Un besoin affirmé. J’aurais aussi pu écrire un besoin criant. Mais de quoi s’agit-il? Lorsque j’étais à l’université en géographie, on disait souvent qu’on faisait des « overdoses de béton ». Overdoses. De béton. Dans une ville comme Québec, c’est assez surprenant! Québec est une ville calme avec de beaux espaces verts et des fleurs partout l’été. La nature se trouve à deux pas de nous, que l’on parte de Sainte-Foy ou du Petit Champlain! Et pourtant, on faisait souvent des « overdoses de béton ». On ressentait le profond besoin de s’évader en nature, loin de la ville, là où on serait guidés par le soleil et emplis d’odeurs de forêt et de paysages à couper de souffle. On étudiait en géographie physique (environnement), pas surprenant que le besoin de nature se faisait aussi présent!

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Ce que je n’avais pas soupçonné, c’est que je manquais de beauté. C’est lors de mon premier voyage en solo que je m’en suis aperçue. C’est grâce aux paysages fabuleux de l’Écosse, aux couleurs du Portugal et à la diversité de l’Islande que je m’en suis rendue compte. Un jour, du haut d’une montagne, devant un paysage dont j’avais tant rêvé (et peut-être jamais pensé que j’y serais un jour en vrai), cette conclusion m’a sauté aux yeux. Je manquais de beauté. Mais pas seulement de beauté esthétique! Je m’ennuyais de trouver les choses belles.

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J’ai toujours eu un tempérament contemplatif. Peut-on parler de tempérament? Ce trait de personnalité qui me donne des envies furieuses d’être dehors au grand air, qui me rend nostalgique devant un coucher de soleil, me donne envie de m’arrêter trop longtemps en randonnée pour humer les bonnes odeurs de forêt ou ne plus vouloir laisser derrière un paysage qui me fascine. En voyage, en solo de surcroît, j’avais tout le loisir de m’abandonner aux paysages. Rester longtemps devant un coucher de soleil à écouter les vagues calmes heurter le quai en bois où je me tenais, apprécier le vent du haut d’une montagne, passer des heures à regarder l’océan infini. Bon, ça fait très sentimental tout ça! Pourtant, c’est là que j’ai réalisé à quel point la beauté avait une importance dans ma vie. À quel point j’avais besoin, chaque jour, d’avoir une dose de beauté.

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C’est peut-être là, du haut de cette montagne en Écosse, qu’ont commencé à germer toutes ces idées de photoreportage. De pouvoir voir et avoir de la beauté chaque jour et de pouvoir en montrer aussi. Partager cette beauté, la vision que j’en avais, pour mettre une dose de « wow » dans la vie des gens, jour après jour. C’est peut-être aussi là que j’ai réalisé que le voyage pouvait se continuer, même une fois revenue à la maison. Que même à Québec, en allant du point A au point B quotidiennement, la beauté pouvait se trouver partout sur mon chemin. Qu’il n’en tenait qu’à nous de continuer à trouver les choses belles. De continuer à trouver la vie belle. Quelle jolie leçon! Le voyage est une magnifique école: le terrain, l’école de la vie! Il nous permet de nous recentrer sur nous-même, mais surtout sur les autres, pour pouvoir mieux avancer par la suite. Combien de leçons pourrai-je encore apprendre? Cent mille au moins, et peut-être plus encore!

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Et vous, quelle belle leçon avez-vous apprise en voyage?

Article rédigé par Mathilde Crépin-Bournival.

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