Je voyage depuis plusieurs années. D’abord avec des amis et, depuis maintenant quelques temps, en solo. J’aime beaucoup cette façon d’aborder le monde : seule, mais sans vraiment l’être, ouverte au monde, un peu à la merci des éléments, mais, surtout, à l’affût des belles et nombreuses rencontres que je fais sur mon chemin. Et spécialement, j’en profite pour être profondément ancrée sur moi-même, mes besoins et mes désirs : la connaissance de soi.

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J’ai fait un très beau voyage il y a quelques années qui m’a menée à sillonner l’Europe d’ouest en est, d’est en ouest, du nord au sud et du sud au nord, avec une magnifique finale d’un mois et demi en Islande. Que de péripéties! Je n’oublierai jamais à quel point je m’y suis sentie libre, vivante, mais aussi de plus en plus conscientisée face aux différentes réalités du monde.

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Ce voyage, bien que magnifique, m’a donc amené de nombreux questionnements. Dont le suivant : Est-ce égoïste de voyager? Et si oui, est-il alors possible de le faire en parfaite harmonie avec l’environnement et les communautés visitées? Est-il possible d’être utile en voyageant et de laisser une trace positive de notre passage?

DSCF6214Je suis géographe. La géographie a ces qualités de nous ouvrir sur le monde, de nous donner des envies féroces d’aventure et de bouts du monde et, surtout, de nous offrir un énorme bagage de connaissances qu’il revient à nous, en sortant de l’université, d’utiliser à bon escient. Je connaissais donc déjà le tourisme durable et quelques-unes de ses déclinaisons telles que l’écotourisme, le tourisme communautaire et le tourisme solidaire pour les avoir étudiés au baccalauréat et à la maîtrise. Je connaissais également des initiatives telles que le couchsurfing (que j’ai utilisé lors de ce voyage en Europe) et le WWOOFing. L’année suivante, je suis donc partie travailler quelques mois à Hawaii, sur une belle petite ferme biologique à Kona, histoire de mettre à profit mes compétences et mon énergie tout en voyageant. J’ai adoré! Tellement que j’y suis retournée l’année d’après. Le rythme de vie et le « je-prends-le-temps-d’admirer-la-vie » me manquaient cruellement.

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Il est cependant force de constater qu’il n’est pas toujours possible de partir plusieurs semaines (certaines fermes demandent un séjour minimum), voire quelques mois, notamment en raison des obligations professionnelles. Comment faire alors pour que nos séjours plus courts soient utiles, durables et positifs?

DSC_0156 2C’est en cherchant pour des idées de voyage que je suis tombée sur le tourisme villageois créé par une jeune entreprise de Québec basée à Cap-Rouge, Village Monde. Cette startup m’intriguait avec son concept de tourisme villageois. Le tourisme… villageois? Même si le nom dit bien qu’on doit s’attendre à visiter des villages, il ne dit pas à quel point ce type de tourisme est axé sur les retombées économiques positives pour les villages visités. Combien d’emplois seront créés? Combien d’initiatives locales d’artisanat seront-elles encouragées? Combien de gens profiteront durablement de ces efforts? Les possibilités sont vastes! Le nom ne dit pas non plus combien d’efforts sont mis, par l’équipe de Village Monde et en collaboration avec des partenaires à travers le monde, pour construire des hébergements qui seront uniques et sécuritaires, mais surtout, qui donneront envie aux voyageurs d’y passer plus qu’un moment. Il ne parle pas non plus de la mise en valeur du patrimoine immatériel des communautés visitées (c’est-à-dire du patrimoine intangible, ce qui me rejoint personnellement puisque je l’ai étudié à la maîtrise) par la découverte et la transmission des connaissances des villageois vers les voyageurs. Le patrimoine qui, par l’histoire, la musique, les fêtes ou encore l’architecture, permettra de faire vivre et de partager ces cultures et leur diversité vers leurs propres générations, mais aussi vers nos sociétés. Et elle est là, l’utilité de voyager ainsi : contribuer à améliorer la qualité de vie des villageois grâce à notre passage, à les pousser vers une plus grande autonomie, mais aussi à participer à diffuser des cultures pour qu’elles vivent, bien au-delà de nous.

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Article rédigé par Mathilde Crépin-Bournival.

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