On ne devrait pas voyager pour se créer un nouveau chez-soi ailleurs, mais pour dépasser ce besoin d’un chez-soi.
Chez-soi, “la maison”, c’est un lieu, mais aussi des choses et des habitudes rassurantes à portée de main. C’est également une entrave lorsqu’il s’agit de s’éloigner des chemins tracés.
Je propose ces idées qui sont les fruits de réflexions développées en voyage et au retour de voyages. J’aurais aimé qu’on me dise tout ça il y a quelques années. Mon état d’esprit a changé en voyageant, j’ai commencé à questionner la société dans laquelle j’ai été élevée et ses normes. Je me suis particulièrement interrogée sur la notion de sédentarité qui semble être la source de beaucoup de maux.
Le prix de la sédentarité
Pourquoi peut-on être dévasté lorsque l’on perd des choses? Ou lorsque l’on perd un emploi? Ce ne sont pas des personnes, comment arrive-t-on à y associer une sorte de lien affectif?
Si l’être humain a évolué jusqu’à choisir de vivre principalement de manière sédentaire, c’est que ce mode de vie doit mieux lui convenir. La sédentarité est pratique et sécurisante, mais le besoin de possession qui y en découle nous entraîne dans des mécanismes irrationnels.
Pour maintenir un niveau de vie, il est nécessaire de travailler. La peur de perdre sa source de revenus nous pousse à modifier notre comportement pour nous adapter, nous conformer à des postes et à des entreprises, même si ça nous amène à agir à l’encontre de nos convictions. De même, on ne part pas en voyage de peur de ne pas retrouver d’emploi convenable au retour.
J’ai fréquemment entendu des personnes dire qu’elles ne peuvent pas partir en voyage parce qu’elles sont bloquées par ce qu’elles possèdent. Que vais-je faire de mon appartement? De mes affaires? Il me paraît rationnel de vouloir rester proche des êtres qu’on aime, mais pourquoi s’empêcher de faire ce qu’on veut à cause de simples objets?
Je suis moi-même partie en voyage avec un sac à dos beaucoup trop lourd, handicapant. Mais je n’ai pas réussi à abandonner suffisamment d’affaires parce que j’y tenais. Il ne faut pas perdre de vue que l’on voyage en tant qu’individus. On ne part pas pour promener son sac et on ne revient pas pour retrouver ses affaires!
Ne pas confondre voyage et expatriation
Le PVT (Programme ou Visa Vacances Travail) a été imaginé pour offrir une chance aux jeunes de visiter un pays pendant un an (ou plus selon le pays) et d’occuper des emplois temporaires qui permettront de financer ce voyage. Alors lorsque vous partez en PVT, voyagez!
Vous ne partez pas pour retrouver une vie identique à celle que vous aviez chez vous, vivre seul dans un petit appartement, travailler dans la même entreprise pendant des mois, ne faire que ce que vous savez faire. Si vous vouliez partir, c’est certainement pour explorer, vivre l’aventure de se réveiller chaque matin dans un lieu différent, essayer de nouvelles activités et prendre des risques. Vous courrez le risque de vous essayer à un poste ou à une mission de volontariat qui ne vous conviendra pas, de ne pas trouver d’endroit où dormir un soir ou deux, de manquer d’argent à un moment donné, de devoir demander de l’aide à des inconnus. Aucun de ces problèmes n’est insurmontable.
Arrêter de chercher un chez-soi
J’aime ce passage du film Garden State écrit par Zach Braff où le personnage principal dit : “Tu vois ce moment dans la vie où tu réalises que la maison où tu as grandi n’est plus vraiment chez toi? Tout d’un coup, même si tu as un endroit où mettre tes affaires, l’idée de chez-soi a disparu. […] C’est comme être nostalgique d’un lieu qui n’existe même pas.” Et on tenterait toute notre vie de recréer cet endroit, pour retrouver le sentiment de sécurité qu’on y a associé.
A-t-on vraiment besoin de ce quartier général, cet endroit où l’on se sent bien? Le but final n’est-il pas de se sentir bien où que l’on soit?
Oubliez les lieux imaginaires et partez explorer des lieux nouveaux et bien réels!
Article rédigé par Anaïs Carreras
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