Partir… tout quitter. Qui ne s’est jamais demandé ce qu’il ressentirait en cet instant. Personnellement, je l’avais souvent rêvé. Ce moment où l’on abandonne tout, afin d’être pleinement qui l’on est, au lieu de rester être ce que les “autres” attendent que l’on soit.
Il y a en chacun une urgence de vivre, que l’on endort plus ou moins. Pour ma part, elle s’est réveillée quand tout a failli s’arrêter. « ET SI? » Aurais-je vécu ce à quoi j’aspire?
Partir à l’aveugle, pour goûter la saveur suave de la liberté. Est-ce la bonne décision? Aucun de nous ne le sait. Est-ce fou? Certainement. Mais par rapport à quoi? Les fous ne le sont que par rapport à une norme. Pour eux-mêmes ce sont les autres qui sont fous.
À cet instant, tu assumes cette folie ou cette raison selon le côté où tu te places.
Prendre le minimum nécessaire. Ne pas s’encombrer du superflu, conseillent les nomades aguerris. Ce qu’il y a de bien avec ce conseil, c’est qu’il s’applique aussi bien aux chaussettes qu’aux idées…
Un pull pour ne pas avoir froid, un short pour ne pas avoir chaud, une photo, un souvenir d’où l’on vient pour nous éclairer davantage sur le chemin où l’on va. Et regarder le sol de son chez soi disparaître sous les nuages, sans savoir encore que, chez soi, ce sera désormais le monde.
Ma liberté, longtemps je t’ai gardée comme une perle rare, liberté, c’est toi qui m’a aidée à larguer les amarres
Ne vous êtes-vous jamais assis devant une vue imprenable, laissant vos pensées vous transporter ailleurs? Cet ailleurs où vous voudriez être. Avec cette impression que vous n’êtes pas à votre place, que vous êtes hors du moule? Lorsque vous êtes assis devant vos dossiers, jonché sur votre siège de bureau, votre esprit ne vous fait-il jamais prendre l’avion?
Eh bien, lorsque devant vous s’étend un lac turquoise sans fin, sous la proue orangée d’un bateau japonais, il n’y a pas d’ailleurs. L’ailleurs est ici sous vos yeux, et le nulle part est partout.
C’est à cet instant qu’il est réellement possible de se connaître.
Laisser défiler la pellicule du film de nos pensées, nos souvenirs. Non pas en les contrôlant, mais en s’en délectant popcorn à la main. C’est là, lorsque la lumière se rallume dans la salle, irradiant sur une nature que l’on n’aurait osé rêver, que le déclic se crée. C’est là, que tu fais ta connaissance. Et ce n’est que l’une des nombreuses rencontres qu’il te sera donné de faire lors de ton aventure.
Pour aller n’importe où, pour aller jusqu’au bout des Chemins de fortunes, pour cueillir en rêvant, une rose des vents, sur un rayon de lune
Si vous me demandez ce qui nous retient, je vous répondrais qu’à mon sens ce sont deux peurs viscérales que nos mutations bien loin de nos ancêtres nomades ont aidé à développer.
L’INCONNU, LA SOLITUDE.
Il n’est pas plus grande peur que de ne pas entrevoir ni le chemin devant nous, ni sa destination.
Le sans filet. Voila probablement pourquoi l’Homme achète une maison à crédit sur vingt ans, se marie et fait un enfant à ses 22. Pour avoir l’illusion que, pour les 20 années à venir, il a au moins une idée globale du chemin qu’il suivra. Un filet qui n’est qu’imaginaire, tu t’en doutes.
Si nous parvenons à l’acceptation qu’il n’y a pas de connu et que c’est finalement là toute la merveille de la chose… Le soleil ne cessera de se coucher sur des dunes de souvenirs et de se lever sur des océans de sourires.
La solitude effraie quand à elle, mais c’est elle que l’on cherche quelque part à conquérir. Apprécier sa solitude, c’est apprécier sa propre compagnie. Ce qui, il faut l’avouer, est au combien plus aisé lorsque l’on plonge son regard dans celui d’une tortue centenaire dans l’océan Pacifique, ou encore lorsque l’on explore les merveilles aux couleurs volcaniques de la Nouvelle-Zélande.
Qui plus est, nous ne sommes jamais entièrement seuls. Nos proches gentiment rangés comme un mouchoir dans la petite poche de notre cœur.
Ma liberté, tu as su désarmer toutes mes habitudes, liberté, toi qui m’a fait aimer même la solitude
Ce sont les souvenirs que nous emportons dans l’autre monde. Pas notre dernière voiture, pas notre dernier sac à main… Lorsque j’ai survolé la Grande Barrière de corail australienne offrant des millénaires de couleurs et de pureté, j’ai versé une larme derrière la fenêtre du vieux coucou qui nous transportait. Que vais-je emporter dans l’autre monde? Je n’ai pas encore la réponse, mais ceci en fera certainement partie.
Être nomade est une chance incommensurable. Une chance qui n’en est pas une. Elle exige des sacrifices, qui en valent infiniment la peine. Elle est des chances qui se provoquent.
À toi qui a toujours ressenti l’impression d’être “hors du moule”, probablement le moment est-il venu de réaliser qu’il n’a peut-être tout simplement jamais été le bon. Et que le tien t’attend quelque part, pour que tu t’y sentes enfin “chez toi”, LE MONDE.
Ose être heureux d’être libre. Tu n’auras plus jamais peur de l’être.
Source chanson: Ma liberté – Georges Moustaki
Article rédigé par Lauriane Gele.
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Très bel article. Ça donne envie de passer le cap et ça rassure, car toujours en tissant son « filet de sécurité » on se rassure grace à l’expérience positive de l’autre. Merci !
Parfait, je n’aurais pas mieux dit! Merci pour ta clairvoyance 🙂