C’est d’un aéroport que je vous écris, celui de Stansted près de Londres, en attente de mon vol pour Fès au Maroc. C’est d’un aéroport que je vous écris, les nerfs à vif et l’estomac noué comme à chaque fois que je dois m’envoler. Et pourtant, je voyage, je suis sur les derniers miles de notre tour du monde. Des avions, ces derniers mois, j’en ai pris, des grands, des petits, des fiables et des moins rassurants et, à chaque fois, j’ai peur. Depuis août dernier, je dois gérer mon stress, ma peur, mes angoisses pour prendre ce grand oiseau de fer.
Ma passion, c’est le voyage. Le paradoxe d’une globe-trotter qui « freak » à chaque envol. Le plus étrange, c’est que les décollages et atterrissages ne me stressent pas et, pourtant, statistiquement, ce seraient les moments les plus critiques. Non, moi mon angoisse est en haut dans les airs. Peur des turbulences, de la chute libre, du pépin mécanique, du crash. Je sais, c’est complètement irrationnel, comme toute phobie.
C’est attablée dans un bar à siroter une bière que je me confesse à vous. Je me suis rendue loin pour oublier ces envolées aériennes. Allant à cacher aux miens cette peur qui bousillait mes entrailles. Le matin du vol, je ne pouvais plus manger, rien avaler, me rendant malade et si nerveuse que les toilettes ne devaient jamais être trop loin. J’ai combiné pilules et alcool, beaucoup d’alcool, avec, plutôt que des peanuts pour accompagner le tout, une bonne dose de cachets, au point de « perdre la carte » et de ne plus me souvenir de rien, d’oublier où j’étais et d’être malade en plein vol faisant honte à mon amoureux, surtout la fois où j’avais réussi à nous faire surclasser en business. La madame était pas chic pantoute ! Mais elle avait peur, très peur et elle est toujours stressée.
Aujourd’hui, je gère les doses de la petite pilule magique, celle qui me détend. Je réussis même à ne pas en prendre pour les vols de moins d’une heure, car la pilule me rend ramollo, zéro pour le reste de la journée. Mais au delà de trois heures, je ne peux pas encore gérer. Je dois m’assommer. Je prends donc la dose qui me permettra de m’assoupir sans toutefois anéantir mes réflexes. Aujourd’hui, je n’ai plus honte d’en parler et j’avise même, quand je voyage seule, le personnel de l’avion pour qu’ils le sachent.
D’où cette peur me vient-elle, comment est-elle apparue, me demanderez-vous ? Et bien, je sais exactement à partir de quand et pourquoi. Assez tôt, dès mon adolescence, j’ai pris l’avion et je n’avais jamais peur, au contraire, je m’en réjouissais. C’est lors d’un voyage au Mexique, avec une amie, alors que j’étais enceinte de mon fils, que la graine de la phobie s’est immiscée en moi. À jamais ? je n’espère pas…
C’est lors du vol de retour, Acapulco/Montréal, à l’époque où les hôtesses de l’air étaient assises devant vous lors du décollage et de l’atterrissage que tout à commencé. Ce fut un vol si turbulent que les hôtesses furent obligées d’arrêter le service et de s’assoir. Et bien, j’étais placée aux premières loges pour voir l’hôtesse de l’air en face de moi faire sa prière et constater que tous autour, passagers comme personnel en faisaient autant… et là, la peur m’a prise et elle ne m’a pas encore quittée.
Mais ce pourquoi je vous raconte tout cela, ce n’est pas pour vous empêcher de voyager, bien au contraire. C’est de clamer haut et fort qu’il faut apprendre à surmonter ses peurs ou du moins essayer de les accepter et poursuivre ses rêves, quoiqu’ils soient : voyager, créer ou oser se lancer en affaires. La peur paralyse. Je ne veux pas être clouée au sol. Je ne veux pas me limiter à mon continent alors que le monde offre des merveilles. J’apprends à gérer. Et on dirait que plus je voyage, plus la peur diminue progressivement. Affrontez vos craintes pour pouvoir les apprivoiser et les surmonter ! « Il n’y a qu’une seule chose qui rend un rêve impossible à réaliser : la peur ». -Paulo Coelho
Sur ce, je dois vous laisser, j’ai un avion à prendre et des merveilles à découvrir là-bas… à quatre heures de vol, au Maroc.
Article rédigé par Deux Québécois autour du monde
À lire également sur Nomade Magazine :