Parce que les au revoir, je ne les compte plus, parce que j’ai toujours cru que mes départs seraient les plus douloureux, parce que quitter la personne qui nous est la plus chère ne sera jamais facile…
Lorsque je repense à toutes ces fois où elle a dû se lever à des heures impossibles pour me permettre de réaliser de nouveaux rêves lointains et toutes ces fois où elle a dû ajouter de nombreux kilomètres au cadran de sa voiture pour m’amener à l’aéroport où se trouvent toutes ces portes menant sur le monde, une vague d’émotions monte en moi. Elle n’a sûrement pas demandé à avoir cet enfant avec qui elle peut compter sur une seule main le nombre de semaines ou de mois qu’elle peut voir son visage dans une année. Pourtant, cette situation, elle l’accepte, la vit et l’encourage.
Plus souvent qu’autrement, elle doit vivre mes voyages par le biais d’une photo apparaissant dans son fil d’actualité, d’une carte postale dans sa boîte aux lettres ou d’un appel surprise. J’ai toutefois l’impression que ces moments nécessaires et heureux cachent une douleur inévitable créée par nos deux vies parallèles.
Lorsqu’elle en a assez de cette distance et que nos bribes de discussions virtuelles ne suffisent plus, elle se décide parfois à se joindre à mon quotidien pour un moment. C’est alors qu’elle comprend réellement. C’est à ce moment qu’elle respire, découvre, apprend ma réalité. On profite alors de chaque seconde pour reprendre le temps perdu et se créer des souvenirs inoubliables, des souvenirs dont on pourra parler longtemps. Si l’on pouvait arrêter le temps, on le ferait!
Et puis vient le moment du départ. Cette fois-ci, ce n’est pas moi qui doit la quitter. Ce n’est pas moi qui doit tourner le dos et murmurer un dernier je t’aime avant de traverser de l’autre côté… Après tout ce temps, c’est finalement elle qui me laisse derrière et qui me fait sentir toute petite parmi toutes ces personnes réunies et souriantes que l’on aperçoit tout partout autour de nous. Elle comprend alors que partir n’est pas qu’une partie de plaisir et qu’il y a une tonne d’émotions qui accompagne ce rituel que j’ai appris à vivre le plus sereinement possible.
Elle comprend. Je comprends. C’est à mon tour de mettre le point sur l’émotion que je lis sur ses yeux avec lesquels elle me regarde chaque fois que j’ai l’impression de l’abandonner. Cette personne avec qui j’aime tant parler et passer du temps me laisse retourner à mon autre vie que je me suis créée. Elle me laisse vivre ce que j’ai à vivre avec tout le respect du monde tandis qu’elle retourne à la maison pour continuer à vivre sa propre vie.
Merci à ma mère de toujours avoir été là et d’accepter mes aventures autour du monde aussi longues et aussi folles qu’elles puissent être! On oublie souvent de remercier cette personne qui a su nous supporter et nous encourager tout au long de notre cheminement et qui, lorsqu’elle le peut, se fait un plaisir de venir se joindre à nous pour comprendre davantage, sortir de sa zone de confort et vivre de nouvelles expériences grâce à notre mode de vie développé par notre esprit nomade. Merci à tous ces parents qui n’ont jamais osé ralentir leurs enfants à vivre leurs rêves même si ceux-ci peuvent parfois sembler farfelus. Merci de comprendre notre besoin de parcourir le monde et d’accepter ce moment déchirant que sont les au revoir!
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