujours facile de dévoiler ses propres peurs… merci pour ton partage