Suite à mes voyages dans certains des pays les plus pauvres du monde, Bolivie, Équateur et nouvellement le Kyrgyzstan, une chose me saute rapidement aux yeux. La dernière génération du XX siècle de ces pays n’a plus grande difference avec celle du reste du monde. L’aire des nomades du Kyrgyzstan ou encore le chapeau melon et le poncho sud-americain se voient transformés en blue jean taille basse, chaussure de marque occidentale et casquette plate à sticker doré.

Pouvons-nous dire que les voyages de dépaysement culturel en arrivent à leur fin ? Il faut dire que les pays en voie de développement reprennent rapidement leur retard. Suite à un éveil dans le commerce international, il est plus facile de copier ou d’acheter que d’innover et de créer. Ça se voit au Kyrgyzstan avec un taux de croissance à 6.2%, Ouzbékistan à 7.8% pour 2017* alors que la triste zone euro en arrive à 1.7% avec, comme tout le monde le sait, des disparités énormes. Alors que les pays occidentaux n’arrivent plus à lancer leur économie, les pays qu’ils osent déclarer « du tiers monde » les rattrapent à grands pas.

L’uniformisation socio-culturelle dans la globalisation prend donc ses marques, créant tout simplement une zone commune appelée monde au passé différent et à une perspective d’avenir en commun. Fini les soupes aux pattes de poulet en Équateur, la viande de dromadaire au Maroc et bonjour le Burger King en Russie, le KFC au Kyrgyzstan, Lacoste au Venezuela, L’Occitane en Provence en Iran. Pour tout cela, devons-nous devenir réactionnaires et se dire que la génération future, celle de nos enfants ou petits enfants, ne pourra plus découvrir ce que représente vraiment le multiculturalisme?

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Quito : le marché central

J’ai un sentiment plutôt mitigé par rapport à cela. Premièrement, tout le monde n’est pas ouvert sur le marché mondial à la même vitesse, que cela soit sur une échelle macroscopique d’un pays et de ses régions. Les villes se retrouvent globalement moteurs de cette croissance et uniformisation alors que les campagnes elle se trouvent à quelques allures derrière restant dans un traditionalisme plus difficile à faire tomber étant donné une interconnectivite économique et multiculturelle moins forte. Mais sur un plan plus global, certaines régions du monde se voient encore remparts à l’uniformisation. Je voudrais citer là le monde arabe qui, par un traditionalisme encore très fort, fait bloc aux nouvelles coutumes de consommation de l’Occident, bien que, comme tout mur, son efficacité et le temps qu’il tiendra encore debout restent à débattre.

Il est possible donc que tout cela ne soit pas si rapide et que certaines spécificités tendent à rester. De plus, il faut prendre aussi en considération le facteur historique de chaque pays ainsi que le facteur culturel qui demeurent dans le vieux continent comme une base forte, capable de modeler le futur globalisé et de lui faire prendre des couleurs différentes. Prenons un exemple assez fort ; même si, sur l’échelle de la globalisation américaine, le Canada joue dans le peloton de tête, de plus près, le passé de ce dernier modèle le visage que son voisin voudrait lui faire prendre.

Pour conclure, bien que, dans le futur, les diversités culturelles ne seront plus aussi fortes que ce qu’elles furent, nous pouvons dire que, malgré tout, un monde rempli de différentes couleurs continuera d’exister.

*Banque mondiale du commerce.

Article rédigé par Bastien Villegas

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