J’ai vécu ma première crise de panique après 2 mois au Pérou alors que je devais y être pour un an. J’ai pleuré toutes les larmes que mon petit corps retenait, inconsciemment, par peur d’avouer un échec. Je m’étais préparée tellement longtemps pour ce projet. J’avais reçu le support de tellement de gens pour cette aventure plus grande que moi; j’avais peur de décevoir. J’étais moi-même déçue de ne pas pouvoir surmonter ce sentiment de vouloir être chez moi, dans mon salon, sous une grosse pile de couvertures. Loin des klaxons de Lima. De voir le soleil malgré une température de -20°C (moi qui déteste le froid, j’avais juste envie de sauter dans un banc de neige comme quand j’avais 5 ans et la naïveté de voir l’hiver comme un monde féérique!).
Et je venais pourtant de passer de magnifiques vacances de Noël à Cusco. J’ai pratiquement visité toutes les ruines de la région (et même le Machu Picchu qui n’était pas sur ma liste !).
J’ai eu la chance d’aller faire des randonnées à Huaraz où j’ai expérimenté le mal des montagnes: des vraies montagnes ! J’ai vu un glacier pour la première fois de ma vie. J’avais le sentiment d’être à la bonne place…
Mais j’ai fini par comprendre que ça faisait des semaines que j’essayais de me convaincre que je finirais par me sentir mieux, que je prendrais ma place bientôt. Qu’une fois mon espagnol plus fluide, j’aurais davantage confiance en moi et mes idées à partager.
Ma réflexion a commencé par : « Je n’aime pas trop le projet mais il faut bien que je me laisse une chance de m’adapter ». « Il y a toujours la possibilité d’écourter mon contrat jusqu’en mai et retourner à l’université. »
Pour finir avec : « Pourquoi est-ce que je devrais attendre, si je n’ai AUCUN plaisir à être ici ? »
Je me suis aperçu que, si j’avais longtemps cru que la coopération internationale était ma place, je me reconnaissais beaucoup plus dans les projets à plus petite échelle. Et que l’environnement prenait de plus en plus de place dans ma vie et mes choix quotidiens. Qu’il fallait que je commence réellement à « être le changement que je veux voir dans le monde ». Et je voulais commencer maintenant, là où j’avais pleine capacité de tous mes moyens.
Alors j’ai pris la décision de revenir au Québec beaucoup plus tôt que prévu. Je me suis dit « tant pis pour ceux qui ne comprendront pas ma décision », mais je prends la liberté aujourd’hui de me choisir, moi. Pour ma santé mentale.
Je suis sortie de ma zone de confort pour m’en définir une nouvelle qui me représente mieux et je suis contente du chemin que je me suis tracé. J’avais vraiment hâte de partir et c’est sans doute pour ça que je suis déçue de revenir… J’avais peut-être mis la barre trop haute… Mais dans tous les cas, je ne regrette rien. Je veux réussir à accepter mon choix non pas comme un échec mais comme un fait, un simple chemin imprévu qui devrait m’amener plus loin.
De ces deux mois, j’aurai compris que je dois arrêter de voir trop grand et commencer à être plus attentive aux détails, à tout ce qui se trouve à côté de moi. Je ne m’y en attendais pas; je pensais avoir trouvé ma place dans ce monde. Mais cette expérience a changé bien des choses. Sans cette aventure, je serais surement encore en train de tourner en rond dans ma tête à chercher un projet plus grand que moi, pour me chercher encore plus loin. Je reviens beaucoup plus tôt, la tête haute, parce que j’ai décidé de m’écouter. Parce qu’on devrait toujours s’écouter quand vient le temps de parler de son bonheur.
Parce qu’on ne devrait jamais se sentir jugé de s’être choisi en premier.
Article rédigé par Marie-Hélène Baillargeon.
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