Je me suis réveillée un matin en sentant ce vide profond dans ma poitrine. Un vide qui fait mal, très mal. La vérité, c’est qu’en me réveillant en sursaut ce matin-là, j’avais oublié qui j’étais. Oublié dans le sens que je ne l’avais jamais su, dans le fond. Sur un coup de tête, j’allais partir un mois en Inde. Seule. Mon copain n’était pas très excité à l’idée de me savoir vulnérable à l’autre bout du monde, mais il m’a tout de même laissée voler de mes propres ailes. Il l’a fait parce qu’il m’aimait, profondément. Pour moi, faire ce voyage seule était un énorme défi. C’était difficile parce que je laissais tomber tous mes repères pour vivre l’inconnu. Je n’avais pas la moindre idée de ce que j’allais tirer de ce voyage. Lâcher prise que ça s’appelle et faire confiance à la vie. Ça faisait deux ans et demi que j’étais avec mon copain. L’idée m’avait traversé l’esprit que nos chemins pourraient éventuellement diverger, mais je n’y croyais pas plus qu’il le faut à ce moment-là.

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Voyager en Inde m’a ouvert les yeux sur le monde. Mon expérience n’aurait pas été la même sans tous les gens merveilleux rencontrés sur mon chemin. Nombreux sont ceux qui vivent un véritable choc au retour de ce pays et j’en ai été victime. Tout d’abord parce que j’ai failli y laisser ma peau, j’ai été gravement malade et j’ai été hospitalisée à mon retour. Malgré tout, rien n’avait plus d’importance pour moi que de découvrir le reste du monde. J’avais cet immense besoin de repartir. Je ne sentais pas que j’avais ma place dans cette société et j’avais l’impression qu’elle ne connaissait rien à la vraie vie. J’ai alors décidé que j’allais réaliser mes plus grands rêves. Seule. J’avais envie de tout laisser tomber et c’est ce que j’ai fait, petit à petit. J’ai d’abord rompu avec mon copain. Ce fut l’une des choses les plus difficiles que j’aie eu à faire dans ma vie. Je me suis longtemps imaginé passer le restant de mes jours à ses côtés. Je suis encore persuadée que ça aurait très bien fonctionné entre lui et moi. Nous avions cette magnifique relation saine basée sur le respect mutuel et l’amour. Cependant, mon cœur n’était plus de la partie, il s’était évadé lors de mon dernier voyage.

J’ai par la suite décidé de mettre en suspens mes études de photographie au Cégep du Vieux-Montréal. J’avais l’impression que j’avais assez de connaissances et d’aptitudes pour me débrouiller dans le milieu. Puis, j’ai donné ma démission au restaurant où je travaillais et je me suis acheté un billet d’avion pour l’Inde. Cette fois-là, c’était un aller simple. J’étais décidée à repartir pour une autre aventure et je m’étais détachée de tous les repères qui m’entouraient. J’avais un visa de six mois. J’étais libre. Je fonçais vers l’inconnu à fond. Plus rien ne pouvait m’arrêter. Je ne voulais pas être de ceux qui mettent leurs rêves de côté et qui finissent par ne jamais les réaliser. Et, c’est exactement ce que j’ai fait. J’ai décidé de réaliser mes rêves les plus fous à dix-neuf ans. Il faut s’avoir savourer ses peurs et saisir les opportunités que la vie nous donne.

Article rédigé par Marie-Jade Morneau.

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