Tout quitter pour voyager. Laisser son job, ses études, son chum, sa famille… Allez, on quitte tout ça et on met les voiles. Excitant? Terrifiant? Un peu des deux je dirais, et pas forcément nécessaire. Non, il n’est pas nécessaire de tout quitter. Non l’université ne nous tient pas en laisse, notre employeur et notre famille non plus d’ailleurs.
La seule laisse qui existe est celle que l’on s’est installée soi-même. Sauf que de s’admettre cela, ça nous oblige à prendre nos responsabilités, et ça, c’est demandant.
Honnêtement, je l’ai fait. J’ai tout quitté. J’avais soif de découverte, je rêvais d’apprendre sur les différentes cultures, sur les différents peuples de ce monde et de voir comment les gens vivent ailleurs qu’en Amérique du Nord. Je rêvais de liberté et de dépaysement, alors je suis partie. J’ai vécu 3 ans presque 4 selon mon propre gré, sur les routes, libre comme le vent, avec comme seul bien le contenu d’un sac à dos de 48 litres. J’ai vécu des années absolument inoubliables durant lesquelles j’ai énormément appris sur la vie. Certainement beaucoup plus que si je m’étais enfermée dans une classe à l’uni.
Ces années à voyager dans des villages plus appauvris m’ont non seulement fait grandir, mais m’ont fait réaliser l’importance de l’éducation. Alors que beaucoup d’enfants de notre monde occidental ne rêvent que d’une paire de Stan Smith et du dernier Iphone, les enfants de ces villages ne rêvaient que d’une chose; apprendre à lire et à écrire.
Ce sont ces enfants d’ailleurs, ces petits qui n’avaient qu’un seul rêve, celui d’étudier, qui m’ont fait réaliser que nous avions beaucoup de chance que des gens se soient battus ici pour une éducation accessible. Ce sont ces adolescents pour qui il était plus facile d’entrer dans le narco-traffic plutôt qu’à l’école pour subvenir aux besoins de leur famille qui m’ont appris à être reconnaissante pour ce que j’ai.
Et mon ami mexicain qui lui a vendu tout ce qu’il possédait dans son pays pour tout investir dans des études au Québec et espérer une vie meilleure. Une vie que bien des gens n’osent pas rêver par chez-lui.
Ce sont ces gens qui m’ont ouvert les yeux.
Ils m’ont fait réaliser le privilège que nous avons ici de pouvoir s’éduquer facilement. Qu’avoir un toit, des vêtements, de la nourriture et de l’amour, c’est l’essentiel et que l’éducation est un énorme luxe que nous ne devrions pas prendre pour acquis.
J’avais vu, maintenant je souhaitais changer les choses. Créer des projets d’une plus grande envergure, partager mes expériences avec les autres et aider les pays dans le besoin. Et bien que la plupart des gens qui voyagent apprennent à être autodidactes, l’uni nous enseigne un truc qu’on ne développe pas facilement soi-même, la persévérance devant l’obstacle.
Parce que c’est facile de persévérer pour quelque chose qui nous fait vibrer, qui nous fait plaisir, ou que l’on aime, mais persévérer devant quelque chose qu’on trouve réellement difficile, ça demande beaucoup de courage et de détermination.
On ne peut comparer l’université avec le voyage. L’uni nous permet d’acquérir des connaissances théoriques et techniques alors que le voyage est l’école de la vie. C’est certain que c’est plus excitant de passer ses matins dans l’océan sous le soleil que dans une classe sans fenêtre à rouler sur le café. Mais au bout du compte, ce n’est pas l’université qui nous amène quelque part, c’est notre attitude par rapport à notre éducation qui déterminera notre chemin. Certains font des études pour se bâtir une carrière et d’autres, comme moi, vont simplement chercher les éléments dont ils ont besoin pour passer à la prochaine étape.
L’université ce n’est pas la vie, c’est juste une petite escale qui peut nous aider à atteindre de plus hauts sommets par la suite. C’est vite passé et n’oublions pas que ce n’est pas le diplôme qui fera de nous »quelqu’un », mais bien ce qu’on décidera de faire avec celui-ci. Et pour les amoureux du voyage, quoi de mieux que de s’ouvrir des portes pour obtenir un job qui nous paie pour faire ce qu’on aime le plus au monde, voyager?
Je crois profondément que de voyager est la meilleure façon de grandir en tant que personne, mais qu’il n’est pas obligatoire de le faire aux dépens de notre éducation. Ce que je veux dire, c’est qu’un n’empêche pas l’autre et qu’on peut très bien mélanger voyage et études pour bâtir notre vie de rêve.
La vie nous amène parfois sur des chemins dont on ignore la destination. Mais avec du temps et du recul, on finit par comprendre à quoi servent les détours placés sur notre route. Peut-être n’atteindrons-nous pas la destination prévue, peut-être bifurquerons-nous sur un autre trajet, quelle importance? Ce sont d’ailleurs ces détours qui font que notre vie est unique et, comme le dit si bien Ralph W. Emerson, « Life is a journey, not a destination ». Chaque expérience est là pour nous apprendre quelque chose et nous faire grandir. L’important c’est de sortir de sa zone de confort et, pour la plupart des nomades, la routine c’est notre inconfort. Si on peut apprendre du voyage, on peut aussi apprendre de la routine (tant qu’elle ne dure pas trop longtemps ;)).
Faites confiance à la vie et, surtout, permettez au voyage de vous transformer.
Je vous invite à visionner cette vidéo dans laquelle j’explique pourquoi j’ai décidé de voyager plutôt que d’étudier et pourquoi, après presque 4 ans sur les routes, j’ai décidé d’entrer à l’université.
Article rédigé par Élise Bernier
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