Comme toutes les petites filles, on s’est imaginées un jour se marier telles des princesses. Comme toutes les adolescentes, on a rêvé au prince charmant qui nous ferait de si beaux enfants. Comme toutes les jeunes adultes, on s’est acharnées à trouver notre voie pour se bâtir une carrière prometteuse. Et c’est à l’université, en gestion du tourisme et de la restauration, qu’on s’est rencontrées. À 21 ans, profitant d’une excuse pour repousser notre entrée dans le monde du travail de 9 à 5, on a décidé de faire notre activité d’intégration en analyse comparative au Mexique au lieu d’un stage en entreprise. Et le voyage est entré dans notre vie. Inconsciemment, les plans ont commencé à changer. Ça n’a pas été un méga bouleversement qui nous a changées du tout au tout, mais ça a fait naître quelque chose en nous, en plus de solidifier une amitié qui dure aujourd’hui depuis plus de 13 ans.
Voyager est devenu un rendez-vous. Deux meilleures amies, deux semaines, deux fois par année. Un voyage finissait, c’était l’heure de préparer le prochain. Pendant 7 ans, on a commencé à découvrir le monde, et sans vraiment le savoir, à se découvrir aussi. À découvrir la meilleure partie de nous, celle de l’ailleurs. Mais on se faisait dire : « Tout le monde est bien en voyage, tout le monde passerait sa vie en voyage, ce n’est pas une réalité, c’est une utopie ». Ce qui faisait du sens pour deux filles en couple, avec un emploi stable et des engagements financiers. Ça faisait du sens, mais ça sonnait faux.
Et quand on a eu 30 ans, ça a arrêté de faire du sens. Les rêves de petites filles ne correspondaient plus à notre réalité. De façon différente, on remettait en question nos emplois, notre vision du couple, notre urgence de fonder une famille, notre avenir… Non pas qu’on n’était pas heureuses, ou qu’on voulait tout laisser tomber parce que la réalité était insoutenable, mais il était temps de faire le grand saut. Et tranquillement, petit à petit, on s’est officiellement assumées en tant que nomades. On a décidé qu’on allait laisser cette partie de nous prendre le dessus, et qu’à partir de maintenant, nos actions et décisions allaient se faire en fonction d’un seul objectif : d’ici 2 ans, on partirait avec un billet aller seulement. Ensemble. On avait pour la première fois un vrai plan à long terme. Au même titre qu’un couple décide d’avoir un enfant, au même titre qu’une personne décide de changer d’emploi, au même titre que quelqu’un décide d’acheter une maison. Ça n’a pas été un coup de tête, ça a été un choix de vie. Ça n’a pas été du courage, car pour nous, c’est quelque chose qui va de soi.
Et comme toutes grandes décisions, ça a impliqué beaucoup de sacrifices. Sacrifices émotifs, financiers, matériels et professionnels. Et comme toutes décisions un peu marginales, ça a fait réagir! Soit ça impressionne ou soit ça confronte les gens. Rarement neutre. Et parmi les réticences de notre entourage, notre âge est ce qui a provoqué le plus de questionnement. Partir en « sabbatique » à 33 ans, ce n’est pas normal. Quel gâchis pour la carrière! Ça va hypothéquer les amours! Ça va être dur revenir à 35 ans avec tout à rebâtir! La réponse facile est : mieux vaut tard que jamais. La réponse honnête est que oui ça fait peur, oui ça met les larmes aux yeux de penser à tout ce qu’on laisse derrière, oui c’est difficile de réaliser tout ce qu’on va manquer, mais que tout ça nous effraie moins que ne pas foncer dans cette aventure. Pour nous, c’est la prochaine étape. Alors c’est à 33 ans, avec en banque plus de maturité, d’expérience, d’erreurs et de certitude, qu’on est parties vivre ce grand projet. Simplement de prendre cette décision et de l’assumer a été une grande leçon de vie. Et maintenant, 4 mois après le grand départ, notre vie, on la vit à fond.
Et le plus beau dans cette histoire, c’est qu’on vit cela ensemble. À deux. Rencontrer quelqu’un qui partage le même « wanderlust » que soi, au point d’en faire un mode de vie, c’est une chance inouïe. Car le voyage, bien qu’il permette la rencontre de gens partout dans le monde, ses racines obligent la distance et peuvent isoler. Partir avec la personne qui te connaît par coeur réduit cet éloignement. À l’étranger, dans le chaos des dépaysements, sacrifices et angoisses, l’autre devient un repère tranquille. Dans la beauté des découvertes, des émotions fortes et des dépassements de soi, l’autre devient un complice. Voyager seule est une expérience hors du commun, mais le faire à deux est extraordinaire, particulièrement avec sa meilleure amie. Car l’aventure ne se termine pas au retour à Montréal. Les anecdotes refont surface, provoquant des fous rires incontrôlables. Les « souvenirs Facebook » nous rappellent quotidiennement tout ce qu’on a vécu ensemble. L’autre est la seule personne qui comprend les références à certaines odeurs, goûts et scènes du quotidien. Avoir sa meilleure amie comme partenaire de voyage, ça embellit l’aventure, et ça la fait durer pour toute la vie.
Article rédigé par La Fois Que…
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