Aventureuse ou pas, organisée ou non : tu as le droit d’être toute l’une ou toute l’autre. Tu as aussi le droit d’être du type Mini-Wheats avec un côté sérieux et un côté givré. Voyager, c’est d’abord et avant tout pour soi, et tu peux être ta meilleure ou ta pire partenaire de voyage.

Le stéréotype

D’entrée de jeu, mettons quelque chose au clair. Vrai ou faux, être une « vraie de vraie » globe-trotteuse c’est de partir à l’aventure sans destination, sans endroit où dormir, avec deux chandails et trois paires de bobettes et sans billet de retour? Faux.

Quand tu pars, tu dois être bien. Plusieurs me décrivent comme « une grande voyageuse », une « globe-trotteuse ». J’ai peut-être le syndrome de l’imposteur, mais quand je me compare, je trouve que je n’ai pas vu beaucoup de notre beau monde. J’ai vu plus que certains, c’est un fait, mais j’ai aussi vu moins que d’autres. Je suis moi, Isabelle, la fille qui aime voyager. La fille qui aimerait que le métier de touriste existe. Il y a des gens qui trouvent vraiment « nice » que je sois une globe-trotteuse, parce qu’eux ne seraient pas « game ».

On va faire quelque chose tous ensemble. À GO, on laisse tomber l’image idéalisée de la globe-trotteuse qui ne craint rien, n’a besoin de rien et ne prévoit rien. Prêts? 1…2…3… GO!

Sommes-nous tous des globe-trotteurs?

Suis-je une vraie ou une fausse globe-trotteuse? Telle est la question!

Faisons les comptes.

Point « vraie » globe-trotteuse : je suis de celles qui aiment ne pas trop planifier d’avance. Je suis de celles qui aiment pouvoir décider sur un coup de tête de changer de pays, ou de ville, à la dernière minute. Je suis de celles que ça ne stresse pas trop de ne pas avoir réservé un endroit où dormir, parce que mes standards de qualité sont très bas : je peux dormir sur un plancher si l’auberge est pleine et je traîne mon liner (drap d’auberge) partout avec moi alors je n’ai pas peur de tes draps.

Sauf que, point « fausse » globe-trotteuse : j’aime avoir au moins mon premier hébergement transitoire de nouvel endroit et savoir comment m’y rendre. Je regarde aussi brièvement ce qu’il y a d’intéressant à y faire ou je prends des notes dans mon cell au fil de mes rencontres avec d’autres globe-trotteurs.

Point « vraie » globe-trotteuse : je voyage avec mon 55L parce que je trouve cela plus pratique qu’une valise.

J’aimerais te dire que je voyage hyper léger sauf que, point « fausse » globe-trotteuse : ce n’est pas le cas. Mon sac pèse souvent 15kg. Avec le temps, je réduis de plus en plus le volume de mon sac, sauf que je te mentirais si je te disais que je pars avec un 35L et que cela me suffit. Évidemment, tout dépend du type de voyage!

Point « fausse » globe-trotteuse : j’aime avoir un guide de l’endroit mais, point « vraie » globe-trotteuse, plus souvent qu’autrement, je ne fais que le traîner, parce que je décide de ce que je veux faire une fois sur place, au gré de mes découvertes et des commentaires d’autres voyageurs qui croisent ma route et la partagent parfois un brin. Ça, c’est moi.

On est tous des globe-trotteurs si on « trotte » le globe et, ce, peu importe notre manière de le faire.

Ce que je veux te dire, c’est de ne pas jouer à la bohème parce que ça paraît plus cool. Ton voyage t’appartient, il est à toi, et toi seule peut le rendre merveilleux ou cauchemardesque. Pourquoi vouloir faire quelque chose qui te rend anxieuse? Pourquoi te forcer à adopter un style de voyage qui t’insécurise? Un voyage c’est aussi l’occasion d’apprendre à se connaître parce qu’on est confrontés à diverses situations, mais ne pars pas en mode « gypsy » si tu n’es pas un brin « gypsy » dans l’âme.

Si ce que tu aimes de voyager c’est d’avoir une check list de choses à faire, de mets à manger et de lieux à visiter a-b-s-o-l-u-m-e-n-t: organise-toi pour tout cocher. Si ce que tu aimes c’est te lever tard et de te promener de parc en parc : enjoy! Si ce que tu aimes c’est un entre-deux : fais toi une check list avec des trous à combler à l’allure d’une dictée trouée!

Si tu préfères les hôtels de luxe aux dortoirs miteux, tu ne seras pas moins cool. Si tu préfères les restaurants à la bouffe de rue, tu ne seras pas moins cool. Si tu préfères avoir un itinéraire précis, tu ne seras pas moins cool. Fais ce dont tu as envie. On est au sommet de notre « coolitude » quand on est authentique et intègre.

Je t’encourage par contre à sortir de ta zone de confort aussi souvent que possible. Prendre des risques c’est, selon moi, plus souvent gratifiant que décevant. Sortir de sa zone de confort est, à mon avis, ce qui contribue le plus à notre épanouissement. Un guide improvisé que j’avais rencontré par hasard dans un restaurant de poulet frit à Yogyakarta m’a dit : « If you never try, you will never know! ». Et cette phrase me suit depuis ce jour. Ose essayer de nouvelles choses, ose repousser tes limites, ose voir la vie différemment, mais ne te force pas à vivre ton voyage d’une manière dont tu n’en a pas envie ou qui ne te correspond pas. Nuance importante ici. Tu peux avoir sincèrement envie d’être un type de voyageuse en particulier. Un type de voyageuse qui, au final, ne te correspond pas du tout. Tu le sais au fond de toi, écoute cette petite voix.

Rien n’est coulé dans le béton!

Sache aussi que ta manière de voyager peut, pour ne pas dire va, changer avec le temps.

La première fois que je suis partie en mode «backpack», j’avais 18 ans. Je passais deux semaines en groupe pour une randonnée pédestre dans les Alpes, puis deux semaines en Italie et en France avec deux amies. Comme premier voyage «seules», on se sentait rassurées de choisir d’avance les villes à visiter ainsi que d’avoir les coordonnées de nos hébergements (ok, ça pour être totalement franche…c’était surtout pour rassurer nos parents!). On s’était informées sur les must et on avait un guide pour le volet informatif de tout ce qui se présenterait sous nos yeux, parce qu’en Italie, tout ce que tu regardes a une histoire! Alors oui, on était des «jeunes» parties en « backpack », mais on avait tout de même organisé une partie de notre voyage et c’était correct comme ça. Certains nous trouvaient dont courageuses, d’autres ont du nous trouver « pas assez game ». Who cares?! C’est ton voyage, pas le leur. C’est ton temps, pas le leur. C’est ton argent, pas le leur. C’est ta vie, pas la leur.

Maintenant, je regarde toujours un tantinet ce que j’aimerais voir, faire ou goûter là où je vais, mais je ne réserve plus tous mes hébergements. J’informe mon entourage de mes gros déplacements, mais j’oublie souvent de donner des détails. Je reste parfois cloîtrée dans mon lit si j’ai envie de regarder des vidéos sur youtube même si « franchement, je devrais aller explorer les lieux ». Dans ma vie, j’étais du genre à détester ne pas être en contrôle de tout, mais étonnamment, en voyage j’avais un laisser-aller. Plus ça va, plus ce laisser-aller devient proéminent, au point où certains pourront me trouver « pas assez stressée ». Mais c’est mon voyage, pas le leur.

 Au fil du temps tu vas apprendre à te connaître, à te faire confiance, à reconnaître tes limites, à assumer tes envies, tes exigences, etc. Plus tu voyages, mieux tu voyages.

Il n’y a pas de manière de voyager mieux qu’une autre. Ton but c’est de prendre des photos d’absolument tout pour montrer à tes amis? C’est parfait. Tu ne prends jamais de photos parce que tu es plus occupé à regarder avec tes yeux? C’est parfait aussi.

Il y a une seule manière correcte de voyager: la tienne. Ne joue pas à plus aventureuse que tu l’es. Ose prendre des risques, ose sortir de ta zone de confort, ose confronter tes peurs, mais profite de TON voyage. Sois honnête avec toi et fais ce que tu as à faire pour vivre pleinement ton aventure.

Signée une « globe-trotteuse » gypsy sur les bords, organisée sur d’autres.

Article rédigé par Isabelle Sundara

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