Un voyage de plusieurs mois, c’est choisir les pays. C’est choisir les moyens de déplacement sur place. Train ou bus. A moins que ce soit l’avion. C’est comparé les prix. Une fois. Deux fois. Dix fois. Recommencer. C’est chercher une chambre. Ne pas trouver. Voir sur place. Réserver d’avance. Oui mais si ça ne va pas. Ne rien choisir. Rester une nuit. Ou deux. Déballer son sac. Le refermer. Essayer de le refermer. Négocier le tricycle. Négocier un peu plus. Être semi satisfait. Monter dans le tricycle. Découvrir. S’aventurer. Recommencer. Tout. Encore et encore.
Je suis essoufflée. De l’écrire. De le vivre, par moment. Oui je suis consciente de la chance que j’ai de le vivre. Ce que je m’offre. Mais aujourd’hui j’ai décidé de m’offrir un quotidien. Chaque matin je me réveille et décide de rester la nuit prochaine encore. J’ai étalé mes vêtements partout. Dans la chambre. Sur le fil à linge. Je ne fais rien. Je mange. Je me pose. Je nage, avec des tortues. Je me pose encore. Je dors. Je lis. Je partage du temps avec mes voisins. Après 5 jours de vie commune ce ne sont plus des voisins. Ce sont des colocs. Après trois jours dans un lieu, ma bipolarité prend le dessus. Je suis bien ici, mais je veux aller voir ailleurs aussi. Et bien aujourd’hui ma bipolarité n’a pas pris de place. Je suis là. Je suis bien. Je le vis bien. Ce que je ne vois pas, je ne sais pas que ça existe. Ça aide dans les moments de grands doutes de se le répéter.
Mes doutes aujourd’hui c’est soupe ou salade? Tortue à 11h ou 14h? Sieste dans le hamac ou sur le lit?
Être en voyage, c’est ne pas être dans les contraintes. Dans les obligations. C’est vivre comme bon nous semble. Et parfois le « comme bon nous semble » est cette recherche d’un peu de quotidien. De comme à la maison. Pour un temps, juste ce qu’il faut pour se recharger. Pour être ouverte entièrement à la découverte. Au nouveau. Pour le savourer à sa juste valeur, sans la fatigue, sans être blasé. Entièrement. Accepter que de ne rien faire est une activité en soi. Importante. Porteuse d’un voyage.
Je viens de passer six jours au même endroit. Même lit. Même plage. Et j’ai aimé. J’ai savouré. Ce n’était pas dans mes plans. J’avais prévu plus… on prévoit souvent trop. Je ne suis pas restée fixée sur mes projets. J’ai décidé de focaliser sur mes envies du moment. Au jour le jour. Sans rien attendre. À même espérer qu’il pleuve pour ne rien faire encore un peu plus.
Je suis dans le bateau de nuit. J’ai ramassé mes affaires, fermé mon sac, vérifié trois fois n’avoir rien oublié. Dis bye à mes colocs. Revérifié n’avoir rien oublié. Négocié le tricycle. Ai été moyennement satisfaite. Ai choisi le bus. Puis la jeepney. Puis la marche. J’ai acheté mon billet. J’ai repéré les prix pour manger, j’ai mangé. Embarqué dans le bateau. Je suis prête. Pour cette nuit au son de l’eau. Pour négocier le tricycle au port. Pour acheter un autre billet. Pour reprendre le bateau. Pour négocier le tricycle à l’arrivée. Pour poser mon sac. Le déverser. M’étaler. Me reposer. Manger. Nager. Surfer. Recommencer. 3 jours. 7 jours. 10 jours. Autant que je le sentirai. Sans forcer. Sans courir. Juste le vivre!
Article rédigé par Audrey Dugas.
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